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Le chaînon manquant

30 juillet 2012, 00:00

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Les pays, selon la formule bien connue, n’ont pas d’amis mais des intérêts. Les formations politiques aussi. Si, comme tout le porte à croire, candidats rouges et candidats mauves allaient bientôt faire ensemble du porte-à-porte électoral, il resterait à établir qu’ils y trouvent le même profit. Faute de quoi l’équipage se verrait menacé de rupture de châssis dès le prochain kilomètre de piste un tant soit peu accidenté. Mais n’anticipons pas, envisageons plutôt où placer ce nouveau regroupement sur le présentoir des idées politiques. Ce centre rouge mauve comme d’ailleurs les quelques autres couleurs les plus visibles.

Il n’y a pas de honte à être au centre. Pendant longtemps le Parti travailliste l’a été, à un centre, disons gauche, le MMM, lui, au centre droit. Le rassemblement de ces deux partis équivaut à constituer un centre assez large, avec, à gauche du centre, un discours parfois sévère à l’endroit des entreprises qui ne se conforment pas au projet social énoncé pour elles, et à la droite du centre, une volonté de faciliter l’initiative, avec plus de confiance spontanée que de méfiance envers les entrepreneurs. Ces sensibilités aux extrêmes du centre retenues, vers le noyau, par un souci égal de l’économie et du social, un attachement résolu aux libertés, la volonté de promouvoir une société ouverte. L’affaire est entendue, MMM et Parti travailliste sont capables de défendre conjointement un projet de société de ce type. Où la liberté d’entreprendre sait qu’elle doit, pour cela, payer un prix, notamment à travers une fiscalité permettant de financer la providence.

Parce qu’il préférait l’amitié de l’Afrique du Sud d’apartheid à celle de la Chine, parce qu’il ne connaissait en France que le RPR et Jean-Marie Le Pen, parce qu’il croyait que la liberté, dont celle d’entreprendre, était la valeur absolue, Gaëtan Duval fut situé, voire se situa lui-même, à la droite de l’échiquier des idées politiques. Aujourd’hui, son ancien parti n’adopte plus cette posture. Autour de Xavier Duval, ami en France de Najat Belkacem-Vallaud, les bleus eux aussi se réunissent plutôt vers le centre. Sur un terrain très proche de celui du MMM, ce qui est susceptible de ne rendre que plus âpre la volonté d’exclusion mutuelle au sein de ces partis se disputant aussi une même frange d’un électorat. A droite, là où, dans le passé, on plaçait si spontanément Gaëtan Duval, que trouve-t-on aujourd’hui ? Sans hésiter, la réponse est : le MSM.

Le parti du soleil reste attaché à des archaïsmes – tels que l’utilité de la peine de mort - qui ont disparu du répertoire des partis de droite des grandes démocraties modernes. Toutefois, alors qu’il n’est pas vraiment nationaliste – les rouges le sont davantage –, juste sécuritaire, le MSM pourrait apparaître comme l’expression politique de l’idéologie du libéralisme économique. C’est bien Pravind Jugnauth qui a voulu faire de Maurice une duty free island et ramener au plus bas possible toute fiscalité. Quelle que soit son audience effective, c’est un courant de pensée qui mérite de s’exprimer et de solliciter nos suffrages.

A l’extrême droite, même si elles ne s’y positionnent pas regroupées en force politique, on pourrait trouver plus d’une figure de notre ménagerie socioculturelle. A l’extrême gauche, syndicalistes et altermondialistes n’ont pas attendu l’actuel reclassement au centre pour faire entendre leur différence. Ce n’est que dans la case de la gauche dite – ailleurs - de gouvernement que nous ne trouvons personne. Il y a là un vide, tant intellectuel que politique. Comme si le Parti socialdémocrate (SPD) n’existait pas en Allemagne, comme si le Parti socialiste n’existait pas en France. Avis aux jeunes qui se plaignent que les dinosaures des grands partis ont la peau dure.