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L''agitation persiste en Egypte malgré l''état d''urgence
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L''agitation persiste en Egypte malgré l''état d''urgence
Les manifestations violentes qui durent depuis cinq jours en Egypte ont fait un mort de plus lundi au Caire, au lendemain de l''''imposition de l''état d''urgence à Ismaïlia, Suez et Port-Saïd, d''où sont partis les troubles jeudi.
Le gouvernement a en outre approuvé un décret qui permet à l''armée d''arrêter des civils et lui demande d''aider la police à maintenir l''ordre, sans que l''on sache si la mesure s''appliquera uniquement aux trois villes des bords du canal de Suez ou à l''ensemble du pays.
De source proche du gouvernement, on précise néanmoins que l''armée se comportera "comme une force de police", ce qui signifie que les personnes arrêtées seront traduites devant un tribunal civil et non militaire.
Le Front de salut national (FSN), qui réunit les principales composantes de l''opposition, a de son côté demandé au président Mohamed Morsi d''assumer la responsabilité des violences qui ont fait 50 morts depuis jeudi, et a refusé de se rendre à un "dialogue national" convoqué lundi par le chef de l''Etat.
Par la voix de son coordinateur Mohamed ElBaradei, le FSN a jugé que la proposition de dialogue était "superficielle", sans exclure de participer à de futures discussions si Mohamed Morsi acceptait les conditions de l''opposition.
Au Caire, un passant âgé de 46 ans a été tué par balle près de la place Tahrir, épicentre de la révolution de 2011, où des manifestants jettent des pierres contre la police qui réplique par des grenades lacrymogènes. On ignore d''où est venu le tir.
Des opposants au président Morsi campent depuis plusieurs jours sur la place Tahrir, et certains affichent leur intention de renverser le régime, comme Ibrahim Eissa, 26 ans, qui veut "mettre fin à un Etat contrôlé par les Frères musulmans", dont est issu le président.
UN MOIS DE COUVRE-FEU
Les libéraux et d''autres opposants accusent Mohamed Morsi de ne tenir ni ses engagements économiques ni sa promesse de représenter tous les Egyptiens. Ses partisans estiment, eux, que l''opposition cherche à renverser le premier président librement élu de l''histoire du pays, à la suite du renversement de Hosni Moubarak en février 2011.
Les derniers troubles en date ont éclaté à Port-Saïd après la condamnation à mort de 21 accusés, pour la plupart des habitants de la ville, pour une bousculade survenue il y un an dans le stade de football local, au cours de laquelle 74 personnes avaient trouvé la mort.
Au cours du week-end, une quarantaine de personnes ont été tuées et des centaines d''autres blessées lors d''émeutes qui ont eu lieu dans le port situé à l''embouchure du Canal de Suez.
Lors d''une intervention télévisée dimanche, Mohamed Morsi a déclaré qu''un couvre-feu serait en vigueur pour trente jours à Port-Saïd, à Ismaïlia et à Suez à partir de lundi entre 21h00 (19h00 GMT) et 06h00 du matin.
"La protection de la nation relève de la responsabilité de tout un chacun", a-t-il dit, en présentant ses condoléances aux familles des victimes. "Nous ferons face à toute menace contre sa sécurité avec force et fermeté, dans le cadre de la loi."
Cette annonce, couplée à un appel au dialogue, a provoqué de nouvelles manifestations dans les trois villes, où des centaines de manifestants ont cherché à braver le couvre-feu.
Bien que le FSN ait finalement refusé le dialogue convoqué par Mohamed Morsi, qui y a invité onze partis, plusieurs responsables de l''opposition ont salué la mise en place du couvre-feu, et ont même jugé que la mesure avait trop tardé.
"Bien sûr, nous pensons que le président passe à côté du vrai problème sur le terrain qui est sa propre politique", a déclaré Khaled Daoud, porte-parole du FSN à Reuters. "Son appel à l''état d''urgence est une bonne décision étant donné ce qui se passe, à savoir les violences et les actes criminels."
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