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Le ministre Hervé Aimée : « Faire des excuses à l’Eglise ? Plutôt mourir ! »
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Le ministre Hervé Aimée : « Faire des excuses à l’Eglise ? Plutôt mourir ! »
Ça commence à Agalega, ça finit par Tina Arena. Entre les deux, il est question de monseigneur, de gandia, de génocide, de sick leave, de Sik Yuen... et même de cabris.
 
Alors, ces vacances…
Des vacances !? Quelles vacances ?
La nouvelle Local Government Act, c’est fait. Les élections, c’est fait. Relax jusqu’en 2015, non ?
Dans ce ministère- là ? Jamais de la vie ! (Il va chercher une pile de dossiers.) Regardez : le Beach Authority Bill et le Fire Bill sont prêts. Si vous croyez que je me tourne les pouces…
Vous voulez dire que vous avez d’autres projets cette année que de vous mettre l’Eglise à dos ?
L’Eglise a surréagi. Je n’ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie.
Regrettez- vous vos propos ?
( Direct) Non. Ce qui est dit est dit, je ne regrette rien. []]En mission officielle à Agalega le 10 février dernier, Hervé Aimée a sermonné publiquement l’Eglise, l’accusant d’avoir abandonné les Agaléens à leurs médiocres conditions de vie, avant de servir du « tou kouyon legliz » lors d’une discussion informelle avec un groupe d’habitants, ndlr]
On se demande quel cyclone a fait le plus de dégâts à Agalega : Dumile ou Aimée ?
Ah parce que le voyage d’Hervé Aimée là- bas a été un cyclone ?
L’évêque de Port- Louis a jugé vos propos « insultants ».
Eh bien moi, je persiste et signe. En 150 ans de présence sur l’île, qu’a fait l’Eglise pour les Agaléens ? Pas un seul élève de l’île n’a obtenu le HSC en 2012. Si l’Eglise s’intéressait au sort des Agaléens autant que nous, au gouvernement, nous n’en serions pas là.
Qui a la souveraineté sur Agalega : l’Eglise catholique ou le gouvernement mauricien ?
Le gouvernement depuis 1976.
Durant 37 ans, ils étaient où les politiciens ?
Depuis 2006, ce gouvernement a bougé, on a construit 56 maisons, on a fait des tas de choses. Bref, pour moi, l’incident est clos.
Il n’est pas clos pour le diocèse qui vous réclame des excuses publiques.
(Colère) Moi, Hervé Aimée, faire des excuses à l’Eglise ? Ils vont les attendre des siècles, mes excuses. Plutôt mourir ! J’ai demandé aux Agaléens ce que l’Eglise avait fait pour eux, c’est un crime ça ? Que les choses soient bien claires : je n’ai aucune excuse à faire, ni aucune leçon à recevoir du diocèse. Je suis un catholique pratiquant, mais certains hommes d’église m’emmerdent. Le père Labour est un récidiviste qui multiplie les dérapages. Parler de « génocide » du peuple agaléen, c’est proprement scandaleux, c’est moi qui devrais exiger des excuses. S’il y a quelqu’un qui se démène pour les Agaléens depuis des années, c’est bien Hervé Aimée. D’abord comme président de l’Outer Islands Development Corporation []] de 2006 à 2010, ndlr ], puis comme ministre.
Concrètement, qu’avez- vous fait ?
Les exemples ne manquent pas. Il y a encore quelques années, les employés d’Agalega étaient ultra- précarisés.
Pas de sick leave , pas de local leave , pas de maternity leave , ils n’avaient droit à rien, même pas d’aller voir leur famille à Maurice. Je me suis battu contre cette injustice et aujourd’hui, ces employés ont le même statut que les officiers de la fonction publique à Maurice. Passez- moi l’expression, mais c’est hier que les Agaléens étaient dans la merde, plus maintenant.
Vous pensez donc mériter une médaille ?
Non, je me suis contenté de faire mon travail. Mais qu’on ne vienne pas me faire de faux procès. Mes responsabilités à l’égard des Agaléens, je les assume, moi. J’entends dire que la mission de l’Eglise est ailleurs, dans la diffusion de valeurs morales. Très bien. Dois- je rappeler que l’Eglise, en un siècle et demi de présence sur l’île, n’a jamais jugé utile d’éduquer les Agaléens ? Le premier collège de l’île, c’est moi qui l’ai fait construire, en 2008, avec le soutien du gouvernement. Durant tout ce temps, le Bureau de l’éducation catholique avait manifestement mieux à faire. Aujourd’hui, tout ce monde-là voudrait me faire la leçon. Désolé, ça ne marche pas comme ça. Les valeurs morales de l’Eglise, parlons-en. Savez- vous que l’île a un cimetière pour les Blancs et un autre pour les Noirs ? Savez- vous que le village Vingt-Cinq tient son nom des vingtcinq coups de fouet que recevaient les esclaves rebelles ? Voilà à quoi ressemblait l’île sous la présence catholique. []]]]Historiquement, l’argument ne tient pas : l’Eglise s’est implantée à Agalega un demisiècle plus tard, ndlr ]
Et si on refermait ce chapitre avant que vous ne soyez définitivement excommunié?
