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Le phénomène du Happy Slapping gagne du terrain au sein de la société mauricienne

18 mai 2009, 00:00

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Le phénomène du Happy Slapping gagne du terrain au sein de la société mauricienne

Une récente agression d’un élève et une bagarre entre deux filles filmées à l’aide d’un portable mettent en exergue la présence du phénomène du Happy Slapping au sein de la société mauricienne.

«Enlève ton pantalon. Ne bouge pas sinon je te coupe…». Cette scène s’est produite il y a moins d’un mois dans un collège de l’Est. Et le tout a été filmé à l’aide d’un téléphone portable. La victime, un garçonnet de 12 ans, est sortie traumatisée et humiliée de cette expérience. Le plus étonnant, c’est que ses agresseurs sont ses amis. Ce cas n’est pas isolé. Plusieurs incidents du même genre ont été rapportés à la police.

Le récent cas des deux jeunes filles mauriciennes se disputant à coups de mains et de pieds en est une autre illustration. Evidemment la scène a été filmée et se retrouve sur Facebook. On se souvient aussi de ces nombreuses scènes de sexe qui circulent sur les téléphones portables.

Le Happy Slapping est apparu, pour la première fois, en Angleterre en 2007, où l’agression d’un jeune immigré avait été filmée à l’aide d’un téléphone portable. Ce cas avait interpellé l’opinion publique et choqué plus d’un. Deux ans plus tard, les premiers cas ont été enregistrés à Maurice. Le phénomène inquiète de plus en plus les milieux chargés de l’éducation des jeunes. «Nous devons faire attention. Car, bien souvent les phénomènes apparaissent et ce n’est que bien après qu’on s’en rend compte. Et il est déjà trop tard», explique Lindsay Thomas, vice recteur du Collège St Esprit.

On peut apercevoir les exemples du Happy Slapping dans les cours de récréation. Les règles ont changé. Et dès qu’il y a une bagarre, le premier réflexe de nombreux jeunes est de dégainer leurs téléphones et filmer la scène. Ils capturent cet instant de souffrance pour ensuite le partager avec leurs amis.

Véronique Wan Hok Chee, psychologue, a une lecture très particulière de ce phénomène. Pour elle, il s’agit d’un moyen pour certains jeunes d’assouvir leurs fantasmes. «Nous sommes proches du sadomasochisme. On a constaté que les jeunes veulent maintenant aller au-delà de leurs limites. De tester leur tolérance à la souffrance», explique-t-elle. Cette dernière évoque aussi un effet pervers dans le comportement de ces jeunes, dont certains sont victimes également de pression de groupe.

Lindsay Thomas estime, pour sa part, que c’est une perte de repères de notre jeunesse qui est à l’origine de l’apparition de ce phénomène. «Tous leurs repères sont faussés. On demande même au personnel féminin de notre établissement d’être sur leurs gardes. Car, les jeunes sont très doués pour prendre des photos discrètement. Puis, ces images circulent dans tout l’établissement», explique-t-il.

Le Happy Slapping s’est invité dans les établissements scolaires. Aujourd’hui, la perception de la violence chez les jeunes est faussée. Les limites ne sont plus respectées et la frontière entre le bien et le mal semble si facile à franchir.

Les éducateurs sont impuissants face à ce phénomène. «Nous ne pouvons pas interdire l’utilisation du portable à l’école…», déplore Lindsay Thomas.

Avec un portable, les jeunes filment tout, prennent des photos. La vie intime n’existe plus et les sites comme Facebook sont un excellent moyen de diffuser leurs frasques et les «limites qu’ils veulent franchir.»