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Kadress Pillay: «Etre lauréat, cela gonfle l’égo collectif»
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Kadress Pillay: «Etre lauréat, cela gonfle l’égo collectif»
L’ancien ministre de l’Éducation analyse le phénomène du lauréat.
On a donné les noms des lauréats. Qu’est-ce que cela vous inspire?
Je dois avouer que je suis un peu inquiet. Car on reste dans une logique de compétition outrancière. Cela veut dire que, fondamentalement, rien n’a changé. On continue à dépenser une fortune sur les lauréats alors que nous avons les mêmes facilités d’études à Maurice. Nous avons deux universités dans lesquelles nous investissons beaucoup d’argent. Pourquoi continuer à gaspiller de l’argent? Pourquoi ne pas changer de système? Ne serait-ce que pour les under-graduate, ceux qui préparent jusqu’à la licence!
Quelle formule serait envisageable?
Les étudiants peuvent réaliser leur licence à Maurice. Ensuite, leur maîtrise et études post-graduate à l’étranger. Nous avons des arrangements avec des universités étrangères pour mettre en place un tel système. Rien que pour des études de médecine, nous consacrons quelque Rs 6 à 7 millions sur un lauréat! Il y a là un paradoxe. On parle de crise économique mais on continue à gaspiller de l’argent. Il faut changer de système en toute urgence.
Paradoxalement, l’Université de Maurice n’attire pas autant nos jeunes. Comment expliquer cela?
Déjà, si l’Etat fait le choix d’envoyer ce qu’il considère comme ses meilleurs étudiants à l’étranger, il sous-entend que l’Université de Maurice est une institution de deuxième grade. C’est cela le problème. On est, en fait, en train de gérer des paradoxes.
Toute réforme du système éducatif engendre des résistances. Alors comment faire pour qu’aboutissent des changements dans le système des lauréats?
Il faudrait pouvoir convaincre les gens de la nécessité d’une dynamique intellectuelle. Pour ce faire, il faudrait le régionaliser. Avoir donc des lauréats par zone même si on veut préserver le système national. Avec des lauréats au niveau régional, on aura des jeunes qui deviendront des modèles pour leurs régions. Et cela ne coûtera pas cher de les envoyer à l’Université de Maurice.
Qu’est-ce que cela signifie d’être lauréat aujourd’hui?
Etre lauréat, cela gonfle l’égo collectif. Sur le plan de la famille, cela permet de faire des études sans qu’il n’y ait de grands frais. Sur le plan personnel, je préfère ne pas me prononcer.
 
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