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La Russie souffle le chaud et le froid sur l'Ukraine
5 mars 2014, 07:19
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La Russie souffle le chaud et le froid sur l'Ukraine
Le chef d'Etat, qui s'exprimait pour la première fois en public depuis la destitution de son allié Viktor Ianoukovitch, a temporairement écarté l'idée d'une intervention armée en Ukraine, passant au terrain économique pour répondre aux menaces occidentales de sanctions.
Mais la tension n'est pas tout à fait retombée sur le terrain. Des soldats russes ont effectué des tirs de sommation lors d'une confrontation avec des soldats ukrainiens sur une base de l'armée de l'air ukrainienne.
La Russie a donc par ailleurs procédé au lancement d'un missile non armé de type Topol RS-12M depuis la région d'Astrakan, à 450 km de la frontière ukrainienne, vers une cible qui se trouvait au Kazakhstan.
Alors que le chef du Kremlin exposait son "évaluation" de la crise ukrainienne, le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé à Kiev et a annoncé un plan d'aide d'un milliard de dollars ainsi qu'une assistance technique au nouveau gouvernement.
Devant la presse, Vladimir Poutine a rappelé que la dette ukrainienne liée aux livraisons de gaz russe atteindrait près de deux milliards de dollars si Kiev n'était pas en mesure de payer sa facture de février.
Le passif actuel est compris en 1,5 et 1,6 milliard de dollars et la société Gazprom a annoncé qu'elle allait supprimer en avril le tarif préférentiel consenti à l'Ukraine.
L'intervention en Crimée s'est répercutée sur la Bourse de Moscou qui a chuté de 10% lundi, soit une perte sèche de près de 60 milliards de dollars de la valeur des entreprises russes. Vladimir Poutine a expliqué ce repli comme une décision "stratégique et temporaire" des investisseurs.
KIEV DEMANDE L'AIDE DU FMI
Les Occidentaux entendent afficher un soutien économique à une Ukraine au bord de l'asphyxie financière.
Le montage de cette assistance se ferait en concertation avec les partenaires de Washington et via un plan du Fonds monétaire international (FMI) dont une équipe d'experts est arrivée dans la capitale ukrainienne ce week-end.
Le nouveau gouvernement a demandé au FMI une aide d'au moins 15 milliards de dollars pour éviter la faillite.
Voulant éviter de se faire prendre de vitesse par les Occidentaux, comme cela a été le cas lors des négociations entre Viktor Ianoukovitch et l'opposition, Vladimir Poutine a dit que la Russie avait l'intention de contribuer aux mesures que proposerait le FMI.
Le président russe a rappelé que son pays avait promis en décembre une aide de 15 milliards de dollars à l'Ukraine après la volte-face de Viktor Ianoukovitch qui avait refusé de ratifier un accord d'association longuement négocié avec l'Union européenne.
Moscou a déjà débloqué trois milliards de dollars en décembre et s'apprêtait à verser la deuxième tranche de deux milliards quand la situation s'est embrasée à Kiev.
"Sur le principe, nous étions prêts à envisager de nouvelles étapes pour débloquer des tranches supplémentaires", a commenté Vladimir Poutine. "Mais nos partenaires européens nous ont demandé de ne pas le faire", a-t-il ajouté.
"LECTURE"
Les déclarations du chef de l'Etat russe n'ont pas apaisé les Occidentaux qui maintiennent l'idée de sanctions économiques contre Moscou. Elles pourraient prendre forme dans les prochains jours si le Kremlin ne choisit pas l'option de la "désescalade".
La Russie a déjà promis, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, de répliquer le cas échéant à toute sanction.
A Washington, Barack Obama a tourné en dérision les explications avancées par son homologue russe pour justifier l'envoi de soldats en Crimée. L'objet de la manoeuvre, selon le président américain, n'est pas de protéger les russophones.
"Le président Poutine semble avoir différents critères qui conduisent à différentes interprétations. Mais cela ne trompe personne", a-t-il commenté.
Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, est allé jusqu'à accuser Moscou, lors de son premier déplacement à Kiev depuis la chute de Viktor Ianoukovitch, de chercher un prétexte pour envahir un peu plus l'Ukraine.
Pour Vladimir Poutine, la seule "lecture" qui peut être faite des événements politiques en Ukraine est celle d'un "coup d'Etat anticonstitutionnel". C'est à la lumière de cette évaluation que le président russe se réserve le droit d'une intervention armée, mais "absolument en dernier ressort".
Il a affirmé que les hommes armés qui ont pris position en Crimée ces derniers jours appartiennent à des "forces d'auto-défense" et non à l'armée russe qui a reçu l'ordre de cesser ses manoeuvres dans la partie occidentale de la Russie.
Une mission de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) est arrivée à Kiev et devrait se rendre en Crimée pour surveiller la situation dans la péninsule.
Souhaitant apaiser les tensions sur le terrain, Moscou a accepté de rencontrer mercredi des représentants de l'Otan dans le cadre d'une réunion du conseil Otan-Russie.
Des discussions entre ministres ukrainiens et russes ont par ailleurs débuté mardi, selon le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk.
Autre concession de Moscou, Vladimir Poutine a reconnu avoir discuté récemment avec Viktor Ianoukovitch, réfugié en Russie, et lui avoir expliqué qu'il n'avait plus d'avenir politique.
Washington a de son côté promis de former des observateurs ukrainiens pour assurer le bon déroulement de la présidentielle du 25 mai, un scrutin que Moscou ne reconnaîtra pas s'il se déroule dans l'actuel climat de "terreur".
Signe de la méfiance qui persiste dans la région, la Turquie a fait décoller d'urgence huit chasseurs F-16 après qu'un avion de surveillance russe a été signalé volant le long de sa côte sur la mer Noire.
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