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La Réunion: une véritable douche froide pour les opérateurs du solaire
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La Réunion: une véritable douche froide pour les opérateurs du solaire
Les nouveaux tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque par EDF (Electricité de France), décidés par le gouvernement, entrént en vigueur vendredi. Pour les professionnels du solaire, c’est la douche froide.
Suspendant dans un premier temps l’obligation de rachat de l’électricité imposée à EDF pendant trois mois, le gouvernement vient de livrer par trois arrêtés le nouveau cadre de régulation du photovoltaïque en France qui s’applique en Outre-mer (donc à la Réunion). La nouvelle baisse du tarif de rachat (réévalué désormais tous les trimestres) pour les particuliers est fixée à 20 % au niveau national (passant de 58 centimes à 46 centimes le kWh).
La pilule est encore plus dure à avaler sur le plan local pour les professionnels. La Réunion, comme les autres Dom et la Corse, bénéficiait jusqu’à aujourd’hui de tarifs spécifiques. Les panneaux ne peuvent ainsi pas être directement intégrés au bâtiment  à La Réunion en raison des conditions climatiques (risques cycloniques). Depuis un arrêté du 31 août 2010, le tarif de rachat fixé pour l’Outre-mer était de 35,2 centimes par kW/c. Désormais, il est passé de facto à 12 centimes pour les projets de moins de 100 kW (le flou persiste pour les projets de capacité supérieure soumis à des appels à projets) puisque la non-intégration au bâti pousse les projets réunionnais dans le bas de la grille tarifaire. C’est donc un tarif divisé par trois qui est proposé à compter de demain.
"Le coup de grâce à la filière", estiment les professionnels de l’île. À l’image de Denis Legallais, porte-parole du groupe PV Run réunissant neuf solaristes locaux : “Dans ces conditions et sans la défiscalisation, les projets ne sont plus viables”. Il nuance pourtant sur l’affaire des tarifs : “L’État a agi dans la précipitation pour donner une réponse à la fin du moratoire de trois mois décidé en décembre. Il a zappé le cas spécifique des DOM”.
 Face aux 45 000 projets prévus et recensés au national (France et ses territoires/départements d’outre-mer) , seulement 1 000 sont réunionnais… d’où cet “oubli”. Mais, du coup, ce sont les dispositions nationales qui s’appliquent outre-mer… Du moins pour l’instant. Les professionnels réunionnais gardent l’espoir de voir les préconisations du récent rapport Charpin, soulignant “l’importance de traiter les réseaux insulaires et non interconnectés de façon spécifique”, progresser. Ils attendent également beaucoup de la commission parlementaire dite Baroin, qui doit examiner l’impact de l’arrêt de la défiscalisation et statuer sur l’avenir de la filière outre-mer d’ici juin.
Denis Legallais du groupe réunionnais PV Run compte sur le travail de cette commission pour “rectifier cette erreur qui va à l’encontre du sens de l’histoire et contre le principe d’équité”. Ce dernier rappelle que les groupes électrogènes et autres centrales au fioul, eux, bénéficient toujours de la défiscalisation… Il espère donc convaincre cette fameuse commission parlementaire Baroin et René-Paul Victoria, son membre réunionnais. Une rencontre est programmée lundi prochain avec le député réunionnais. Le porte-parole de Run PV ajoute : “Nous sommes le territoire où le pourcentage d’énergie photovoltaïque sur le réseau est le plus important au monde, nous devons jouer la carte du laboratoire pour le stockage, les réseaux…” PV Run compte également “voir les décisions gouvernementales accélérées”, (juin, c’est très loin…) notamment grâce à l’action des différents syndicats de professionnels. “Depuis six mois, les 1 700 emplois, dont 500 directs, de la filière réunionnaise ont été divisés par deux. Il reste encore quelques projets à réaliser en 2011, mais cela ne durera pas longtemps", prévient Denis Legallais. Il ajoute : "Si on en reste là, c’est la débâcle assurée”.
Le Journal de l’île de la Réunion, 10 mars 2011.
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