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La présence de Lech Kaczynski, cause de l''accident de Smolensk
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La présence de Lech Kaczynski, cause de l''accident de Smolensk
La présence du président polonais à bord de l''''avion qui s''est écrasé en Russie en avril dernier a exercé une pression psychologique sur l''équipage et précipité l''accident, conclut une enquête officielle russe.
La présentation publique mercredi de ce rapport sur la catastrophe aérienne qui a coûté la vie au président Lech Kaczynski a entraîné une vive réaction de Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du défunt et dirigeant du parti d''opposition PiS.
Le rapport manque de preuves, est unilatéral et insulte la Pologne, a-t-il dit à Varsovie, parlant de "plaisanterie".
Des responsables de l''aviation russe ont déclaré à Moscou que les pilotes polonais avaient maintenu leur décision d''atterrir malgré les mauvaises conditions météorologiques parce qu''ils redoutaient la colère du président s''ils se déroutaient.
Lech Kaczynski, son épouse Maria et 94 autres personnes, dont nombre de hauts responsables polonais, ont péri le 10 avril dernier dans l''accident survenu par un épais brouillard, près de Smolensk, dans l''ouest de la Russie.
"Le rapport fait porter l''entière responsabilité sur les pilotes polonais et la Pologne sans aucune preuve (...) Le rapport est une plaisanterie contre la Pologne", a dit Jaroslaw Kaczynski lors d''une conférence de presse.
"Mon frère ne manifestait aucune tendance suicidaire", a-t-il assuré en rejetant des allégations selon lesquelles la présence du président à bord de l''avion aurait exercé une pression psychologique sur l''équipage et précipité l''accident.
La Commission de l''aviation civile russe (IAC) a organisé une conférence de presse au cours de laquelle elle a diffusé un extrait de l''enregistrement de vol. On y entend un des membres de l''équipage dire en polonais que Kaczynski "va être furieux".
Risque de tensions
Pour Tatiana Anodina, présidente de l''IAC, la décision d''atterrir malgré les mauvaises conditions météorologiques constitue la cause directe de la catastrophe.
"D''un côté, le pilote savait que l''appareil ne pouvait pas atterrir dans ces conditions, et d''un autre côté, il y avait une pression très forte à bord pour poser l''appareil", a-t-elle déclaré au cours de la conférence de presse.
Selon elle, la présence du président Kaczynski à bord et de plusieurs dignitaires, dont Andrzej Blasic, chef de l''armée de l''Air polonaise dans le cockpit, a pesé sur la décision du pilote. Ce dernier a renoncé à l''option qu''aurait dû imposer la prudence, ne pas atterrir et gagner un autre aéroport.
"La réaction négative attendue de la part du principal passager" à un report de l''atterrissage "a mis les membres d''équipage sous pression psychologique et influencé leur décision de procéder à l''atterrissage", a dit Tatiana Anodina. Elle a fait état de la présence de traces d''alcool dans le sang d''Andrzej Blasic.
La Russie avait remis le mois dernier un rapport préliminaire aux autorités polonaises, sans en révéler la teneur. Donald Tusk a écourté mercredi des vacances de ski à l''étranger pour revenir en Pologne afin de discuter du rapport. Le mois dernier, il avait jugé inacceptable une première version du rapport russe.
Me Rafal Rogalski, qui représente des familles de victimes dont la famille Kaczynski, a lui aussi jugé le rapport inacceptable. "En matière d''enquête, les familles veulent la vérité (...) pas la présentation d''un seul point de vue sans prendre en compte des arguments pesant aussi sur la partie russe", a-t-il dit.
La catastrophe a donné lieu à des manifestations de sympathie du Kremlin envers la Pologne, pays avec lequel ses relations sont traditionnellement délicates après des décennies de maintien de Varsovie dans la sphère d''influence soviétique.
Un haut responsable du ministère polonais des Affaires étrangères a estimé mercredi que le rapport risquait de détériorer les relations bilatérales.
"On dirait que nos remarques sur le rapport n''ont absolument pas été prises en compte. Il nous faut encore analyser le rapport en détail, mais bien sûr il y a un risque que ce soit le point de départ de problèmes (entre la Pologne et la Russie)", a-t-il dit sous le sceau de l''anonymat.
Kaczynski et sa suite se rendaient en Russie pour rendre hommage aux milliers de Polonais massacrés en 1940 à Katyn par la police secrète de Staline.
(Source : Reuters)
 
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