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Ken Poonoosamy : «Des projets totalisant Rs 25 milliards ont été débloqués en deux mois»

22 octobre 2011, 07:14

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Le secteur privé a souvent déploré que des milliards de roupies, en termes d’investissements, restent bloquées en l’absence du feu vert du gouvernement.

Qu’en est-il véritablement ?

Tout d’abord, il faut souligner que l’investissement reste un des facteurs primordiaux et essentiels pour créer de l’emploi et contribuer à la croissance économique. Le vice- Premier ministre et ministre des Finances accorde un intérêt particulier à l’investissement et il suit personnellement, à travers le Board of Investment (BOI), la facilitation et la mise en chantier de tous les projets en suspens.

Depuis août 2011, des projets totalisant Rs 25 milliards ont été débloqués dans plusieurs secteurs, notamment la santé, l’immobilier et l’éducation, entre autres. Ce, grâce à l’étroite collaboration entre le BOI, le Bureau du Premier ministre, le ministère des Finances et du développement économique et le ministère de l’Agro-industrie pour le «land conversion permit». Grâce aussi au coup de pouce du ministère de l’Environnement, en ce qui concerne l’octroi de permis après l’Environmental Impact Asessment, le ministère du Logement et des terres par rapport à l’Outline Planning Scheme, ainsi que d’autres instances gouvernementales.

? Sur quoi allez-vous plus particulièrement travailler ?

Le BOI va poursuivre sur sa lancée, afin de faciliter au plus vite la réalisation des projets et ce, pour doper l’investissement. Je vais également concentrer mes efforts sur la promotion et le marketing. Dans cette optique, un plan agressif, qui vise à développer davantage la visibilité de Maurice dans tous les secteurs, est actuellement en préparation. Nous allons ainsi accroître notre visibilité dans nos marchés traditionnels, comme l’Europe, mais allons aussi marquer notre présence dans les pays émergents. Pour plus de synergie, nous travaillerons également en étroite collaboration avec d’autres institutions locales ainsi qu’avec nos ambassades et consul. Une attention particulière sera en outre accordée à l’amélioration de l’environnement des affaires.

? Justement, dans le secteur des Technologies de l’information et de la communication (TIC), certains investisseurs étrangers déplorent le retard de Maurice, notamment s’agissant de la bande passante. Qu’allez-vous faire pour remédier à cette situation ?

Maurice est déjà connectée au réseau de câble sous-marin de fibre optique SAT-SAFE depuis 2002. Ce qui offre une connectivité globale à très haut débit. L’introduction, d’ici 2012, du LION 2, deuxième câble de fibre optique internationale, se traduira non seulement par une réduction des coûts de connectivité mais offrira aussi plus de redondance. Il est bon de faire ressortir que le développement des infrastructures de communication, plus précisément de la bande passante, est l’une des priorités du programme gouvernemental dans le domaine des TIC. Dans ce contexte, l’Information and Communication Technologies Authority, qui est l’organisme régulateur dans ce secteur, a proposé le National Broadband Policy, qui contient une série d’initiatives visant à développer les réseaux à haut débit. Cela, afin de soutenir la croissance du secteur des TIC et, a fortiori, la croissance économique du pays. Maurice pourra de ce fait se positionner comme un «hub» dans le domaine. Tout ceci, bien évidemment, sera fait sous l’égide du ministère de tutelle.

? Les exportateurs demandent aussi un coup de pouce. Comment allez-vous les aider ?

Tout d’abord, je pense qu’il est important de préciser le rôle des institutions en ce qu’il s’agit de l’aide apportée aux exportateurs.

Le vice-Premier ministre et ministre des Finances l’a clairement fait ressortir : le BOI a un rôle important à jouer pour la promotion de l’exportation de services. Il faut aussi faire ressortir que le BOI, en tant qu’institution responsable du développement du secteur du port franc, accorde une attention particulière aux opérateurs.

Pour ce qui est du secteur financier, nous souhaitons diversifier l’offre et nous tourner vers l’Afrique. L’idée est de créer un «hub» régional entre l’Asie et le continent noir. Pour cela, il faut accroître notre visibilité sur le plan international et développer de nouveaux produits.

Notons que le Limited Partnership Bill a été présenté en deuxième lecture au Parlement, et ceci aidera à promouvoir davantage le positionnement de Maurice en tant que centre financier de renommée mondiale. Au niveau des TIC, nous travaillerons en étroite collaboration avec le ministère de tutelle, afin de positionner le pays comme un centre d’excellence pour les services relatifs à ce secteur et l’externalisation.

