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La politique et le statut d’un ancien président sont-ils incompatibles?

25 janvier 2010, 13:23

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Un ancien président de la République de Maurice peut-il faire de la politique active ?

Cassam Uteem :- Absolument. Il n’y a aucune loi qui empêche un ancien président de Maurice de le faire. Cela se fait ailleurs.

On pourrait citer, entre autres, le cas de Valéry Giscard d’Estaing, qui a été député à l’Assemblée Nationale après avoir été Président de la république française.

En raison de la polémique que l’éventuel engagement d’un ancien président dans la politique active suscite – polémique qui d’ailleurs ne vous a pas épargné - ne faudrait- il pas élaborer une législation en vue de préciser ce qu’un ancien président peut et ne peut pas faire ?

-Je suis en faveur de l’institution d’un comité de tous les partis dont l’objectif sera de se pencher en profondeur sur la fonction du président de la république pendant la durée de son mandat et après.

Vos prises de position ne dissimulent- elles pas un projet d’engagement dans la vie politique active ?

Je n’ai jamais déclaré que je serais candidat dans une quelconque élection.

Par contre, cela fait un bout de temps depuis que je réfléchis sur la pertinence d’un engagement dans la vie politique active. Peu importe l’aboutissement de ma réflexion je vais continuer à donner mon avis sur tout ce qui touche à la société mauricienne, y compris la politique, lorsque cela s’avère nécessaire.

En cas d’un retour à la vie politique active, un ancien président doit-il automatiquement perdre les privilèges dont il jouit ?

Pas du tout. Il existe des précédents.

Les Premiers ministres feu sir Seewoosagur Ramgoolam et sir Anerood Jugnauth sont respectivement revenus en politique en 1982 et 1995 après une défaite électorale.

On ne leur a pas demandé d’abandonner leurs privilèges en tant qu’anciens premiers ministres. Il en est de même pour d’anciens fonctionnaires qui s’engagent dans la politique active. Je ne comprends pas pourquoi cette même règle ne devrait pas s’appliquer à un ancien

Président de la république au cas où il s’engage dans la politique active.

-Imaginons que vous vous engagez en politique, vous êtes élu député et êtes nommé ministre.Le maintien de vos privilèges présidentiels est-il justifié ?

Absolument. Toutefois, la loi prévoit qu’un ancien Président ne peut prendre un emploi rémunérateur. Si je suis donc dans ce cas, je reverserai mes allocations parlementaires ou ministérielles au sein d’un fond destiné à combattre la pauvreté.

Pourquoi êtes-vous résolument contre le retour d’un ancien président à la politique active ?

Karl Offman: - Je tiens à préciser que l’expression de mon opinion ne s’inscrit pas dans la mouvance d’une quelconque polémique contre qui que se soit. Quand une personnalité politique choisit volontairement de renoncer à la politique active pour assumer la haute fonction de la responsabilité présidentielle,  elle a une obligation d’éthique de réserve pour le restant de ses jours par rapport à la politique active et politicienne.

Ce n’est pas une question de droit et de légalité. Cela relève d’un engagement solennel de celui qui fait ce choix. C’est mon opinion.

Voulez-vous insinuer que la retenue qu’un ancien président devrait s’imposer lui enlève le droit et la liberté de s’exprimer ouvertement ?

Pas du tout. Le statut que confère la fonction de président de la république à un citoyen impose des obligations morales qui vont au -delà de la durée de son mandat. D’où la nécessité d’observer une certaine retenue après un mandat de président.

Cela implique entre autres que l’intéressé garde une certaine réserve discrète lorsqu’il a des choses à dire.

Il ne doit pas s’exprimer comme le ferait le membre d’un parti politique.

Il ne doit pas le faire en public. Il n’est pas difficile de trouver une formule ou une plate-forme où un ex-président peut faire entendre sa voix.

Lorsqu’un citoyen accepte la position de président de la république, il choisit d’être au-dessus de la mêlée. Il observe une neutralité totale. Il n’a certes pas de pouvoir exécutif. Il a un pouvoir moral. Même si aucune loi ne l’y oblige, il a le devoir d’observer cette neutralité dans ses faits et ses gestes au-delà de son mandat.

Une autre école de pensée estime que le renoncement à ses privilèges devrait suffire pour mettre fin à l’obligation de retenue en matière politique à laquelle un ancien président est tenue de respecter. Qu’en pensez-vous ?

On peut considérer ces privilèges comme l’expression de cette obligation morale attachée à la fonction de président au delà du mandat du titulaire. Pour assouplir ma position à ce sujet, je pourrais tenter de me souscrire à une formule aux termes de laquelle, un ancien président élu député ou nommé comme ministre puisse temporairement renoncer à ses privilèges présidentiels le temps que dure son mandat de député ou de ministre. Je dois malheureusement avouer que cette formule n’a pas suffisamment de vertu et de substance pour justifier une remise en cause de la neutralité qu’un ancien président est tenue d’observer.