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Le père Berthieu premier saint de l’océan Indien

24 décembre 2011, 20:00

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Le père Berthieu premier saint de l’océan Indien

Assassiné dans la Grande Ile le 7 juin 1896 pour avoir refusé d’abjurer sa foi, béatifié le 17 octobre 1965 par le Pape Paul VI le jésuite français Jacques Berthieu vient d’être canonisé par Benoît XVI qui pourrait se rendre à Madagascar. Le martyr devient ici le premier saint malgache et le premier de l’océan Indien.

 

Benoît XVI a autorisé la Congrégation pour la Cause des Saints (voir encadré) à promulguer lundi dernier, vingt-trois décrets reconnaissant douze miracles ouvrant la voie à sept canonisations et à cinq béatifications, quatre martyres et sept vertus héroïques. Parmi les miracles, sept sont attribués à des Bienheureux, ce qui leur ouvre la voie vers la canonisation. Le jésuite français Jacques Berthieu fait partie des élus. Il devient ainsi le premier saint de Madagascar, mais aussi le premier de l’océan Indien. Jacques Berthieu voit le jour le 27 novembre 1838 dans une ferme au coeur du Massif Central. Ordonné prêtre le 21 mai 1864, il entre en octobre 1873 au noviciat de la Compagnie de Jésus à Pau. Très vite, le père Berthieu affirme une vocation de missionnaire. Ses supérieurs l’envoient à Madagascar. Il débarque à Tamatave le 10 décembre 1875. Le supérieur de la mission le père Cazet l’envoie à l’île Sainte-Marie, possession française depuis 1750. Le père Berthieu y apprend le malgache. En octobre 1881, il est contraint de quitter l’île Sainte-Marie. Nommé à Ambohimanddroso il est obligé de fuir en juin 1883 lorsqu’éclate la première guerre franco-hova. Il se réfugie avec des religieuses et plusieurs autres ecclésiastiques à Mananjary d’où ils sont évacués sur Tamatave. Avec la signature d’un traité le 17 décembre 1885, le père Berthieu est nommé supérieur de la mission d’Ambositra. En 1891, on le retrouve à Andrainarivo au nord de Tananarive. Il y est rattrapé par la guerre. Le conflit dure moins longtemps et en décembre 1895, le père Berthieu est de retour.

 

Embuscade des Menalamba

 

Mais la paix est fragile. Les Menalamba (ceux qui portent des lamba rouges) partis de l’ouest de l’Imerina marchent vers le nord. Leurs cibles principales sont les étrangers accusés d’avoir imposés leur religion. Andrainarivo est menacée. Le père Berthieu fait le choix de rester avec ses ouailles alors qu’il aurait pu s’enfuir à cheval. Le 8 juin 1896, le père Berthieu prend la tête d’une colonne de réfugiés qui doit rejoindre Tananarive. Elle tombe dans une embuscade tendue par des Menalamba. "Renonce à ta vilaine religion, n’égare plus le peuple," lui dit le chef, "nous te prendrons pour faire de toi notre chef et notre conseiller, nous ne te tuerons pas" . "Je ne puis absolument pas consentir à cela je préfère mourir !", répond le père, qui s’agenouille. Quelques minutes après il reçoit une décharge de fusil. Un coup à bout portant l’achève. Son corps est traîné jusqu’à la Mananara et jeté dans les eaux. Le 10 octobre 1916, Mgr de Saune, vicaire apostolique de Tananarive, charge une commission d’enquêter sur les circonstances exactes de la mort du père Berthieu. En 1933, à la demande de la Sacrée congrégation des rites, s’ouvre le procès de l’Ordinaire qui aboutit, le 8 avril 1964, à la déclaration officielle par Paul VI du martyre du père Berthieu. Celui-ci est proclamé Bienheureux le 17 octobre 1965. "Voici donc un nouveau fils de France élevé aux honneurs de la béatification, écrit le Pape Paul VI. Voici aussi un nouveau fils de saint Ignace, parmi la glorieuse cohorte des bienheureux. Tant de héros, tant de missionnaires, tant de martyrs ont été donnés depuis sa fondation par la vaillante Compagnie de Jésus ! Et voici surtout le premier bienheureux de Madagascar, la grande île si chère à notre cœur de père et de pasteur. Le Père Berthieu et ses confrères furent de bons semeurs, et Dieu a fait mûrir la moisson. Vénérables frères et chers fils, nous vénérons ensemble un témoin héroïque de la charité missionnaire poussée jusqu’au martyr." "Dieu sait si j’aimais et si j’aime encore le sol de la patrie et la terre chérie de l’Auvergne", écrit à son frère le père Berthieu le 7 avril 1882. "Et cependant, Dieu me fait la grâce d’aimer bien plus encore ces champs incultes de Madagascar, où je ne puis que pécher (et bien péniblement) à la ligne quelques âmes pour Notre Seigneur." "La mission progresse, bien que les fruits ne soient encore qu’en espérance en bien des endroits et peu visibles en d’autres. Mais que nous importe, pourvu que nous soyons de bons semeurs : Dieu fera pousser en son temps"

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