Nous privilégierons aussi le développement dans le secteur de l’éducation et de la santé, tout en continuant à promouvoir le concept de «knowledge hub» et de «medical hub».

? On parle beaucoup de la nécessité d’une plus grande intégration régionale.

Quelles sont les initiatives entreprises en ce sens ?

L’intégration régionale constitue un des axes majeurs de la politique que nous entamons pour accroître l’investissement direct étranger, ainsi que l’investissement extérieur.

Le BOI a une stratégie bien cadrée en ce qui concerne ce type d’investissement, pour les opérateurs locaux qui souhaitent investir dans la région et bénéficier des ressources dont elle dispose. La collaboration se fait à différents niveaux : nous avons ainsi signé des protocoles d’accord avec nos confrères, les agences de promotion , dont l’objectif est d’augmenter le flux d’investissement dans la région et de développer davantage les échanges commerciaux entre Maurice et les pays avoisinants.

A ce jour, quelque 14 accords de ce type ont été conclus. Nous travaillons aussi avec la Banque mondiale et le Regional Multi disciplinary Centre of Excellence afin d’améliorer le climat des affaires dans la région et ainsi faciliter l’investissement. Nous avons accueilli, jusqu’ici, une dizaine de délégations de différents pays de la région, qui souhaitaient  s’inspirer du modèle économique mauricien.

Le BOI participe par ailleurs activement aux réunions de la SADC et du COMESA et est représenté au niveau de la SADC Investment Committee et aussi au sein du Conseil d’administration du COMESA RIA.

? Les investissements directs étrangers montrent un net ralentissement. Quelle est votre analyse de la situation ?

Il est vrai que les investissements directs étrangers vont afficher une baisse en 2011.

Sur les six premiers mois de l’année, nous en sommes à Rs 3,4 milliards, alors que l’année dernière, à la même période, le chiffre était de Rs 8,2 milliards. Il est clair que nous n’atteindrons pas le niveau record de quelque Rs 14 milliards de 2010. Mais il faut quand même rappeler que 2010 était une année exceptionnelle, avec deux gros investissements dans la santé et les services financiers.

Pour 2011, nous tablons sur Rs 8 milliards d’investissements directs étrangers, ce qui est comparable au chiffre de 2009. Nous espérons que les efforts auxquels nous avons consenti durant le 2e semestre vont aider à booster l’investissement.

? Quel est le bilan des investissements dans les IRS et les RES ?

Je voudrais souligner que malgré le fait que le secteur immobilier attire beaucoup d’investissements directs étrangers, dont quelque Rs 20 milliards injectées dans les Integrated Resort Schemes (IRS) de 2005 à ce jour et Rs 2 milliards dans les Real Estate Schemes de 2009 jusqu’ici, nous restons très vigilants.

Nous nous assurons que tous les projets IRS, RES, ou IHS (Invest Hotel Scheme) respectent les Planning Guidelines imposées par le ministère des Terres et du logement et qu’ils soient conformes aux règlements établis par le ministère du Tourisme, qu’ils adhèrent aux normes environnementales et qu’ils passent par les étapes strictes de «due diligence» du BOI. Nous exerçons un droit de regard et imposons des conditions suspensives à l’octroi des certificats sous le Real Estate Investment Scheme. Ceci afin de nous assurer que les investisseurs sont très crédibles et qu’ils ne s’adonnent pas à la spéculation foncière.

Nous sommes conscients qu’il est très difficile pour les opérateurs du secteur immobilier de pénétrer davantage les marchés traditionnels et l’on devra redoubler d’efforts pour promouvoir la destination mauricienne.

? Maurice a perdu quelques places au classement mondial dans le rapport concernant le «Doing Business» de la Banque mondiale. Pourquoi ?

L’étude illustre les facilités et difficultés rencontrées par l’entrepreneur. Il faut faire ressortir que quand les autres pays vont de l’avant avec des réformes dans le climat actuel des affaires, la position de Maurice accuse un léger recul si les autres ont entamé des réformes plus significatives. L’analyse des indicateurs du rapport «Doing Business» constitue d’ailleurs l’un des axes de travail du «task force» nouvellement créé par le Cabinet, en partenariat avec les secteurs public et privé, pour l’élimination des lourdeurs administratives et l’application d’une réglementation judicieuse, qui profitera aussi bien à l’économie qu’à la société. Le BOI va travailler en étroite collaboration avec ce nouveau comité pour améliorer le climat des affaires.

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