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La Réunion : les derniers coupeurs de cannes
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La Réunion : les derniers coupeurs de cannes
De nombreux agriculteurs le constatent : alors que la campagne sucrière bat son plein, il est de plus en plus difficile de trouver des coupeurs de cannes. Travail pénible, mécanisation... Les explications sont multiples. Certains prédisent déjà la disparition des coupeurs, ces figures emblématiques de La Réunion.
“Avant, quand la coupe canne débutait, on voyait les coupeurs défiler auprès des agriculteurs. Avec leurs bertels et leurs sabres, ils venaient demander du travail”, se souvient Golbert Orange, 74 ans. Le Bénédictin a commencé à travailler dans les champs de cannes à l’âge de 13 ans. Aujourd’hui retraité, l’agriculteur constate que les temps ont bien changé. Les coupeurs de cannes, armés de leurs traditionnels sabres, se font désormais rares.
“Maintenant, les planteurs sont obligés de courir après les gens pour trouver de la main-d’œuvre”, regrette ce dernier. De nombreux professionnels font le même constat et craignent la disparition, d’ici quelques années, de ces figures emblématiques du monde sucrier. “Désormais, la moyenne d’âge des coupeurs tourne autour de 45 ans, voire plus, souligne Jean-Yves Minatchy, président de la chambre d’agriculture. C’est très rare de trouver des jeunes qui acceptent de venir travailler dans les champs”. Certains agriculteurs sont formels : les coupeurs de cannes vivent leurs derniers jours, faute de relève.
Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer le manque d’intérêt des nouvelles générations. La “coupe canne”, particulièrement pénible, en rebute plus d’un. Soleil, pluie, chaleur... Les coupeurs doivent tenir la cadence en dépit de conditions climatiques parfois dures à supporter. “Les anciens coupeurs avaient leurs techniques ! Ils commençaient à travailler très tôt, surtout l’été. Pour se protéger du soleil, ils laissaient toujours une rangée de cannes derrière eux”, raconte Alain Cataye, planteur saint-andréen.
La mécanisation, avec l’avènement des coupeuses péi, prend également le pas sur la coupe manuelle. “J’ai décidé d’investir dans une machine. L’année dernière, j’ai fait appel à une quinzaine de coupeurs, indique l’agriculteur. Cette année, avec l’arrivée de ma coupeuse, je n’aurai besoin que de trois ou cinq personnes”.
Golbert Orange, qui a effectué sa dernière campagne sucrière en 1997, n’est pas opposé à la mécanisation même s’il reste attaché à la traditionnelle coupe manuelle. “De nos jours, la machine est présente partout ! Ce n’est pas une mauvaise chose mais ceux qui peuvent continuer à couper leurs cannes à la main doivent le faire. Cette pratique fait en quelque sorte partie de notre patrimoine…”, insiste le retraité.
Gagné par la nostalgie, il reprend : “A mon époque, on savait que la campagne sucrière démarrait lorsqu’on croisait des coupeurs un peu partout”. Selon Christophe Gossard, chargé de mission canne à sucre à la chambre d’agriculture, lors de la dernière campagne, 15 à 20% des cannes ont été récoltées mécaniquement. “Cela représente plus de 280 000 tonnes de cannes, sachant qu’au total, 1 877 000 tonnes ont été récoltées dans l’île”, rappelle le professionnel. Les coupeurs de cannes font de la résistance, mais jusqu’à quand ?
Photo : Les coupeurs de cannes sont de plus en plus rares dans l’île.
Source : Le Journal de l’île de la Réunion, 15 aout 2011. 
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