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Kailash Ruhee : « La diplomatie est trop importante pour la laisser aux seuls diplomates »

19 avril 2009, 12:00

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Kailash Ruhee : « La diplomatie est trop importante pour la laisser aux seuls diplomates »

L’ambassadeur de Maurice à Washington, Kailash Ruhee, (Sur la photo avec le personnel de l''ambassade à côté de son épouse en sari rouge) rentre au pays cette semaine. L’occasion de faire le point sur l’action diplomatique menée par la chancellerie mauricienne aux Etats-Unis.

"L’Afrique recherche un partenariat en non un patronage", c’est sur cette vision que repose l’action diplomatique menée par Kailash Ruhee, l’ambassadeur de Maurice à Washington. Le diplomate, qui rentre à Maurice cette semaine pour prendre un nouvel emploi au bureau du Premier ministre, fait le bilan de ses deux années passées à la chancellerie mauricienne.

Le diplomate garde un bon souvenir de son passage à l’ambassade de Maurice à Washington. « Cela a été une expérience diplomatique exceptionnellement enrichissante et productive ».

L’ambassadeur mauricien dans la capitale américaine déclare avoir voulu dès le début de son mandat « sortir les relations diplomatiques des sentiers battus ». Kailash Ruhee trouve que « les relations Maurice-Etats-Unis ne sauraient se limiter au textile-habillement ».

C’est ainsi que l’action diplomatique a été axée sur la politique économique du pays. Les deux piliers de cette action sont la réforme et la diversification.

Dans le concret, l’action de l’ambassade Maurice vise à amener le secteur privé américain à voir Maurice autrement. Des initiatives ont été prises pour promouvoir l’image d’une économie mauricienne diversifiée. Nos diplomates font surtout valoir le cadre favorisant le développement de certains secteurs dont l’informatique, le Business process outsourcing, le Seafood hub et récemment le Legal process outsourcing.

Il faut savoir que la Banque Mondiale et le Fonds monétaire internationale présente Maurice comme un modèle de développement pour le reste de l’Afrique. Maurice est l’exemple d’un pays sans ressources naturelles, mais qui a réussi son décollage grâce à son potentiel humain.

Kailash Ruhee croit dans cette stratégie basée sur la richesse des ressources humaines. « L’avenir appartient aux pays dotés d’un solide capital humain ».

Dans ce contexte, un projet régional tient l’ambassadeur à cœur. Il espère voir la création du Regional Multidisciplinary Centre for Excellence. Ce centre de formation dont le siège sera à Maurice est destiné à former les cadres des pays de la région.

Sur le plan multilatéral, l’heure n’est plus aux subventions. Il faut que chaque pays puisse atteindre la compétitivité globale. Dans ce contexte, les pays en développement devraient profiter des dispositions temporaires au niveau de la réglementation du commerce international pour se rendre compétitifs.

A cet effet, Kailash Ruhee se réjouit de l’obtention par Maurice du droit de bénéficier de la clause relative au 3rd Country Fabrics dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act. Toutefois, précise-t-il, ce n’est qu’un répit, un « breathing space »…

Outre la satisfaction éprouvée par l’action diplomatique, l’ambassadeur de Maurice à Washington est très content d’une réalisation en particulier : le transfert de l’ambassade. « On était logé au premier étage d’un commerce et nous emménageons bientôt dans un bâtiment convenable situé dans un quartier indiqué, se trouvant à cinq minutes de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ».

Kailash Ruhee, continuera-t-il à s’intéresser à la diplomatie dans le cadre de ses nouvelles fonctions? Celui qui est appelé à reprendre son poste de Chief of staff du Premier ministre nous sort l’une de ces phrases lapidaires dont il a le secret : "Diplomacy is too important a matter to be left in the hands of diplomats alone".

Ne pas laisser la diplomatie aux seuls diplomates, voilà des propos qui susciteront des commentaires dans les couloirs des ministères. Un peu comme la fameuse « Adapt or perish », lancée par Kailash Ruhee quand il était ministre de la Fonction publique dans les années 90.

Jrme BOULLE