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La Réunion : le goût de l’ananas voyage si loin...
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La Réunion : le goût de l’ananas voyage si loin...
Saint-Denis est le berceau de la production réunionnaise des “Victoria”, sucrés et parfumés. Dans les hauts de Bois-de-
Nèfles, Barnabé Niflor a été l’un des premiers à exporter ses fruits à Rungis, en France métropolitaine.
D’un coup sec, la robuste main gantée de cuir arrache l’ananas. Barnabé Niflor, 43 ans, récolte ses fruits, un par un, sur les cinq hectares qui s’étendent dans les hauts de Bois-de-Nèfles, au-dessus du légendaire “chemin des Ananas” à Saint-Denis. “Barnabé a été l’un des pionniers de l’exportation de l’ananas”, témoigne Hervé Cailleaux, à la Chambre d’agriculture.
M. Niflor se souvient que les plantations ont été créées par son grand-père, mais n’a pas de date précise : “Moin té encore marmay”. L’exportation de gros fruits jaunes se serait développée depuis 1975, selon M. Cailleaux. Car Saint-Denis est le berceau de la production réunionnaise d’ananas. Surtout les “Victoria”, petits, sucrés et parfumés, qu’on retrouve également en Afrique du Sud, à Maurice et en Australie, dont le nom rappelle celui de la reine de l’Empire britannique.
En 2009, la Chambre d’agriculture estimait les surfaces plantées à 55 hectares sur le territoire de Saint-Denis... mais le “berceau”, touché par l’urbanisation galopante, est désormais dépassé par Saint-Benoît et ses 75 hectares. À Bois-de-Nèfles, ils sont une quinzaine de planteurs à vivre difficilement, selon M. Niflor, qui fait partie d’une Cuma (coopérative) de quatre personnes. “Parfois, on n’a pas de fruits pendant 4 à 5 mois, parce que le terrain est fatigué, il faut le laisser en jachère”.
Entre le repiquage et la récolte, “il faut attendre 16 à 19 mois”, précise l’agriculteur, qui avoue que l’hiver, ses ananas lui semblent un peu acides au goût. “On produit de 10 à 15 tonnes par hectare et il y a deux hectares en production pour l’année”.
À La Réunion, la production d’ananas varie de 10 000 à 12 000 tonnes par an, dont 80% sont consommés dans l’île. C’est le fruit d’exportation par excellence : avec 1535 tonnes (chiffre 2009), il forme 82% des exportations de fruits, très loin devant les letchis (12%), les mangues (3%), les fruits de la passion (2%) et les pitayas (1%).
À Rungis ( France) , les cartons d’ananas réunionnais sont attendus toute l’année par les consommateurs métropolitains, qui goûtent parfois un petit bout de l’île... sans forcément le savoir. Le plein de vitamines en quelques bouchées de pulpe jaune parfumée, à 10 000 km des champs de Barnabé Niflor.
Photo : Barnabé Niflor cueille les fruits d’un coup sec.
Véronique Hummel, Le Journal de l’île de la Réunion, 18 juillet 2011.
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