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Kalyanee Juggoo : « Xavier, je lui offre un bon bisou »

11 janvier 2014, 00:30

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Kalyanee Juggoo : « Xavier, je lui offre un bon bisou »

Après la phase de bla-bla, il faut rentrer dans le concret. La prima donna travailliste contracte ses muscles orbiculaires et fait le premier pas. La plus sûre façon de se taire en disant tout. Si après ça M. Duval s’en va…

 

Vous croyez qu’il regrette, votre patron ?

Quoi ?

 

Vous, dans ce fauteuil…

Mais pas du tout ! Pourquoi ?

 

Il est au courant de tout, vous savez…

C’est bien vrai, c’est monsieur konn tou, rien ne lui échappe. C’est pour cela qu’il est Premier ministre.

 

La vidéo de vous qui circule le Net…

(Eclat de rire sonore)

 

Celle où vous apparaissez barbue avec une bouée sur les genoux, il l’a forcément vue…

Sûrement, et alors ? J’ai le droit de me déguiser en mère Noël, non ? Tout en rouge, en plus.

 

La mère Noël, quel conseil a-t-elle à offrir au père Duval ?

Xavier est un bon ami, on se connaît de longue date. J’ai beaucoup de respect pour lui. C’est un homme intelligent, calé, un bon politicien. Il a la tête sur les épaules, il n’a pas besoin de mes conseils. Si j’avais à lui offrir quelque chose, ce serait un bon bisou (rire).

 

Si après ça, il ne reste pas…

Ça dépend de la vibration (sourire mielleux).

 

La vibration ?

Nous parlons bien de cette vibration-là, n’est-ce pas ? Un bisou est une grande émotion…

(Silence interminable)

 

Finalement, à quoi a servi votre nomination comme secrétaire générale du Parti travailliste, sinon à dragouiller vos collègues et à effrayer les enfants dans des déguisements improbables ?

A travailler le terrain. Je rencontre le public, j’écoute les doléances. Le vendredi, du matin au soir, je ne fais que ça : je reçois des Mauriciens qui ont des problèmes avec le gouvernement ou les institutions. Ensuite, je passe le message au leader.

 

Vous pensez apporter quoi au parti, très concrètement ?

J’essaie de rassembler un maximum de gens derrière nous.

 

A coup de bisous ?

Ça ne va pas, non ! Jen’embrasse pas tout lemonde ! Je suis très avare là-dessus: je réserve mes baisersà Xavier.

 

C’est une déclaration ou juste un fantasme ?

J’attends du bien de Xavier, vous savez.

 

Ça veut dire quoi ?

Il va comprendre.

 

Moi pas…

Vous comprenez parfaitement. Et vous, d’ailleurs, qu’attendez-vous de moi ?

 

Oh, juste quelques réponses et ensuite j’y vais.

Eh bien moi, j’attends du bien de Xavier, c’est tout.

 

Et « du bien », c’est…

La continuité. Je n’ai rienà reprocher à Xavier, ni à luini à son parti. Je préfère quele PMSD reste avec nous. Cesont nos partenaires depuislongtemps. Ma préférence,c’est l’alliance.

 

Que vous inspire l’attitude de Paul Bérenger, qui a ouvert la porte au PMSD avant de la claquer ?

En bon politicien, il a réajusté sa stratégie. Quand il a vu qu’il n’y avait personne derrière la porte, il l’a refermée, tout simplement.

 

Cette mini-crise gouvernementale vous empêche-t-elle de dormir ?

Non, pas du tout. La crise est au PMSD, entre Sik Yuen et Xavier. Ce sont leurs affaires, pas les miennes.

 

Les tête-à-tête Duval-Ramgoolam, ce sont des ateliers-poterie ?

(Agressive) Xavier est toujours avec nous que je sache. Alors, quel est le problème ? Entre vous et votre épouse, il n’y a jamais de frictions ? Estce que vous divorcez le lendemain? La politique, ce n’est pas sugar-sugar tous les jours. Life is not a bed of roses. Il y a parfois des épines, il suffi t de les couper.

 

A propos d’épine, Michael Sik Yuen sera-t-il débarqué de son ministère ?

Les deux leaders vont décider.

 

Avez-vous une préférence ?

Ma préférence ira à ce que mon leader dira.

 

Vous vous êtes battue pour ça, pour un poste de potiche ?

(Elle hausse le ton) Je ne suis pas une potiche, moi ! J’évolue dans une équipe, avec un leader, un président, un exécutif. Chacun aura son mot à dire, bien sûr, mais le leader tranchera.

 

Et votre mot à dire, ce sera quoi ?

Ce que le leader va décider. Il décide toujours bien.

 

Je retire potiche, perroquet me paraît plus adapté.

Non ! Je ne suis pas un perroquet ! Je dis ce que je veux dire. I follow the leader.

 

Vous savez, depuis l’invention du phonographe, le perroquet est devenu un volatile dont le besoin ne se fait plus aucunement sentir.

(Rire) Le perroquet a des qualités, ne l’oubliez pas. Il capte tout ce qu’il entend et il est capable de le répéter. Il a de la mémoire, une qualité que tout le monde n’a pas.

 

En parlant de mémoire, sur votre CV, vous gardez quoi de 2013 ?

