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Jimmy Wong (DTOS Ltd-IBL) : « Il y a à Maurice des contraintes prévenant tout blanchiment »

17 juin 2012, 00:00

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Jimmy Wong (DTOS Ltd-IBL) : « Il y a à Maurice des contraintes prévenant tout blanchiment »

Implantée dans le secteur mauricien des services financiers au tout début son installation à Maurice, la société DTOS Ltd d’IBL de jouer un rôle majeur dans ce nouveau pilier de l’économie mauricienne. Jimmy Wong, le Managing Director, fait un tour d’horizon de ce secteur à un moment où sa réputation est sérieusement mise à l’index.

L’Inde croit fermement que le secteur mauricien des services financiers sert de couverture à des activités de blanchiment d’argent. Vous sentez-vous concerné par une telle perception ?

Etant à la tête d’une société engagée depuis de nombreuses années au niveau de la gestion des opérations d’autres sociétés dans le secteur mauricien des services financiers, nous sommes, bien entendu, concernés par une telle perception. Celle-ci n’a vraiment pas sa raison d’être d’autant plus que le centre financier mauricien est régulé de façon exemplaire et rigoureuse conformément aux normes internationales.

Le secteur mauricien des services financiers est-il un paradis fiscal en déguisement ?

Un paradis fiscal est une juridiction où les individus et les sociétés sont exemptés de payer la taxe. Or, à Maurice, les individus et les sociétés sont sujets à l’impôt sur les revenus à un taux de 15 %. Les sociétés classées dans la Category 1 Global Business Licence Company sont, elles aussi, sujettes aux obligations de payer l’impôt sur les revenus à un taux normal de 15 %, avec un mécanisme de tax credits qui ramène le taux à un seuil maximum de 3 %. Ce sont autant de facteurs qui démontrent que Maurice n’est pas un paradis fiscal. Bien au contraire, elle dispose d’une juridiction avec un régime fiscal très compétitif. En plus, Maurice ne figure pas sur les listes noires établies par les instances internationales reconnues concernant les pays réputés pour être des refuges de paradis fiscaux. Ce qui constitue une garantie pour la réputation du secteur mauricien des services financiers.

Comment vous assurez-vous que les opérateurs étrangers qui veulent passer par votre société pour effectuer des investissements sur d’autres territoires n’utilisent pas vos infrastructures pour blanchir de l’argent ?

En tant que société spécialisée en gestion des opérations dans le secteur des services financiers, DTOS opère sous la supervision stricte du régulateur qu’est la Financial Services Commission. Celle-ci a mis en place des règles et a établi des directives extrêmement contraignantes justement pour prévenir contre tout risque de blanchiment. Toutes les sociétés de gestion des opérations du secteur mauricien des services financiers doivent obligatoirement souscrire à ces contraintes sous peine de sanctions.

En ce qui concerne plus particulièrement le mode d’opération au sein de DTOS, nous avons élaboré des procédures écrites dans le but d’aider notre personnel à respecter les lois en vigueur à Maurice et à suivre rigoureusement les directives des autorités compétentes. Nous dispensons des sessions de formation régulièrement sur le sujet. Les procédures précédant notre décision d’agréer la demande d’intégration d’un nouveau client dans le secteur mauricien des services financiers sont extrêmement rigoureuses. Elles reposent sur l’observation détaillée des principes associés à un concept qui s’articule autour de la connaissance de l’itinéraire et du profil réel du client et de la mise en état d’alerte permanente de notre vigilance. Ces procédures sont conformes aux normes requises par la loi et le sont également par rapport aux exigences du régulateur, la Financial Services Commission.

Quel a été l’impact sur vos opérations des dispositions du traité bilatéral indo-mauricien concernant la suppression du principe d’une double imposition d’impôts entre les deux pays ?

Ce traité a été extrêmement bénéfique aux intérêts des deux pays durant les vingt dernières années. Le retour sur l’investissement est un facteur primordial à tout investisseur. La taxe n’est qu’un coût comme un autre. Le climat des affaires, les lois en vigueur, la qualité et le niveau de compétence des professionnels et le régime fiscal favorable à Maurice ont joué un rôle considérable lorsque le pays a amorcé un tournant avec la signature de ce traité. Ces facteurs ont, en effet, créé les conditions idéales pour que l’intégration des dispositions de ce traité à notre environnement économique contribue à faire de notre pays la plateforme préférée des opérateurs de par le monde qui ont souhaité de structurer leurs investissements en Inde depuis le début des années 1990.

Ce traité a été sans conteste l’élément catalyseur qui a permis l’émergence de Maurice comme un centre financier international. Il continuera à jouer un rôle déterminant dans le développement futur du secteur mauricien des services financiers. L’environnement occasionné par l’intégration de ce traité à notre système économique a permis à toute une génération de professionnels locaux à se familiariser avec la spécificité des opérations des services financiers internationaux et à acquérir les connaissances et les compétences qui n’auraient pas été possible sans l’apport direct du secteur de l’économie globale et donc sans le traité Inde/Maurice.

Au tout début, DTOS employait 3 personnes. Aujourd’hui, notre personnel compte 150 membres. Il est, en grosse majorité, constitué de jeunes professionnels. Les uns sont spécialisés dans le domaine de la comptabilité. D’autres sont pourvus de diplômes de l’Université de Maurice.

Qu’est-ce qui pourrait justifier la signature de nouveaux traités en matière de suppression de la double taxation entre Maurice et d’autres pays ?

Les autorités compétentes devraient inscrire sur la liste de leurs priorités, la mise en place de telles initiatives. L’intérêt des investisseurs pour les pays africains est énorme. Maurice a des atouts indiscutables pour qu’elle ambitionne de devenir la plateforme par excellence où de tels investissements pourront s’effectuer.

Comment une politique de diversification des activités de votre société pourrait-elle se traduire dans le concret ?

La diversification est un concept qui fait partie intégrante des activités de notre société. Elle y a été déployée depuis pas mal d’années déjà. Elle ne s’est pas seulement déclinée en termes géographiques mais également par rapport au type de services et de produits que nous mettons à la disposition de nos clients. Ceux-ci d’ailleurs viennent de tous les continents. Ils investissent en Inde, en Chine, en Asie du Sud-est, au Moyen Orient, en Europe et bien sûr en Afrique.

Quelles seront les conséquences probables d’une révision éventuelle des dispositions actuelles du traité entre l’Inde et Maurice ?

L’incertitude est l’élément le plus perturbateur pour tout investisseur. Les tractations persistantes autour de l’introduction du General Anti-Avoidance Rules (GAAR) qui justement pourrait avoir préséance sur les dispositions du traité indo-mauricien et les éternelles spéculations entourant une révision potentielle de ces mêmes dispositions ont résulté en une réticence chronique des investisseurs à prendre des décisions. Cette situation d’incertitude les a forcés à se cantonner dans une posture d’attente. De toute évidence, c’est un environnement qui est au détriment de Maurice autant que de l’Inde.