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La Corée du Nord invite les étrangers à évacuer le Sud
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La Corée du Nord invite les étrangers à évacuer le Sud
La Corée du Nord a fait monter d’un cran la menace d’un conflit imminent avec les Etats-Unis et la Corée du Sud, mardi, en invitant les ressortissants étrangers à évacuer le territoire de son voisin pour ne pas être pris au piège d’une «guerre sans merci, sacrée et vengeresse».
Cette mise en garde n’a pas eu plus d’effet que les précédentes déclarations va-t-en-guerre de Pyongyang à l’égard de Séoul. Les Sud-Coréens continuaient mardi à vaquer normalement à leurs occupations.
Rien ne semble indiquer que l’armée nord-coréenne, forte de 1,2 million d’hommes, se prépare au combat. Les analystes estiment que la rhétorique belliqueuse de Pyongyang vise en partie à asseoir la légitimité de Kim Jong-un, 30 ans, qui a succédé à son père il y a un peu plus d’an.
La Corée du Nord n’en continue pas moins à monter toute seule sous pression. Mardi, la télévision d’Etat a soigné son effet dramatique en interrompant ses programmes pour transmettre l’avertissement aux étrangers.
Un peu plus tôt, Pyongyang avait provoqué de facto la fermeture de la zone d’activité économique de Kaesong, gérée conjointement avec Séoul, aucun employé nord-coréen ne s’y étant présenté mardi matin.
Les autorités nord-coréennes avaient annoncé lundi qu’elles avaient l’intention de suspendre sine die les activités du complexe industriel, que le gouvernement de Séoul cherchait selon elles à transformer en «foyer de conflit».
L’avertissement aux étrangers a d’abord été rapporté par l’agence de presse officielle KCNA, qui a prévenu qu’une fois que le conflit aurait éclaté, la Corée du Nord mènerait «une guerre totale, sans merci, sacrée et vengeresse».
«Nous ne souhaitons aucun mal aux étrangers qui se trouvent en Corée du Sud si la guerre éclate», a précisé l’agence, citant le Comité coréen pour la paix dans la région Asie-Pacifique.
«Le Comité informe toutes les institutions étrangères, les entreprises et les ressortissants étrangers, y compris les touristes (...) qu’ils doivent prendre des mesures pour se mettre à l’abri et évacuer à l’avance (le territoire sud-coréen) pour leur propre sécurité.»
La semaine dernière, la Corée du Nord avait invité le personnel des missions diplomatiques présentes sur son territoire à faire de même d’ici mercredi. Aucune d’elles n’a apparemment suivi son conseil.
L’hypothèse d’une provocation nord-coréenne - tir de missile ou essai nucléaire - n’est cependant pas totalement écartée.
De source gouvernementale sud-coréenne, on rapporte que Séoul surveille avec attention un missile nord-coréen à moyenne portée qui a été transporté sur la côte Est de la péninsule et qui serait prêt à être tiré. «Sur le plan technique, ils peuvent le lancer dès demain (mercredi)», dit-on.
Selon une source à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul, la consigne émise la semaine dernière - pas de menace imminente pour les ressortissants américains - reste cependant d’actualité. «Tous nos employés sont au bureau aujourd’hui. Nous n’avons évacué personne», a assuré ce diplomate.
L’avertissement nord-coréen aux étrangers n’a pas davantage ému la Bourse de Séoul, qui a légèrement rebondi mardi après avoir perdu 4 % les quatre jours précédents.
Les entreprises sud-coréennes qui ont des activités dans la zone industrielle mixte de Kaesong sont en revanche plongées dans l’incertitude. Un porte-parole de Taekwang Industrial a dit que la production de la société textile et d’au moins deux autres sociétés était interrompue faute de main-d’oeuvre.
Le complexe de Kaesong emploie plus de 50.000 Nord-Coréens et constitue une source majeure de revenus pour Pyongyang, avec deux milliards de dollars par an.
«Ils emploient la thérapie de choc parce que, quoi qu’ils en disent, s’ils fermaient Kaesong, les pertes ne seraient pas minces», juge Moon Seong-mook, général de brigade à la retraite qui a participé à des négociations militaires avec le Nord. «Il s’agit juste d’une nouvelle carte qu’ils abattent en vue de négocier avec la Corée du Sud.»
Alors qu’avec Kaesong ferme le dernier vestige de la politique de rapprochement entre les deux Corées, la Chine et la Russie ont de nouveau appelé au calme mardi.
«Nous appelons toutes les parties à garder à l’esprit la paix et la stabilité régionale», a dit le porte-parole de la diplomatie chinoise.
A Moscou, le ministère des Affaires étrangères a davantage exprimé son agacement en se disant solidaire des autres pays du G8 pour condamner «l’actuelle ligne de conduite provocatrice et belliciste de Pyongyang».
Le secrétaire adjoint à la Défense américain, Ashton Carter, a assuré de son côté que Washington et Moscou étaient d’accord pour demander à Pékin d’exercer son influence pour ramener à la raison la Corée du Nord, dont la Chine est le seul véritable allié et partenaire commercial.
A Bruxelles, un représentant de l’Union européenne a qualifié la situation de «tendue et potentiellement instable», tout en assurant que les «27» ne voyaient qu’un «risque limité» de conflit armé.
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