Attendez, il y a encore des choses à dire. En 2011, on m’informe qu’une dizaine de jeunes agaléens ont planté du gandia sur l’île. Je demande au commissaire de police de vérifier, et effectivement, une équipe de la Special Mobile Force dépêchée sur place découvre onze plants de cannabis. L’année suivante, nouvelle vérification : quatorze plants. L’Eglise savait mais n’a rien dit...
L’Eglise, une ancienne esclavagiste reconvertie dans le trafic de drogue : vous mesurez ce que vous insinuez ?
Ce n’est pas ce que j’ai dit.
Est-ce une interview ou un suicide politique ?
Détrompez-vous, je reçois beaucoup de soutien. Tous les créoles ne sont pas catholiques. Et tous les catholiques n’adhèrent pas au discours de l’Eglise... Passons à autre chose, j’en ai marre de ce débat.
Avez-vous un lien de parenté avec « Ma sorcière bien- aimée » ?
( Il se détend enfin) Non, je regarde pas mal la télévision, mais je préfère les films aux séries.
Et les devinettes, vous aimez ?
Oui… surtout celles que j’arrive à trouver.
Xavier Duval et Michael Sik Yuen sont sur un bateau : qui tombe à l’eau ?
La presse en fait des tonnes sur cette histoire, mais moi je ne vois personne tomber du bateau. Les tiraillements sont des choses qui arrivent dans un parti politique. C’est plutôt une bonne chose, ça rend le quotidien moins ennuyeux.
Dédramatiser, c’est le mot d’ordre du Parti travailliste ?
Il n’y a pas de mot d’ordre. Je dédramatise parce que je ne suis pas inquiet. Les malentendus entre hommes responsables sont généralement vite résolus. Xavier est un ami de longue date. Mercredi, nous avons eu l’occasion de bavarder un peu, je n’ai pas vu un homme abattu, loin de là. Ce n’est pas un habitué des coups de gueule, il a eu un moment de colère, il s’en remettra. Tout cela est de l’histoire ancienne… Enfin, j’espère.
Vous êtes un homme de terrain, n’est- ce pas ?
Oui.
Ça pèse quoi le PMSD sur le terrain ?
Le PMSD a été un grand parti.
Vous en parlez au passé…
Oui. Ils ont rallié autrefois jusqu’à 44% de l’électorat.
Autrefois, mais aujourd’hui, que vaut ce parti ?
Cette question est prématurée, elle se posera à six mois des élections générales. En attendant, le Parti travailliste a besoin du PMSD. Leur présence à nos côtés est plus saine.
Cela veut dire que le Parti travailliste ne peut pas se passer du PMSD ?
Actuellement, nous ne pouvons pas nous passer d’eux. Le PMSD est notre allié naturel, il épouse la philosophie du Parti travailliste. Le gouvernement est plus fort avec le PMSD que sans. Quand le MSM a quitté le gouvernement, nous étions bien contents d’avoir le PMSD à nos côtés, et ça n’a pas changé.
Le rôle du PMSD est- il d’affaiblir le MMM ?
On peut le dire comme ça. Donc, le PMSD est un allié essentiel.
Peu de gens savent que vous êtes un ancien bleu qui a rougi.
Et je n’en ai pas honte. Oui, j’ai été très proche de Gaëtan Duval. Oui, j’ai commencé en politique au PMSD. C’était entre 1966 et 1972, j’avais une vingtaine d’années et pas la moindre ambition politique, j’étais un activiste de base. Ce n’est que vingt ans plus tard que j’ai rencontré Navin Ramgoolam.
Comment passe- t-on de chauffeur de taxi à ministre de la République ?
C’est Rivière-Noire qui m’a poussé, je dois tout à mes mandants. J’essaie de leur rendre ce qu’ils m’ont donné.
Comment ?
Je suis le seul ministre qui reçoit ses mandants du 1 er janvier au 31 décembre. Ils viennent chez moi à 7 heures du matin, tous les jours. Et tous les jours, malgré les privilèges liés à ma fonction, j’ai des blessures au coeur. Ces gens me confient leur désespoir. Ma vie de ministre aurait pu prendre le dessus, mais je n’y arrive pas. Cette détresse me trotte dans la tête en permanence.
Avant d’entrer en politique, votre CV était quasiment vide. Vous avez dormi durant vos cinquante premières années ? []]]]] Il a 65 ans, ndlr ]
( Ironique) Oui, c’est ça. Et quand je me suis réveillé j’étais ministre.
Sérieusement, comment avez vous rempli toutes ces années ?
