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Kim Darga : « La réussite, c’est voir l’autre heureux »

9 mars 2010, 10:10

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Bouddhiste  convaincue, la consultante en Hotel Management et aussi épouse de l’ex-ministre Amédée Darga  parle à l’express ID d’humanisme et de spiritualité.

? Kim Darga, qui êtes-vous ?

Une personne qui s’est toujours intéressée aux gens, qui a voulu voir derrière le masque, le statut social ou la profession, et ce depuis mon enfance. Je ne m’arrête pas à ce qu’il y a à la surface. J’examine, j’écoute, je regarde.

? Sur le plan professionnel ?

Je fus parmi les premières femmes à étudier le tourisme et l’hôtellerie. A cette époque, ce n’était pas une filière connue. De plus, comme je suis issue du Queen Elizabeth College, mes parents s’attendaient plutôt à un parcours plus traditionnel, en médicine ou en droit par exemple.

Sinon, j’ai été formatrice de ressources humaines chez PriceWaterhouse Coopers et également consultante dans les ressources humaines. J’ai été très impliquée dans le Change Management, pour aider les gens à mieux gérer les changements en entreprise, comme les rachats, les affiliations et autres.

Ces derniers génèrent de la détresse chez les employés et c’était mon rôle de l’atténuer. Il ne faut pas se leurrer en croyant que tout va pour le mieux quand le changement se fait vite. Après, ça fait boom ! Il ne suffit pas de dépenser beaucoup, mais il faut aussi considérer que tout se fait selon un rythme, comme dans la nature. J’ai aussi enseigné à l’Université de Maurice dans le domaine du Hotel Management.

? Et ensuite vous êtes partie ?

Ensuite je suis partie pour découvrir les gens, leur profondeur. Pour moi, la réussite c’est moins l’argent que de voir l’autre heureux. Dans toute entreprise, il y a la question d’argent, mais il faut aussi le sentiment des gens. Il faut que leur travail les rende heureux. Je crois fermement que nous pouvons trouver le bonheur au travail, si nous trouvons notre place, mais aussi en comprenant quels sont nos atouts.

? Et le côté spirituel? Vous êtes bouddhiste…

Spirituel ne veut pas forcément dire bouddhiste, catholique ou autre. J’ai suivi cette philosophie, cela me convient peut-être plus, pour le moment. Je ne sais pas si jusqu’à la fin de ma vie ou dans une autre vie je serai toujours bouddhiste. J’ai grandi avec le bouddhisme en toile de fond, en grande partie grâce à ma grand-mère. Mais j’ai longtemps pensé qu’il ne s’agissait que de rites, si ce n’est de superstitions, et j’ai tourné le dos à tout cela. J’ai cherché ailleurs. Cela m’a été bénéfique en me permettant d’avoir une ouverture sur les autres religions. Cela n’aurait pas été le cas si j’étais restée bouddhiste. Je n’aurais pas épousé mon mari Amédée pour commencer. Cela m’a aidé à aller vers les autres, à comprendre ce qu’ils ont : j’ai pratiqué la méditation hindoue, j’ai jeûné avec mes amis musulmans, j’ai participé au Cavadee. J’ai aussi beaucoup voyagé, en Afrique notamment. Tout cela pour retourner doucement vers les miens. Cela m’a permis de revenir au bouddhisme et de comprendre ce que je ressens.

? La femme mauricienne, en 2010, fait face à beaucoup de pressions, de responsabilités. Pensez-vous que cela les aiderait de développer leur part spirituelle ?

Les femmes, parce qu’elles ont été cantonnées à un certain rôle, n’ont pas réalisé leur force. Elles voyaient des choses, voulaient apporter des changements, sans pouvoir le faire. On rencontre beaucoup plus de religieuses que de religieux à Maurice. Dans le bouddhisme, une des figures religieuses à laquelle je tiens particulièrement, c’est Kwan Yin. Elle a plusieurs formes et, dans sa forme puissante, elle a 11 têtes, 10 pour porter différents chapeaux, différentes fonctions. Elle a 1 000 yeux et entend tous les cris du monde. Elle a 1 000 bras pour résoudre les problèmes. Mais une de ses têtes est une tête de monstre, pour punir si besoin est. C’est comme ceci que je vois la femme : aimante et pleine de compassion, incarnant diverses fonctions, mais qui doit aussi réagir face au mal.