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Le choc des Titans : les dieux sont en colère

14 mai 2010, 00:00

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Le choc des Titans : les dieux sont en colère

Il est toujours plus réconfortant et surtout plus raisonnable d’avoir affaire à des dieux créés à notre image plutôt qu’à un seul Dieu créé selon nos fantasmes. Cela dit, les Grecs anciens avaient des dieux qui pour être capables de lâcheté, de duperie, de jalousie ou de passions libidineuses, n’en étaient pas moins terribles et prompts à la colère. Il valait mieux éviter de les mécontenter, au moins éviter de le faire de manière directe et délibérée.

Les dirigeants de l’antique cité d’Argos l’avaient fait sans le vouloir en refusant de marier leur princesse à un des leurs dans cette nouvelle version du Choc des Titans, signée Louis Leterrier, ils le font délibérément, en contestant l’idée même de leur suprématie. Voilà le genre de comportement qui dépasse de loin les limites de l’inconscience.

On comprend un peu leur méprise : non seulement les plus puissants de ces dieux grecs Zeus et Hadès ont des têtes d’Irlandais, puisqu’ils sont interprétés par Liam Neeson et Ralph Fiennes, mais ils sont en plus habillés comme sortant d’une science-fiction italienne des années 1970. En revanche, dans le fi lm original de 1981, signé Desmond Davis, les dieux grecs ressemblaient plus ou moins à des dieux grecs (même si Zeus était joué par Laurence Olivier et Aphrodite par Ursula Andress). Cependant, pour une fois, l’ancienne et la nouvelle version se valent plus ou moins, les deux n’ayant d’autre ambition que celle de divertir le public et y parvenant d’une manière générale, cette nouvelle version délaissant le charme et la poésie au profit d’une certaine efficacité dans la narration.

Le Choc des Titans version 2010 est un fi lm grand public pour la génération d’aujourd’hui. Cela sous-entend psychologie sommaire, bonshommes musclés, jeunes femmes sexy mais aptes au combat, combats spectaculaires et effets spéciaux plein les yeux. C’est ce à quoi on s’attend de la part de Louis Leterrier, surtout depuis Hulk 2 et le réalisateur ne déçoit pas.

Interprétant le mythe de Persée, vieux de 2 500 ans, selon les idées d’aujourd’hui, il nous propose un héros incarné par un Sam Worthington aux cheveux coupés ras et avec une barbe de trois jours (permanente) menant une petite bande de guerriers barbus et chevelus, tous décidés à faire un mauvais sort au dieu Hadès.

Fils de Zeus, Persée / Sam Worthington renie sa nature divine, boude les présents des dieux et fait la tête à chaque fois qu’on lui parle de son père. C’est le héros auquel pourront s’identifier tous les adolescents rebelles qui trouvent que leurs parents sont des indécrottables bourgeois conformistes.

Mieux encore, ceux qui ont quelques connaissances en mythologie grecque n’ont jamais dû imaginer la prêtresse Io / Gemma Aderton en guerrière combattant glaive à la main. C’est pourtant ce qu’elle fait dans ce fi lm : veillant sur Persée tel un ange gardien, le présentant à un magnifique Pégase tout noir. Ce Choc des Titans n’en est pas à une incongruité près, ne serait-ce que pour les créatures mythiques. Pégase, Méduse, les harpies, rien de plus normal, mais aussi des djinns et un kraken, les scénaristes empruntant aux mythologies arabes et scandinaves. C’est pour une bonne cause, serait-on tenté de dire, puisque l’ensemble est passablement divertissant. On se souviendra notamment du combat contre Méduse au coeur des enfers, du kraken sortant de la mer et de la course poursuite finale contre les harpies. Et puis, la princesse Andromède est sauvée in extremis, que demander de plus ?

G.N.

G.N.