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La Chine sur le point de réformer le Parti et l''État ?
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La Chine sur le point de réformer le Parti et l''État ?
Il est "urgent" de réaliser des réformes politiques au sommet de l''''État et dans la direction du Parti communiste chinois (PCC) afin de poursuivre le développement économique de la Chine, a affirmé mercredi le Premier ministre Wen Jiabao.
"Si la réforme politique n''aboutit pas, la réforme économique ne pourra pas être menée à bien" et "les nouveaux problèmes apparus dans la société ne pourront pas être fondamentalement résolus", a averti le chef du gouvernement lors de sa conférence de presse annuelle.
Se démocratiser peu à peu
Alors qu''un scrutin municipal inédit s''est déroulé ce mois-ci dans une bourgade du sud de la Chine, où les habitants ont voté librement quelques semaines après s''être rebellés contre leurs cadres communistes corrompus, M. Wen a assuré que la Chine pourrait se démocratiser peu à peu à travers des expériences au niveau local. "Si le peuple est capable d''administrer un village, alors il peut administrer les affaires d''une commune et d''un district, donc nous devons encourager le peuple à poursuivre avec audace sur cette voie en lui permettant de se rôder", a assuré le Premier ministre.
"Nous sommes persuadés que la démocratie à la chinoise va continuer à progresser en ligne avec le développement du pays, c''est un processus qu''on ne peut stopper", a-t-il poursuivi. Sur le plan économique, M. Wen a souhaité que l''objectif de croissance du pays limité à 7,5% cette année se traduise par une meilleure protection des ressources et de l''environnement. La monnaie chinoise a atteint un niveau "proche de l''équilibre", a aussi assuré le Premier ministre, alors que le yuan est considéré comme sous-évalué par les principaux partenaires commerciaux de la Chine, ce qui confère selon eux aux produits chinois un avantage compétitif indu.
Ces dernières années, Wen Jiabao a appelé à plusieurs reprises à des réformes politiques en Chine, sans préciser sa pensée sur la nature des évolutions qu''il souhaitait. M. Wen, qui achève son mandat en 2013, avait notamment fait de telles déclarations en août 2010 dans la ville méridionale de Shenzhen. Ces propos avaient suscité des spéculations sur des dissensions au sein du régime communiste, apparemment ébranlé par une montée en force de responsables prêts à concéder davantage de libertés au peuple chinois. Une interview de M. Wen à la chaîne de télévision américaine CNN sur le même thème des libertés politiques avait ensuite été censurée dans son propre pays.
La démocratie prend la tête
Les aspirations démocratiques des Chinois sont de plus en plus en décalage avec celles des autorités communistes, à en croire les résultats d’un sondage inédit, publié mardi par l’édition anglaise du Huanqiu Shibao (Global Times), une filiale du Quotidien du peuple. Plus de 63% des Chinois jugent désirable l’adoption d’un «système démocratique à l’occidental», selon cette enquête, qui a été réalisée sur un échantillon national de 1 010 personnes. La majorité d’entre eux doutent qu’un tel système d’élections libres et de séparation des pouvoirs soit «réalisable» dans les circonstances présentes, mais 15,7% jugent cet objectif d’ores et déjà «applicable».
Le résultat singulier de ce sondage, et le fait qu’il soit publié, est surprenant, car il implique que cette tranche de 15,7% de la population souhaite une disparition, immédiate ou rapide, de l’actuelle dictature du parti unique. Une autre question sans ambiguïté posée par les sondeurs renforce cette interprétation. Plus de 49% des personnes interrogées disent en effet s’attendre plus ou moins à une nouvelle «révolution». Plus de 15% d’entre elles pensent que la Chine est «certainement au bord d’une nouvelle révolution», tandis que 34% estiment qu’elle est «peut-être au bord d’une nouvelle révolution».
Ce sondage potentiellement subversif n’a été publié qu’en anglais. Ni l’édition chinoise du Global Times ni le reste de la presse en chinois n’en a soufflé mot. Cette audace des journalistes du Global Times, qui risque fort d’être punie par le Bureau de la propagande, semble illustrer un débat interne entre partisans et opposants à une authentique réforme politique. Samedi, Wu Bangguo, président de l’Assemblée nationale populaire, actuellement en session, a affirmé qu’il est «hors de question» que la Chine se démocratise à l’occidentale.
Le système actuel, baptisé «socialisme aux caractéristiques chinoises», durera «pendant très longtemps encore», a-t-il assuré en appelant les députés de l’Assemblée à «bannir les idéologies et les théories erronées». Wu Bangguo a plaidé pour que le Parti communiste maintienne la tutelle absolue qu’il exerce sur le gouvernement et l’appareil législatif et judiciaire.
Sources : Le Point.fr & Libération.fr
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