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Le bhojpuri : langue vivante, langue structurée

6 septembre 2010, 00:00

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Le bhojpuri : langue vivante, langue structurée

Pour tous ceux qui s’intéressent au bhojpuri, deux livres axés sur cette langue, écrits par Sarita Boodhoo, sont désormais disponibles.

A bas préjugés et idées reçues. «Non, je ne crois pas que le bhojpuri soit de moins en moins utilisé à Maurice». Sarita Boodhoo est une convaincue de la première heure. Et pour ouvrir toutes grandes les portes de la langue, elle publie simultanément Speak Bhojpuri et An Easy Approach to Bhojpuri Grammar.

Deux livres pour tous les âges, à condition de maîtriser l’anglais écrit. Tout en exposant les lecteurs à la graphie de la langue. Deux ouvrages pratiques qui s’adressent, selon l’auteur, à ceux qui «ne parlent pas couramment, ceux qui ne connaissent pas la langue». Sarita Boodhoo témoigne : «Au fi l des ans, des personnes me demandaient s’il n’y avait pas un livre pour débutant qui ne soit pas uniquement en bhojpuri. J’étais coincée.» Elle-même, membre fondateur du défunt Mauritius Bhojpuri Institute enseignait volontiers, en 1987, la langue en s’aidant de fiches, de petits exercices, de chansons et de contes.

L’idée de structurer ce savoir a donc fait son chemin. Car pour Sarita Boodhoo, la situation est claire, «le bhojpuri est une langue», pas un dialecte. Une langue «qui descend directement du sanscrit et qui est plus ancienne que l’hindi».

L’auteur ne manque pas d’affirmer que ce sont les travaux académiques qui vont aider le bhojpuri à forcir, à lui donner le prestige dont il manquait. Des travaux qui ont bénéficié des conseils de Ramesh Pudaruth, ancien Associate Professor en anglais et linguistique, responsable de la School of Humanities au Mauritius Institute of Education (MIE).

Un travail à vocation sociologique aussi. Pour mettre en déroute les préjugés attachés à la langue. Tous les commentaires péjoratifs qui l’associent à une langue de «bitation », une langue de laboureurs, un «langage de campagnards», une langue où «nek ena mo an kreol». Sarita Boodhoo n’oublie pas non plus qu’avec la fondation de l’Arya Samaj, la langue de prestige était le hindi.

«Quand les bhojpuriphones sont venus de l’Inde, là-bas ils vivaient dans des conditions très difficiles. Il n’y avait ni lits ni commodes, qui sont des objets occidentaux. Quand ils sont arrivés à Maurice et que leur situation a commencé à s’améliorer, il a fallu trouver des noms pour nommer des choses. Des noms qui n’existaient pas dans leur langue, d’où liliwa, latabwa », explique-t-elle.

Plus près de nous, dit-elle, le bhojpuri a été infériorisé quand il y a eu la «lutte» pour que les langues orientales fassent leur entrée à l’école. Encore une fois, c’est l’hindi qui a primé. «Quand des enfants parlaient le bhojpuri à l’école, on disait qu’ils zézayaient, on se moquait d’eux». Le temps passant, les parents ont arrêté de communiquer avec leurs enfants dans cette langue, sinon leurs enfants ne réussiraient pas à l’école, témoigne-t-elle.

D’autant plus que le bhojpuri est depuis quelques années inscrit au programme du diplôme universitaire de hindi, à l’Institut Mahatma Gandhi, sous la forme d’un module. «Très bientôt, on va en faire une matière à part entière», s’enthousiasme enfin Sarita Boodhoo.

Aline GROËME-HARMON

* Disponibles à Rs 225 l’unité


Parlez-vous bhojpuri ?

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Tohar naam? Your name?
Hamar naam Raja ha I’m Raja.
Eh don kam kaisse chalataa? Hey! How’s your work?
Chalaa taa Everything is okay.
Kaisse ba? How are you?
Theek nai ba I’m not well.
Ka bhayil? What’s the matter?
Mamla garbar ba Things are not ok.
Malade hain (bimaar hain) I’m not well.
Hamar laika bimar ba My child is ill.
Badhkawa ki chotkawa The eldest one or the youngest?
Hamar sab se chotkawa don My youngest one.