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Kadhafi visé pour crimes contre l''humanité par la Cour pénale internationale

16 mai 2011, 00:00

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Kadhafi visé pour crimes contre l''humanité par la Cour pénale internationale

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a requis lundi des mandats d''''arrêt contre Mouammar Kadhafi, son fils Saïf al Islam et le chef des renseignements libyens, Abdoullah al Senoussi, pour crimes contre l''humanité.

Ces recommandations vont être étudiées par les juges du tribunal de La Haye, qui devront décider si les éléments réunis par le procureur sont suffisants pour émettre les trois mandats.

La CPI a été saisie en février par le Conseil de sécurité de l''Onu pour enquêter sur les violences commises par les forces de sécurité contre des manifestants en Libye, qui ont fait des milliers de morts depuis le début de l''insurrection mi-février.

Luis Moreno-Ocampo avait fait savoir il y a deux semaines qu''il disposait de "preuves solides" de crimes contre l''humanité et qu''il recommanderait l''émission de trois mandats, sans nommer les intéressés, en présentant des photographies, des vidéos et des témoignages émanant de sources gouvernementales.

Il expliquait que le fait de tuer des civils désarmés pouvait être qualifié de crime contre l''humanité, et mentionnait également le crime de persécution - arrestations massives, torture, disparitions forcées.

"Le bureau a rassemblé des preuves directes d''ordres donnés par Mouammar Kadhafi lui-même, des preuves directes de l''organisation par Saïf al Islam du recrutement de mercenaires et des preuves directes de la participation de Senoussi aux attaques contre les manifestants", a-t-il déclaré lundi.

Le magistrat argentin a ajouté que les trois hommes avaient tenu des réunions pour "planifier les opérations" de répression et que Mouammar Kadhafi avait utilisé son "autorité absolue pour commettre des crimes en Libye".

« Créature de l’occident »

Un porte-parole des rebelles dans la ville assiégée de Misrata a salué une "décision importante". Le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a souligné que cette requête rappelait à tous les acteurs du régime libyen que "les crimes ne resteront pas impunis".

La CPI ne dispose pas d''une force de police et s''appuie sur les Etats signataires pour procéder aux arrestations. Mais la Libye n''a pas signé le traité et n''a aucune obligation d''arrêter les trois suspects.

Tripoli accuse la CPI d''être une création de l''Occident. "Les pratiques de la CPI sont contestables", a déclaré à la presse le porte-parole libyen et vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm.

Khaled Kaïm a également de nouveau accusé l''Otan, qui dirige depuis fin mars les opérations militaires en Libye, d''avoir outrepassé son mandat - la protection des populations civiles - en visant des infrastructures. "Le but, c''est le pétrole libyen, pas la protection", a-t-il dit.

Lignes de front figées

La télévision d''Etat libyenne a fait état lundi de raids de l''Otan contre Tripoli, contre la ville de Zaouïah à une cinquantaine de kilomètres à l''ouest de la capitale, mais aussi à Tadjoura, dans la banlieue ouest de Tripoli, et contre la ville de Zouara, dans l''ouest du pays.

A Zentane, dans la région du djebel Nefoussa non loin de la frontière tunisienne, un porte-parole des insurgés a déclaré lundi à Reuters que l''Otan bombardait des dépôts d''armes des troupes kadhafistes à une trentaine de kilomètres de là.

Trois mois après le début de la révolte contre Kadhafi, au pouvoir depuis un coup d''Etat en 1969, les lignes de front entre forces gouvernementales et troupes rebelles ne bougent pratiquement plus et l''effondrement du pouvoir kadhafiste, espéré par les Occidentaux, ne s''est pas matérialisé.

Après une série de raids aériens sur son quartier général de Bab al Aziziah à Tripoli, Mouammar Kadhafi a nargué l''Alliance atlantique en affirmant vendredi dans un enregistrement audio qu''il se trouvait dans un lieu secret, à l''abri des frappes.
Les journalistes étrangers autorisés à travailler, sous restriction, dans la capitale libyenne, rapportent que les autorités semblent tenir fermement les rênes du pouvoir.

Si les raids de l''Otan se poursuivent, la communauté internationale n''exclut pas un départ du numéro un libyen. Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, l''a confirmé sur la chaîne italienne Canale 5:

"C''est évident, nous travaillons avec les Nations unies à la mise au point d''une telle porte de sortie", a-t-il expliqué. "Une sortie politique qui prévoirait le départ du dictateur et de sa famille et permettrait la mise sur pied immédiate d''un gouvernement de réconciliation nationale".

(Source : Reuters)