En ce jour de fête nationale, l’historien et ancien directeur du Centre culturel mauricien nous dresse un tableau d’une nation mauricienne à la croisée des chemins entre le questionnement identitaire et l’invention d’ancestralités.

«Les Mauriciens sont un peuple de métissage», explique Jocelyn Chan Low. Un métissage qui a provoqué une adaptation commune des groupes culturels au contexte insulaire et tropical de l’île. «Par exemple, une de ces adaptations est l’utilisation du sonz, plante d’origine malgache, dans les plats asiatiques», ajoute-t-il.

Des collisions les et coutumes, on les retrouve dans d’autres éléments de la vie locale. Que ce soient les casiers utilisés par les pêcheurs, les techniques de construction, la cuisine ou les langues, le peuple mauricien, pluriel dans ses origines, a appris à fusionner les pratiques au gré des métissages et des moyens disponibles.

Les religions ne font pas exception. «Il y a deux aspects aux religions, l’une transcendantale, doctrinale. L’autre fonctionnelle, recherchant la protection des déités», fait ressortir Jocelyn Chan Low. Dans cette quête de protection, les pèlerins du Grand-Bassin se confondent parfois avec ceux du Père Laval. Pour dire que ces événements religieux attirent les dévots de toutes les confessions.

Ainsi, le « Goon » était célébré de façon hétérogène par les musulmans et les hindous. Pourtant, au fil du temps, ces célébrations communes ont subi une scission culturelle. La politique y a ajouté son grain de sel. «Des raisons politiques, sur fond constitutionnel, ont inventé des ancestralités», remarque Jocelyn Chan Low.

Pourtant, l’histoire nous a appris que le peuple mauricien, avant ces identités artificielles, ces frontières ancestrales, sinon inventées sous prétexte de satisfaire toutes les « franges » de la société, du moins exagérées, aident à masquer une vérité. Celle d’une identité métissée, d’ancestralités mixtes, et non uniques et dissociées.