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Jouets dangereux: ce n’est pas du jeu

24 décembre 2012, 00:00

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Jouets dangereux: ce n’est pas du jeu

«Ou pa kone ki pas dan latet zanfan». Marianne Rosine, 47 ans, mère de trois enfants, vient de reposer un joujou sur l’étal d’un marchand. L’objet rose, qui rappelle aux esprits fertiles une épée laser, sert à faire des bulles de savon. Il existe en grand et petit format et ses coloris acidulés lui donnent tout l’air d’être inoffensif. Mais Marianne n’est pas de cet avis. A chacun sa conception du danger, surtout quand il s’agit de jouets.

Elle se souvient qu’il y a quelques années, son fils aîné, alors âgé de 13 ans, avait eu l’idée de remplir le jouet d’une mixture. «Li dir li pe fer lexperians». Sauf que le jeu devait virer au vinaigre quand la benjamine, alors âgée de 5 ans, a ingurgité le mélange contenu dans le jouet. «Li ti trouv so frer met impe gazez ousi ladan». La petite famille en sera quitte pour un passage à l’hôpital, le 25 décembre au soir.

Et si le jouet pouvait se retourner contre l’enfant ? Dans les foires, dans la rue, dans les magasins, il s’agit d’avoir l’oeil. De lire les notices qui indiquent l’âge approprié de l’utilisateur. Mais surtout d’anticiper, «bann lespri zanfan». Comme le dit Hassen Rossaye, père de famille. Montrant un mini-set de billard, il nous montre les boules colorées du jeu. «Sa resanble bonbon», dit-il, avec un regard en coin pour sa fille de trois ans.

S’il y a bien un type de jouets que Joyce Samy, 23 ans, s’est jurée de ne pas offrir à son fils unique, ce sont bien les fusils. Peut-être que cela vient du fait que Joyce, unique soeur après trois frères, sait ce que c’est que d’être prise pour cible.
«Mem fizi dilo mo pa anvi donn li». Pourtant, le petit garçon n’arrive pas à garder ses mains dans ses poches devant un marchand de joujou. Sur l’étal trône des mitraillettes, des pistolets et plein d’autres modèles qui, quand ils sont actionnés, imitent le bruit d’une fusillade et émettent comme un rayon laser.

Nettement plus lumineux, les feux d’artifices de belle taille disponible au centre commercial Bagatelle. Proposés par la société Sinomax, «ce sont les feux artifices utilisés par les professionnels», vante la vendeuse. A charge pour les particuliers de lire les notices et prendre les précautions qui s’imposent, par exemple avec un filoir de 100 000 pétards à Rs 1, 932.

A la question, y-a-t-il des jouets dangereux sur le marché, Jain Seegoolam, acting head du Consumers Protection Unit répond un non catégorique. «Tous les jouets importés doivent avoir un certificat de conformité avec les normes européennes ou locales, pour pouvoir passer la douane». Sans ce document, les jouets importés sont soient détruits, soient renvoyés dans leur pays d’origine, maintient le responsable du CPU. Autre cas de figure, les officiers de cette unité prélèvent un échantillon qui est alors testé par le Mauritius Standards Bureau. «Le contrôle est assez strict dans ce domaine», assure Jain Seegoolam.

Il note cependant que si, «quelqu’un apporte des jouets dans sa valise, là on n’a pas de contrôle». En guise de double vérification, le responsable affirme que son équipe achète aussi des points à divers points de vente de l’île. «On fait des analyses et heureusement, nous n’avons pas rencontré de problèmes».

Sauf que la vie du jouet ne s’arrête pas là. Il y va aussi de la responsabilité des parents, insiste Jain Seegoolam. «Il faut qu’ils achètent des jouets adaptés à leurs enfants». Exemple : si dans une famille, il y a un grand de six ans et un petit de trois ans, «automatiquement, le petit va utiliser les jouets du grand. Cela doit alors se faire sous la supervision des parents».

   

 


   

 

Ce que dit la loi

Le Consumer Protection Act 1991 contient une série de règlements concernant spécifiquement les jouets. Parmi, il est obligatoire que chaque jouet mis sur le marché ait un certificat de conformité soit avec les normes européennes ou locales. Premier principe de précaution : l’âge approprié de l’utilisateur du jouet doit être clairement spécifié. Les jouets avec des parties détachables qui sont destinés à des enfants de moins de trois ans, devraient être de dimension telle, que les enfants ne pourront pas les avaler. D’autres clauses stipulent que si un jouet est conçu pour que l’enfant entre à l’intérieur, il faut qu’il puisse en ressortir facilement grâce à une ouverture qui peut s’ouvrir de l’intérieur.

Les règlements stipulent en outre que la composition chimique d’un jouet ne doit pas dépasser un certain seuil d’arsenic, de plomb, de mercure, entre autres. Pour ce qui est des jouets électriques, le voltage nominal ne doit pas dépasser 24 volts, avec des circuits correctement isolés.

Les règlements ne considèrent pas comme jouets les décorations de Noël, les miniatures conçus pour les collectionneurs adultes, les équipements sportifs, les puzzles de plus de 500 pièces ou qui n’ont pas d’images, destinés aux adultes. Mais aussi, Les fusils et pistolets à air comprimé, les feux d’artifices, les fléchettes à pointe métallique. Ou encore les jouets avec un moteur à vapeur, les bicyclettes conçues pour le sport ou pour usage sur la voie publique. Ainsi que les poupées en forme de bébé, les reproductions exactes d’armes à feu, ainsi que les bijoux de pacotille pour enfants.

Aline Grome-Harmon