C''''est avec beaucoup d''humilité et de tendresse que je vous raconte l’histoire de mon fils, Khemil, en ce jour de Noël.

Khemil est l''exemple type de la persévérance et de la témérité. En 2002, il perd sa tendre maman, Sheela, dans des conditions dramatiques, alors qu’il n’avait que 10 ans. Ne sachant pas trop quoi faire, je me décide d’émigrer au Canada pour donner une autre dimension à notre vie et aussi pour pouvoir mieux m’occuper de mes enfants. Toutefois, Khemil ne peut m''accompagner pour des raisons administratives propres au Canada.

Son dossier piétine malgré tous nos efforts. Pendant un an, il se voit privé de son père et de son frère aîné Yanish, parti en attendant pour des études en France. C’est tout un pan de son univers qui s’effondre. Au Collège du Saint-Esprit où il étudie, les profs se relaient pour rendre sa solitude moins pénible et le soutiennent de manière continue. Ils sont aux petits soins pour celui dont la maman, ancienne prof du Collège, avait tant contribué.

C’est ainsi que le petit Khemil, si chétif et vulnérable, tente de faire face à une vie dont il ne s’y est pas préparé en se tenant sur ses propres jambes. Il développe un esprit combatif, faisant de son mieux dans ses études, au Conservatoire de musique où il continue à étudier, et sur le terrain de foot du collège, où les profs se font un plaisir de l’entraîner, quand il n’est pas avec Rushil, son cousin préféré. Sa tante et toute sa famille d’adoption ainsi que ses nombreux parents le soutiennent et l’aident à surmonter ses peines.

Sa Noël, jadis empreinte de chaleur familiale et conviviale, il la passe sous le toit de sa famille adoptive. Après maints efforts, il parvient finalement à me rejoindre par un janvier hivernal à souhait à Toronto. Une couche de neige très épaisse recouvre les trottoirs de Warden et Finch, alors que nous cherchons un lieu où habiter. Bien que petit et à peine vêtu pour la circonstance, Khemil essaye de me protéger des rafales glaciales en marchant devant moi. Nous trouvons finalement un appartement dans le sous-sol d’une maison.

Khemil, lui, se sent déjà comme un prince ayant retrouvé son château. Mais le gros et méchant propriétaire, M. Philippe, y règne en maître des lieux imposant des conditions inhumaines lorsqu’on ne cède pas devant ses caprices et ses efforts de nous extirper de l’argent autre que le loyer. Alors que Khemil continue à entretenir des relations civilisées avec lui.

Je finis par acheter mon condo (appartement), lui donnant ainsi l’occasion de mieux s’épanouir. C’est ainsi qu’au fil du temps, il retrouve ses repères et se consacre à fond à ses études quand il n’est pas avec ses guitares en caressant son rêve de passer pro en musique. Il apprend également à faire la vaisselle et la lessive, à laver le plancher et à cuisiner. Ses profs ne tarissent pas d’éloges pour la façon dont il se consacre à ses études. Il se permet même de décrocher des distinctions au passage. Entre-temps, il obtient sa citoyenneté canadienne et se prépare à faire face à d’autres défis: ses études supérieures.

La façon dont il m’a aidé à apporter des meubles dans notre immeuble m’a fait chaud au cœur. Lorsque nous faisons les vitrines des magasins, c’est lui qui veut me faire des cadeaux de Noël. Il continue à me prodiguer des conseils sur la façon de me protéger des dangers de la route ou lorsqu’on est face à des inconnus.

Alors qu’il dort à poings fermés, je me remémore encore du petit Khemil au temps où il n’était pas plus haut que trois pommes, à toujours cueillir des fleurs sauvages pour les apporter à sa maman lors de nos randonnées dans la nature. Il a certes un long chemin encore à faire et, comme tout le monde, doit accomplir son karma. Celui de Khemil m’inspire et éveille en moi un respect profond pour quelqu’un pour qui la vie n’a pas été toujours tendre. En ce jour de Noël, j’ai voulu partager cette histoire avec vous. Elle est le témoignage d’un effort et, surtout, d’une foi dans la vie…