A deux jours de son ouverture, le 62e Festival de Cannes prend ses marques pour ouvrir une vitrine sur un cinéma d''''auteur qui apparaît plus que jamais menacé, même si les grands noms sont très présents dans la sélection.

Cinquante-deux films figurent dans une sélection officielle resserrée, dont 20 en compétition, deux de moins qu''en 2008.
Des cinéastes aussi reconnus que Jane Campion, Ken Loach, Quentin Tarantino et Lars von Trier, tous déjà "palmés", y figurent, tout comme Pedro Almodovar, Alain Resnais et Michael Haneke.

La cérémonie d''ouverture, mercredi soir, sera suivie de la projection d''un film d''animation, "Up" de l''Américain Peter Docter, présenté hors compétition. La soirée de clôture, dimanche 24 mai, sera placée sous le signe de Gabrielle Chanel avec la projection de "Coco Chanel & Igor Stravinsky", de Jan Kounen.

L''an passé, nombre de grands noms n''avaient pas de film prêt pour la Croisette et les organisateurs avaient dû s''en accomoder. Cette année, la sélection, et surtout la compétition, s''appuie beaucoup sur eux sans qu''il y ait un "problème de renouvellement, même si la lecture instantanée de 2009 pourrait le laisser penser", avait dit à Reuters le délégué général Thierry Frémaux le mois dernier.

Les organisateurs insistent en effet sur le fait que la sélection officielle ne se limite pas à la seule compétition.

La section "Un Certain Regard", par exemple, offre effectivement une diversité et une ouverture plus apparentes, promesse d''un possible et nécessaire renouvellement des générations.

"Aux dernières nouvelles, le cinéma que nous aimons, le cinéma debout, original, singulier, le cinéma des chemins de traverse, serait déclaré mort par les légistes de la pensée unique", déclarait le président du Festival Gilles Jacob le 23 avril, en présentant la sélection à la presse.

Peu de novices sur la Croisette

La sélection officielle du millésime 2009 manque plus de premiers films qu''à l''accoutumée, ce qui ne veut pas dire que le "jeune cinéma" ne soit pas "tout à fait bien représenté", expliquait Thierry Frémaux.

Quatre des 20 cinéastes en compétition - Jane Campion, Ken Loach, Quentin Tarantino et Lars von Trier - ont déjà été couronnés à Cannes. Mais Jane Campion, tout comme Ang Lee et le vétéran Alain Resnais, ne sont toutefois pas venus sur la Croisette depuis longtemps.

Dans leur écrasante majorité, ces cinéastes ne sont pas des novices de la compétition, mais leur filmographie n''en est pas pour autant très fournie. Il faut regarder du côté de la Britannique Andrea Arnold ou du Palestinien Elia Suleiman pour le "jeune cinéma" tel que l''entend Thierry Frémaux.

La présence américaine est faible, au point que l''on a pu lire dans les médias qu''un seul film des Etats-Unis, celui de Quentin Tarantino, était en compétition. Mais il y en a un second, mis en scène par le Taïwanais Ang Lee, qui travaille depuis des années outre-Atlantique.

Francis Ford Coppola a décliné l''invitation du Festival - son film "Tetro" aurait été présenté hors compétition, selon lui - mais il sera tout de même à Cannes, en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs.

En revanche, le cinéma asiatique est venu en force avec cinq longs métrages, dont "Kinatay" du Philippin Brillante Mendoza, déjà en compétition l''an passé avec "Serbis".

La Palme sera décernée le 24 mai par un jury présidé par Isabelle Huppert où figure le réalisateur américain James Gray et la comédienne indienne Sharmilla Tagore, arrière-petite-fille du poète Rabindranath Tagore.

Depuis l''année dernière, les organisateurs ont décidé de restreindre les événements annexes. La Leçon de cinéma est toutefois toujours au rendez-vous et sera assurée le 19 mai par les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, doubles Palmes d''or.
(Source : Reuters)