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Le procès Mladic, dernier chapitre de la guerre de Bosnie
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Le procès Mladic, dernier chapitre de la guerre de Bosnie
Avec le transfert de Ratko Mladic au quartier pénitentiaire de Scheveningen, le Tribunal pénal international de La Haye pour l''''ex-Yougoslavie (TPIY) s''apprête à écrire l''ultime chapitre de la guerre de Bosnie.
L''ex-commandant des forces séparatistes serbes de Bosnie était au faîte de sa puissance militaire lorsque l''Onu a créé ce tribunal, il y a dix-sept ans, au cœur de la guerre la plus sanglante qu''ait connue le continent européen depuis 1945.
Son armée était sur le point de contrôler 70% du territoire de la Bosnie-Herzégovine, le siège de Sarajevo se poursuivait sans relâche depuis avril 1992. Et en juillet 1995, ses soldats massacraient 8 000 hommes et adolescents après la prise de l''enclave de Srebrenica, censée être sous la protection des casques bleus de l''Onu.
Mais avec son arrestation, jeudi dernier dans une ferme à une centaine de kilomètres de Belgrade, et son transfert mardi soir à La Haye, son procès va passer de la théorie à la réalité et Ratko Mladic pourrait finir ses jours en prison. Il comparaîtra devant le tribunal vendredi.
"PURIFICATION ETHNIQUE"
Cas après cas, arrestation après arrestation, le TPIY a rayé un à un les noms qui figuraient sur sa liste de suspects en fuite dans les Balkans. Le 11 mars 2006, la mort a cependant privé le tribunal de La Haye d''un verdict contre le principal accusé des crimes commis après la dislocation de la Yougoslavie: Slobodan Milosevic. Ce jour-là, l''ex-président serbe, chantre de la Grande Serbie, architecte des agressions en Slovénie puis en Croatie en 1991, en Bosnie en 1992 puis au Kosovo en 1998-99, est mort dans sa cellule du quartier pénitentiaire de Scheveningen.
Mais Ratko Mladic, plus que tout autre figure de cette décennie de guerre, symbolise la rudesse et la brutalité des forces serbes et la mise en œuvre de la politique de "purification ethnique".
Radovan Karadzic, ex-président autoproclamé des Serbes de Bosnie arrêté en juillet 2008 et en procès devant le TPIY, affirme que les Serbes, chrétiens orthodoxes, défendaient l''Occident contre l''émergence d''un mouvement islamiste en Bosnie, majoritairement musulmane.
Le procès de Ratko Mladic, s''il n''est pas finalement lié à celui de Radovan Karadzic, ne devrait pas se focaliser sur les questions d''idéologie, mais sur les faits militaires. Lui commandait les forces serbes sur le terrain. Lui était au plus près des combats.
LUTTE CONTRE L''IMPUNITÉ
Pour les nationalistes serbes, le tribunal de La Haye est un outil utilisé par l''Occident pour abaisser et humilier la Serbie. Ils en veulent pour preuve ce qu''ils considèrent comme une surreprésentation des Serbes dans le box des accusés. Parmi les 160 cas instruits, le TPIY a poursuivi des Croates, des Musulmans de Bosnie, des Albanais du Kosovo. Mais les deux tiers des accusés sont des Serbes. Le tribunal réplique que cet état de fait reflète tout simplement que les crimes de guerre étaient davantage le fait d''une partie (les nationalistes Serbes) au conflit.
Avant l''arrestation de Ratko Mladic, on s''attendait à ce que le TPIY mette fin à sa mission en 2012 ou 2013. Et laisse des questions en suspens. Le succès aurait été partiel, avec un goût d''inachevé alors que ses promoteurs en faisaient une arme centrale dans la lutte contre l''impunité.
Reuters
 
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