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La braise des années

27 janvier 2013, 00:00

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Tenue et retenue ! L’annonce par Paul Bérenger du diagnostic de ses médecins restera un grand moment dans la biographie déjà riche de l’homme, rappelant son exceptionnelle force de caractère. Si des jeunes se demandaient comment le sexagénaire en apparence désorienté qu’ils ont connu ces dernières années avait pu conquérir l’aura que lui voient les plus âgés, qu’ils se réfèrent à cette conférence de presse de mercredi dernier. Qu’ils imaginent ce qui motiva, voilà quarante ans, ceux qui se nourrirent alors de l’illusion que cet homme- là ne fl échirait pas.

Elles furent radieusement fraternelles notre démocratie, notre république, lorsque même les plus farouches adversaires de Bérenger, après avoir appris la nouvelle de sa maladie, se hâtèrent pour lui exprimer leurs voeux de prompt rétablissement, le Parti travailliste invitant même ses partisans à prier pour la santé du leader de l’opposition. C’est fort, c’est grand, c’est Maurice.

Doit- on croire à un quelconque leadership possible de Ganoo ? Silencieux, cherchant l’ombre des pas de son maître pour y placer les siens, l’homme fait penser aux gardes du roi, dans l’ Antigone d’Anouilh, ceux que la princesse en révolte décrit comme les « auxiliaires toujours contents de la justice de Créon » . Le nouveau leader de l’opposition est susceptible, par ailleurs, d’offrir à nos salles de rédaction une fort belle illustration des limites de la vie privée, des glissements qui exposent certaines de ses facettes à relever de l’intérêt public. En septembre 2002, on eut confirmation que M. Ganoo, alors qu’il occupait les fonctions de ministre des Terres et du Logement, avait calmé les ardeurs d’une ancienne maîtresse un peu trop envahissante en lui faisant octroyer ( registre TB 142 n° 120 d’avril 1997) une portion de State Land. Dans une école de journalisme, on rappellera que les galipettes sont privées et n’intéressent personne. Mais que l’octroi abusif d’une part de patrimoine public doit être revealed and exposed . Dans le cas présent remembered or reminded of. D’autant plus, et cela parut très inquiétant alors, que Bérenger avait trouvé que la largesse de son collègue n’était « pas grave » . Tiens, puisque nous en sommes aux rappels, on pourrait aussi évoquer ce rapport de l’Unifi ed Revenue Board, datant de 1998, faisant état de l’institution illégale d’un comité pour revoir les propositions du Town & Country Planning Board ( TCPB) pour la ville de Vacoas- Phoenix, rapport notant que cet « illegally set up committee proceeded to modify the outline scheme » . Ce comité, rappelons- le, avait été constitué par Alan Ganoo qui en faisait lui- même partie, de même que le secrétaire du TCPB, Ibrahim Moos, ce dernier nommé par le ministre à ces fonctions en dépit des procédures et règlements.

Alan Ganoo a toujours fait valoir que ses décisions furent judicieuses et qu’il avait la conscience claire. Reste qu’on ne peut pas empêcher, même avec la meilleure volonté du monde, que ça fasse un peu désordre. Monsieur le leader de l’opposition.

Cela fut noté, la question fut posée voilà bientôt cinquante ans : « Auronsnous un jour, à Maurice, au moins deux partis nationaux dont les bases seraient indépendantes de la composition ethnique de la population et dont chacun, après l’autre, pourrait aspirer à une stable majorité et au gouvernement du pays pour une durée raisonnable ? » C’était dans l’express du 21 décembre 1963, sous la signature de son rédacteur en chef d’alors, le Dr Philippe Forget. Un demi-siècle plus tard, notre réponse à la question a- t- elle évolué ? Nous avons aujourd’hui ces deux partis. Sont- ils capables d’adopter un protocole de ce qui leur serait à tous les deux permis, à tous les deux interdit. Pour une ligne de division enfin politique.