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La Réunion : une dette de 3,5 millions pour Air Austral

16 janvier 2012, 20:00

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La Réunion : une dette de 3,5 millions pour Air Austral

Les turbulences financières auxquelles doit faire face Air Austral ont des conséquences directes sur ses principaux créanciers. Dans la plus grande discrétion, la société aéroportuaire vient de réclamer le paiement d’une facture de 3,5 millions d’euros à la compagnie régionale.

Cette facture  correspond aux taxes aéronautiques qui auraient dû être acquittées par le transporteur depuis plus de trois semaines maintenant, selon certaines indiscrétions. En fin de semaine dernière, Air Austral s’est engagé à régler très vite ces impayés. Mais la régularisation pourrait s’avérer plus laborieuse que prévu. Les services financiers de la compagnie devaient effectuer lundi  après-midi un virement d’un million d’euros, mais le solde ne sera sans doute pas décaissé avant la fin du mois.

A lui seul cet épisode illustre la crise de liquidités que traverse la compagnie. Il conforte aussi les détracteurs de Gérard Ethève, le président du directoire, dans leurs critiques. "La politique d’investissement financée en grande partie sur les fonds propres de l’entreprise a siphonné les réserves", souffle un actionnaire privé. Si l’on se fie aux dernières estimations Air Austral aurait puisé près de 100 millions d’euros dans sa cagnotte pour moderniser sa flotte.

Cette stratégie d’auto-financement a certes permis de négocier les prix avec Boeing et de réduire le montant des loyers, mais ce montage se révèle très contraignant lorsque la conjoncture se retourne. "La BR a refusé il y a quelques semaines de prêter 5 millions d’euros à la compagnie, confie un membre du conseil de surveillance. La banque a préféré accorder une ligne de crédit à la Sematra dont la signature lui paraît beaucoup plus fiable".( Ndlr: la Sematra, le principal actionnaire d''''Air Austral, est une société d''économie mixte, réunissant le conseil régional de La Réunion et la Chambre de commerce et d''industrie de La Réunion).

Les engagements d’Air Austral vis-à-vis d’Airbus inquiètent aussi depuis le début de l’année les actionnaires privés. La commande des A 380 étant ferme, la compagnie devra verser au constructeur européen un acompte de 40 millions d’euros en février, selon certaines sources. "La mise en ligne de ces gros porteurs représente un risque majeur dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences", explique un expert. "Il faut espérer que le financement de cet investissement a été sécurisé et qu’il ne se fasse pas au prix de nouvelles augmentations de capital sur fonds publics".

A 380 : l’État veut des garanties

Les craintes récurrentes liées au financement de l’A380 ont en tout cas incité ces jours-ci la préfecture à s’assurer de la solidité du dossier. Actionnaire majoritaire de la nouvelle société aéroportuaire, l’État pourrait renoncer à investir 25 millions d’euros dans l’aménagement de la piste s’il ne disposait pas d’un minimum de garanties. "Un comité d’investissement se réunira début mars, confirme un proche du dossier. Le désistement très hypothétique d’Air Austral sur l’A380 pourrait inciter d’autres acteurs à se positionner. Nous verrons à ce moment-là".

En mars, Air Austral devrait disposer a priori d’une nouvelle feuille de route. Celle-ci sera transmise début février au directoire. Mais de l’avis des spécialistes le calendrier très court imposé par le président de la Région paraît intenable. "Compte tenu de l’importance des enjeux il est impossible de fixer un nouveau cap en 15 jours et de rétablir la confiance", estime un actionnaire. “La double mission de Didier Robert consistant à offrir aux voyageurs des billets d’avion moins chers et de réduire les pertes de la compagnie est tout simplement antinomique”. A l’intérieur du nouveau conseil de surveillance, deux camps pourraient donc s’affronter dans les deux semaines à venir. D’un côté les investisseurs privés, partisans d’une réduction drastique de la flotte et d’un plan social qu’ils jugent incontournable. De l’autre des élus peu enclins à prendre des mesures forcément impopulaires en cette période électorale.

Le Journal de l’île de la Réunion

 

 

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