Mon travail de députée. Plusieurs gros projets ont vu le jour dans ma circonscription [la n°4, Port-Louis-Nord/Montagne- Longue, ndlr], la route Terre- Rouge/Verdun, l’hôpital de Montagne-Longue, les ponts de Blackburn, Congomah et Tosca. Ces développements étaient attendus depuis longtemps.

 

Etes-vous une femme-pont ?

Je préfère les murs aux ponts. Les ponts sont fragiles.

 

Entre Aurore Perraud et vous, y-a-t-il un pont ou un mur ?

Aurore est une bonne amie. C’est plus qu’une collègue, nous avons une affinité spéciale. Elle a une petite fille que j’adore, nos familles se côtoient, on rit beaucoup ensemble.

 

Justement, votre coup de fil de lundi l’a tordue de rire.

Je l’ai appelée parce que j’ai lu que le Parti travailliste la harcelait. Je lui ai dit : « Aurore, tu me fais bien rire avec tes histoires ! Je ne t’ai pas contactée, Patrick [Assirvaden, ndlr] non plus, alors qui te harcèle ? » Vous savez ce qu’elle m’a répondu ? « Personne ».

 

Vous avez dit que « ce serait bien pour la circonscription d’avoir trois dames

travaillistes ». Vous en êtes bien sûre ?

La presse a mal compris. J’ai dit que ce serait un plus pour le Parti travailliste. De toute façon, Aurore Perraud ne nous rejoindra pas. Elle restera fidèle à son parti.

 

Ça vous déçoit ?

Non.

 

Quand on voit le trio Juggoo-Martin-Perraud à la manoeuvre, on se dit certains jours que la femme politique est un homme comme les autres, mais en pire.

Ah non ! Excusez-moi. Un homme comme les autres d’accord, mais en pire certainement pas. Ce que les hommes n’ont pas réussi à faire dans la circonscription, nous, les trois femmes, on l’a fait !

 

Admettons. Imaginez maintenant si vous aviez passé moins de temps à vous crêper le chignon…

Moi, je suis à l’aise avec tout le monde, Aurore, Mireille.

 

Vu de l’extérieur, vous semblez incapable de travailler en bonne intelligence.

Cette perception ne correspond pas à la réalité. Quand une jeune mariée arrive dans un foyer, elle a un temps d’adaptation. Après, la vie s’installe. « Trwa fam la nek lager », ce n’est pas vrai,c’est une image qu’on nous colle. Il n’y a pas de bagarre, pas d’incendie, personne ne s’insulte. Ces trois derniers mois (sic), on a bien travaillé ensemble.

 

Quelles qualités enviez-vous à Aurore Perraud ?

Je n’envie rien à personne.

 

C’est si difficile de dire du bien d’elle ?

Je vous l’ai dit, c’est une bonne fille, une personne capable, compréhensive, qui sait faire des concessions. C’est quelqu’un avec qui on peut travailler.

 

Mireille Martin est plus nuancée là-dessus…

C’est son problème, pas le mien.

 

L’année prochaine, vous pensez atterrir dans quelle circonscription ?

Moi, atterrir dans une autre circonscription !? C’est la question que vous me posez, là ?

 

Oups, boulette, pardon. Je pensais que votre parti vous avait mise au courant…

(Agacement contenu) Ditesmoi, qu’aurais-je dû savoir ?

 

Vos chamailleries de cour d’école ont fini par lessiver votre patron, qui a décidé de ne plus vous aligner toutes les trois dans la n°4…

(Ironique) Oui, et il a certainement décidé aussi de ne pas me donner de ticket, hein... Le Premier ministre, c’est vrai, a dit « pa pou kapav met trwa madam enkor ». Mais moi, je travaille, je ne me sens pas concernée.

 

Vos amies Aurore et Mireille apprécieront…

Ecoutez, dans la n°4, j’ai été deux fois candidate, deux fois élue. J’habite sur place, c’est ma maison. Cette circonscription est très difficile, je suis habituée à la manipuler.

 

Manipuler, carrément ?

Oui, manipuler. Il faut manipuler, parfois. Si on ne s’arrange pas avec les gens, on a des problèmes…

 

Rêvez-vous toujours d’un ministère en vous démaquillant le soir ?

(Rire) Non. Je ne pense pas être ministre avant 2015. Après 2015, sûrement.

 

Et cette année, vous la sentez comment ?

2014 sera décisive sur le plan politique. C’est la dernière année avant les élections, les stratégies vont se mettre en place, il va falloir trouver les bons chemins. Dans un mandat de cinq ans, les trois premières années, on travaille mollo-mollo. La quatrième année, on s’y met.

 

Quel aveu prodigieux ! On a hâte de vous voir dans un ministère…

Vous m’avez mal compris. J’ai dit que les trois premières années, on travaille mollo-mollo, on est avec les mandants, les projets, c’est léger. La quatrième année, c’est le terrain. Il faut y être en permanence, partout.

 

Quelle est votre résolution la plus inavouable ?

(Elle se recoiffe) Je ne vais pas m’adapter cette année-ci, je serai ferme, pas de temps à perdre. J’espère que vous voyez ce que je veux dire parce que je n’en dirai pas plus, à vous de décrypter l’inavouable.

 

Un dernier baiser pour Xavier ?

Ouais ! (large sourire)