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La question afghane resurgit aux Etats-Unis
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La question afghane resurgit aux Etats-Unis
La mort d''''Oussama ben Laden ne devrait pas manquer d''alimenter aux Etats-Unis le débat sur la guerre en Afghanistan et renforcer le camp de ceux qui militent en faveur d''un retrait accéléré des troupes américaines.
Le président Barack Obama a fait de la défaite d''Al Qaïda son objectif prioritaire en annonçant, après de longues semaines de réflexion en décembre 2009, l''envoi de 30 000 hommes en renfort. Le gouvernement américain admet depuis longtemps que le nombre d''agents d''Al Qaïda en Afghanistan ne dépasse sans doute pas quelques dizaines. Mais ses responsables soulignent qu''un retour au pouvoir des talibans pourrait permettre au pays de devenir à nouveau un refuge pour les djihadistes, comme lors de la période 1996-2001.
"La question qu''il faut se poser désormais est la suivante: pouvons-nous protéger nos intérêts vitaux et nous retirer plus vite que prévu ?" déclare Daniel Serwer, professeur à l''université John Hopkins.
Les analystes américains sont convaincus que Ben Laden, le plus puissant symbole de l''islamisme armé, ne jouait plus de rôle opérationnel important depuis longtemps. Pour cette raison, ils ne jugent pas que sa mort réduira les risques émanant de cette région pour les Etats-Unis.
La Maison blanche a souligné mardi que le décès du chef d''Al Qaïda ne modifierait en rien le calendrier de retrait des forces américaines d''Afghanistan, qui doit débuter en juillet. "Le rythme de ce retrait sera déterminé par les conditions sur le terrain", a déclaré le porte-parole Jay Carney.
Ce sentiment est partagé par le sénateur démocrate John Kerry, un proche allié d''Obama. "Avec la mort de Ben Laden, certains vont demander pourquoi nous ne quittons pas l''Afghanistan. C''est impossible", a déclaré Kerry, qui préside la commission sénatoriale des Affaires étrangères.
120 milliards de dollars par an
C''est Barack Obama lui-même qui en 2009, avait ordonné que la mission américaine soit strictement limitée à la lutte contre Al Qaïda et à l''affaiblissement des talibans, sans chercher à vaincre les insurgés islamistes.
"Je pense qu''il est difficile pour les hommes politiques qui voient partir chaque année 120 milliards de dollars vers l''Afghanistan de dire que cela ne change rien", souligne Serwer.
Depuis deux ans, l''Afghanistan crée des dissensions au sein même de l''administration Obama qui ne devraient pas manquer de réapparaître à mesure que se rapprochera la date du début du retrait des 100 000 soldats américains opérant dans le pays.
Les conseillers politiques de la Maison blanche sont résolus à tenir la promesse d''un début de retrait en juillet, les militaires prônent une approche plus prudente. Barack Obama a été critiqué pour sa faiblesse supposée en tentant de trouver un compromis entre ces deux approches.
Le sénateur Richard Lugar, membre républicain de la commission des Affaires étrangères du Sénat qui s''est rangé du côté de ceux qui doutent de l''intérêt de poursuivre la guerre, juge qu''Obama devrait livrer une "sobre analyse de ce qu''il est possible de réussir" en Afghanistan. "Avec un réseau Al Qaïda largement absent de ce pays, mais franchisé dans d''autres, l''Afghanistan n''a pas une valeur stratégique justifiant 100 000 soldats américains et un coût annuel de 100 milliards de dollars, surtout avec les contraintes budgétaires actuelles", explique-t-il.
Un ancien responsable de l''administration Bush, Peter Feaver, constate que chaque point de vue se radicalise, et prédit un débat vigoureux au cours de l''été. "Si je devais conseiller Obama, je lui dirais, profitez de cette manche victorieuse et bien gagnée, mais dès la semaine prochaine, tous les choix difficiles en Afghanistan seront toujours aussi durs", résume ce professeur à la Duke University.
Reuters
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