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L’économie réunionnaise souffre de plus en plus de la conjoncture internationale
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L’économie réunionnaise souffre de plus en plus de la conjoncture internationale
A l’exception du tourisme et de l’agriculture, tous les secteurs économiques ont commencé à ressentir les effets de la crise au troisième trimestre.
L’enquête de conjoncture publiée en octobre par Ipsos avait déjà fait apparaître de nombreux signes de détérioration du climat d’affaires. Celle que vient de boucler l’Iedom (Institut d’émission des départements d’Outre-mer) confirme le ralentissement de l’économie réunionnaise au troisième trimestre. Préoccupés par un contexte international de plus en plus dégradé, les chefs d’entreprise réunionnais ont continué à ajuster leurs effectifs. Dans le droit fil des tendances observées depuis janvier, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 a progressé de 7,2 % et celui des chômeurs indemnisés de 4,4 % entre juin et septembre 2008. A la lecture des chiffres publiés par l’Iedom, on pourrait croire que la consommation des ménages n’a pas été influencée par cet environnement dégradé. Contrairement aux trimestres précédents, les recettes d’octroi de mer et celles de la TVA ont augmenté de plus de 6 points, un chiffre relativement bon. En réalité, le constat est selon l’Iedom beaucoup plus nuancé. D’abord parce que le bilan mitigé des soldes d’hiver et la baisse en glissement annuel des ventes de voitures atténuent cette appréciation positive. Ensuite parce que la consommation des ménages n’a pas atteint le niveau observé un an auparavant.
Dégradation de la trésorerie des entreprises
La décélération du rythme de la consommation par rapport à 2007 s’accompagne d’un tassement de l’investissement. Sous l’effet conjugué du durcissement des conditions d’acquisition des biens immobiliers et des incertitudes relatives à la défiscalisation, la progression des crédits à l’habitat est restée limitée au troisième trimestre. L’Iedom note également un recul des investissements des entreprises, estimé à travers le fléchissement en valeur des biens d’équipement. Ce premier indicateur est corroboré par la dégringolade des ventes de véhicules utilitaires, ainsi que par un ralentissement de la croissance des crédits octroyés par les banques locales. A l’exception du tourisme qui s’est redressé au troisième trimestre et de l’agriculture, tous les secteurs économiques ont souffert au cours de ces derniers mois. Dans l’industrie agroalimentaire, la plupart des branches (céréales-riz, salaisonnerie, produits laitiers et boissons) enregistrent une contraction de leur courant d’affaires. Signe supplémentaire d’une conjoncture difficile, les entreprises déplorent une augmentation de leurs charges d’exploitation, ainsi qu’une dégradation de leur trésorerie. Ce qui est valable pour l’agroalimentaire l’est également pour l’industrie manufacturière (plasturgie, imprimerie, métallurgie...). Tous ces acteurs sont confrontés à un accroissement de leurs stocks de matières premières et de produits finis. Le déclin de ces différents marchés n’est pas vraiment surprenant lorsqu’on regarde de plus près l’évolution de l’activité du BTP entre juin et septembre. Au cours de cette période, le volume d’affaires du bâtiment et des travaux publics s’est essoufflé. Alors que le second oeuvre tire relativement son épingle du jeu, le gros oeuvre est particulièrement victime de la décrue du marché de la construction de logements privés. Il y a bien sûr d’autres explications à la fébrilité qui s’est emparé du secteur depuis quelques mois. Le report de chantiers publics d’envergure (arrêt du pôle Océan, remise en cause de la rocade du Tampon...) ainsi que l’achèvement proche de certaines infrastructures (route des Tamarins) pèsent sur le dynamisme de la filière fait remarquer l’Iedom dans sa note. C’est assez rare pour le souligner : les experts de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer ne sont pas vraiment optimistes aujourd’hui. Conformément aux anticipations des chefs d’entreprise, l’Iedom admet que la conjoncture pourrait continuer à se dégrader en 2009, notamment en raison du trou d’air prévu de la commande publique et des répercussions de la crise mondiale sur l’économie locale. Voilà l’opinion publique prévenue.
Florent Corée
Journal de l’île de la Réunion
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