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Jean-Noël Humbert : «Les revenus du sucre devraient augmenter à Rs 8,1 milliards»

17 août 2011, 10:32

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Le directeur du Syndicat des sucres donne des indications sur la campagne sucrière et sur les attentes au niveau des revenus.

? Comment se présente la campagne sucrière en cours en termes de volumes ?

Selon les premières estimations, nous allons connaître une baisse de 14 % de la production par rapport à la campagne précédente. Nous devrions ainsi produire 390 000 tonnes contre 453 000 tonnes l’année dernière. Mais la différence avec 2010, c’est que pour cette campagne, nous allons uniquement produire du sucre raffiné et des sucres spéciaux. En 2010, nous avions encore à exporter quelque 82 000 tonnes de roux pour être raffiné en Europe.

? Qu’attendez-vous au niveau des revenus ?

Nous allons exporter du sucre blanc et des sucres spéciaux, c’est-à-dire des produits à plus forte valeur ajoutée. Auparavant, quand nous vendions notre sucre roux aux raffineurs à l’étranger, nous ne partagions pas la marge commerciale réalisée par ces derniers. Avec l’accord établi avec Sudzucker pour l’exportation de sucre raffiné, nous sommes en mesure d’obtenir le partage de cette marge. En outre, les prix européens sont actuellement supérieurs à ceux de 2010. Ces deux éléments vont nous permettre de maintenir les revenus et expliquent la hausse de l’«ex-syndicate price» payable aux producteurs.

Selon une première estimation, nous allons pouvoir offrir aux planteurs un prix de Rs 15 000 la tonne contre Rs 13 535 en 2010 et Rs 14 612 en 2009. Sur une base FOB (prix free on board ne comprenant pas les coûts du fret et des assurances, NdlR), les revenus de la filière sucre devraient s’élever à Rs 8,1 milliards cette année contre Rs 7,8 milliards en 2010. Le revenu total en équivalent euro, toujours sur une base FOB, devrait s’élever à 199,1 millions d’euros contre 200,1 millions en 2010. Nous enregistrons quelques gains de changes grâce à nos opérations de couverture mais nous espérons que la roupie ne va pas s’apprécier davantage. Il semblerait qu’une baisse de l’investissement direct étranger pourrait nous permettre de maintenir le taux de changes à un niveau plus acceptable.

? Où en est le projet de raffinage de sucre importé ?

Le projet de raffinage de sucre non originaire est en train d’aboutir. Une première cargaison de 27 000 tonnes de roux doit arriver dans la deuxième quinzaine de septembre. Une fois raffiné, ce sucre sera réexporté vers l’Union européenne et une partie sera vendue sur le marché local. Ce raffinage de sucre importé nous permet d’optimiser l’utilisation de nos capacités. L’objectif étant de raffiner 50 000 à 60 000 tonnes de sucre roux importé par an. Mais nous sommes limités en terme de tonnage par les règles d’origine en vigueur en Europe qui stipulent que la valeur du sucre non originaire dans le produit fi ni ne doit pas dépasser 15 %. Le pourcentage d’incorporation dans le produit fi ni va donc varier selon le prix d’achat de la matière première et le prix de vente du produit fi ni. Cette opération est conduite sous le contrôle strict du département des douanes à Maurice.

? Qu’en est-il de la baisse des superficies plantées en canne ?

En six ans, la moyenne de réduction des superficies sous culture de la canne a été de l’ordre de 1 800 hectares par an. Pour cette année on pourrait constater un net ralentissement puisque l’on s’attend à une réduction limitée à 1 000 hectares. Mais l’idéal serait, bien sûr, de stopper ce mouvement d’abandon de terres.

? Pour intéresser les planteurs, il faudrait peut-être les aider à rentabiliser la culture de la canne...

Des aides sont prévues à cet effet. Dans le cadre de l’Economic Restructuring and Competitiveness Programme (ERCP), il existe un Planters Harvest Scheme qui offre des facilités financières pour l’acquisition d’équipements à des entreprises prêtes à offrir des services de récolte et de transport aux planteurs. Car hormis les coûts de fertilisation, c’est sur ces deux opérations que les planteurs rencontrent le plus de problèmes.

Ce projet s’adresse aux entrepreneurs qui sont déjà engagés dans ces services. Il intéresse également les sucreries. Le groupe Mon Loisir s’y est d’ailleurs lancé. Ce Planters Harvest Scheme permet notamment d’emprunter des montants allant jusqu’à Rs 50 millions à des taux de financement intéressants (de l’ordre de 5,5 %) afin d’acheter des équipements pour étendre les services de récolte et de transport.

Propos recueillis par Pierrick Pédel