Pas avec des diplômes puisque j’ai arrêté l’école au niveau du School Certificate . J’ai roulé ma bosse, j’ai été planteur de légumes, éleveur de cabris, chauffeur de taxi vous l’avez dit, j’ai travaillé dans le social aussi. En 1995, j’entre au Parlement. Intellectuellement, j’ai eu à me remettre à niveau. Les livres m’ont beaucoup aidé. J’ai cherché, j’ai appris, seul, comme toujours. Tout ce que j’ai obtenu dans la vie, je l’ai conquis, rien n’est jamais tombé tout cuit.
Vous rappelez souvent que vous n’êtes pas né sous une bonne étoile…
Mon enfance n’était pas de la tarte, mais je n’étais pas malheureux. Nous étions onze enfants, j’étais l’aîné, une sorte de troisième parent. L’école était payante, il fallait que je ramène un peu de sous à la maison, alors j’aidais mon père comme je pouvais. Il était charpentier, éleveur et planteur. A cette époque, il fallait toucher à tout pour pouvoir s’en sortir.
De quoi parlait- on à l’heure du dîner chez les Aimée ?
Nous étions chacun dans notre coin avec une gamelle de riz, de légumes et de grains secs. On mangeait à notre faim. Papa nous expliquait la vie, il parlait d’entraide, de respect. Avec l’éducation qu’il nous a donnée, on aurait pu se retrouver seuls sur une île déserte, avec mes frères et soeurs, on se serait très bien débrouillés. L’Eglise m’a appris beaucoup de choses aussi. Je l’ai servie pendant six ans, comme enfant de choeur à la paroisse de Bambous.
Bambous, où vous êtes né et où vous vivez toujours.
Et où je mourrai. J’habite à 500 mètres de ma dernière demeure.
Si un auteur écrivait un jour votre biographie, quel titre choisirait- il ?
( Longue réflexion) Hervé Aimée, l’amour des choses bien faites.
Vous venez de la même circonscription qu’Alan Ganoo. Vous trouvez qu’il s’en sort comment comme leader de l’opposition ?
Très bien. Ce n’est pas une surprise pour moi, je n’ai jamais eu de doute sur ses capacités.
Et les vôtres de capacités, où s’arrêtent- elles ?
« Aimer jusqu’à l’impossible » , comme dit la chanson…
Vous êtes fan de Tina Arena ! ?
Ah oui, j’aime cette chanson ! La première fois que je l’ai entendue, c’était dans un bureau de l’Assemblée nationale, j’ai accroché tout de suite ( il fredonne le refrain) . En meeting, au lieu d’écouter cette masse militaire de politiciens, on pourrait passer ce genre de musique, histoire d’adoucir les moeurs.
Tina Arena invitée du 1 er - Mai travailliste, chiche.
Et pourquoi pas !
« Le Parti travailliste a besoin du PMSD. Leur présence à nos côtés est plus saine. »
« Les valeurs morales de l’Eglise, parlons- en. Savez-vous qu’Agalega a un cimetière pour les Blancs et un autre pour les Noirs ? »
Les dernières reactions
Aimee, l''''impossible...
Par:-Pikan de Loulou Mar 10, 2013
"S’il y a quelqu’un qui se démène pour les Agaléens depuis des années, c’est bien Hervé Aimée." - The fact that he refers to himself in the third person tells you everything there is to know about this pompous man.
Hervé Aimée, l’amour des choses bien faites
Par:-MBCTV Mar 10, 2013
Great interview.Hervé Aimée,a wonderful man.He will please ensure that a proper runway is constructed on Agalega as soon as possible.and that there should be a deeper interaction between Mauritians and Agalegans,through trade, tourism,education etc..The current government has been very slow in forging the links between Mauritius and Agalega!The dynamics to do so are simply inexistant.
Perdre la raison
Par:-Jincy d''olo Mar 10, 2013
Aimer a perdre la Raison plutôt.Quand à Tina l''australienne laissez la tranquille SVP.
Diriger OUI mais abuser non.
Par:-vkfr Mar 10, 2013
il s''est bien défendu il n''a pas tout a fait tore de ce qu''il dise bien il a mérite son poste de ministre lui est PM peuvent se donner la main car il faut des homme du caraqteur pour diriger un pays pour lui le Vatican a beaucoup d''argent pour venir en aide.
L''Eglise en faute
Par:-Nouveau esclave Mar 10, 2013
Herve Aimee a parfaitement raison....c''est l''Eglise qui doit lui demander pardon .....comme descendant d''esclaves et il faut aussi lui payer la compensation pour l''esclavage de ses parents....Je vais essayer de trouver dans les nouveaux archives de Mme. Teelock le nom du proprietaire des parents esclaves de Herve Aimee et si l''Eglise a joue un role dans le maintien de cette esclavage et plus important encore pourquoi l''Eglise a toujours refuse d''ouvrir ses archives concernant les esclaves....Je demande a Herve Aimee de mener son combat sur ce front
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