Le docteur en démographie et ancien cadre du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)  discute du vieillissement de la population.

Le G20 pousse Pékin à stimuler la consommation. Les Chinois sont peut-être mieux avisés que les Occidentaux sur l’épargne

Le rapport consommation/épargne, le vieillissement de la population et la politique de faible fécondité illustrent les interrelations population/développement. Avec plus de 400 millions de vieux en 2050, le paysage économique et social chinois devient forcément inquiétant ! Seuls les fonctionnaires et les travailleurs des grandes entreprises ont un plan de pension. 70% de la population doit compter sur les enfants. La Chine sera confrontée au problème du 4-2-1, un couple ayant à sa charge un enfant et quatre grands-parents. Avec un fort taux d’épargne, la Chine peut investir maintenant pour fi nancer les déficits à venir du système de pension. D’où cette prudence au niveau de la consommation.

Selon l’Organisation internationale des migrations, «ces quatre prochaines décennies, le monde en développement peut facilement devenir la source d’autant d’actifs que nécessaire dans les pays développés»

Il est évident qu’avec le vieillissement de la population, le manque de main-d’œuvre va se faire sentir de plus en plus. Le déficit en ressources humaines dans les pays ouverts à l’immigration – Etats-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande – est connu, ainsi que le nombre de  professionnels manquant pour assurer la croissance. Certes, les pays en développement peuvent être cette source d’actifs, mais se pose le problème d’exode de cadres des pays pauvres.

A Maurice, la décision de repousser l’âge de la retraite pourrait-elle aider à  surmonter les problèmes du vieillissement de la population ?

Nécessaire, mais insuffisant. La baisse de la fécondité et l’augmentation de l’espérance de vie font que notre population vieillit. Le taux de dépendance de la population active va augmenter. Outre la pension, il faut voir les questions liées à la santé publique, la sécurité, la dépendance sur les jeunes Au niveau économique, les modes de production ne pourront plus compter
sur les entreprises à forte intensité de main-d’œuvre. Il est donc nécessaire de voir dès  maintenant, ces interrelations population/développement.

Il y a un an, vous avez déclaré : «Nous devons nous considérer comme des habitants de la Terre et pas de Maurice». Faut-il encore que les frontières des pays qui les intéressent soient ouvertes aux Mauriciens ?

Les pays développés sont obligés de recruter ailleurs. Avec le vieillissement de leur population, ils n’ont pas le choix. Lorsque je parle de migration, ce n’est pas pour satisfaire l’agenda des pays développés. La migration constitue une possibilité de nous ouvrir sur le monde. Je pense à  l’échange et aux bienfaits, pas seulement économiques, pour Maurice. Et si nos arrièregrands-parents n’avaient pas pris le bateau pour venir ici ?

LExpress Dimanche