Publicité

Le Soudan du Sud accède à l''indépendance

10 juillet 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le Soudan du Sud accède à l''indépendance

Les Soudanais du Sud ont dansé, chanté et exulté, le samedi 9 juillet, pour célébrer l''''avènement de leur nouvel Etat, dont l''indépendance proclamée en présence de nombreux dignitaires étrangers laisse toutefois planer des menaces sur la stabilité de la région.

A minuit, la République du Soudan du Sud, pays en voie de développement producteur de pétrole, est devenue officiellement le 193e Etat de la communauté internationale et le 54e pays du continent africain.

L''indépendance de cette ancienne province soudanaise a été acquise dans la douleur. Des accords de paix signés en 2005 entre le Nord et le Sud lui avaient ouvert la voie, en mettant fin à des décennies de guerre civile.

Mais c''est en janvier, lors d''un référendum d''autodétermination que les Soudanais du Sud se sont prononcés massivement en faveur d''une partition d''avec le Nord.

Comme un symbole, lors de la cérémonie officielle, le nouveau chef de l''Etat du Soudan du Sud était assis à côté de l''homme qu''il a combattu pendant des années, le président soudanais, Omar Hassan al Bachir.

Submergées par les hordes de Soudanais du Sud venus assister à ce moment historique, les forces de sécurité de la nouvelle république ont vite abandonné l''idée de maintenir l''ordre dans les rues de la capitale, Djouba.

Et lorsque le moment tant attendu est arrivé, à savoir la lecture de la déclaration officielle d''indépendance par le président du Parlement, certains se sont évanouis, bien aidés par la chaleur ambiante qui régnait sur une grande place de la ville.

Les mots responsables de cette ferveur furent les suivants: "Par la présente, nous, représentants démocratiquement élus du peuple, déclarons le Soudan du Sud un Etat indépendant et souverain".

Bachir félicite ses "frères du sud"

Juste après cette lecture officielle, orchestrée par James Wani Igga, le drapeau soudanais a été symboliquement amené, avant que les nouvelles couleurs du pays ne soient hissées et que le président, Salva Kiir, ne prête serment.

A ce moment précis, les Soudanais du Sud ont levé les bras en l''air, se sont enlacés, pendant que certains d''entre eux étaient en larmes. Dans les rues de Djouba résonnaient des sons de tambours, des slogans à la gloire du nouveau pays et nombreux étaient ceux qui dansaient pour manifester leur joie.

Omar Hassan al Bachir, celui qui fut certainement le plus farouche adversaire de l''indépendance du Soudan du Sud, a pris la parole lors des cérémonies de Djouba.

"Nous félicitons nos frères du Sud pour la création de leur nouvel Etat (...) La volonté des Soudanais du Sud doit être respectée", a dit le président soudanais, en faisant référence au référendum d''autodétermination.

Des dizaines de dignitaires étrangers étaient présents lors de cette cérémonie, au premier rang desquels figuraient le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, mais aussi une trentaine de chefs d''Etat africains. La France était de son côté représentée par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Une série de pays ont immédiatement reconnu le Soudan du Sud comme nouvel Etat. Le premier fut le Soudan, symboliquement, puis vinrent l''Egypte, les Etats-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne et la France notamment.
"Après tant de luttes menées par le peuple du Soudan du Sud, les Etats-Unis d''Amérique saluent la naissance d''une nouvelle nation", a déclaré le président américain Barack Obama dans un communiqué diffusé par la Maison blanche.

La France a emboîté le pas à cette initiative.

"Cet événement est l''aboutissement d''un processus exceptionnel, initié par l''accord global de paix de 2005, que l''ensemble de la communauté internationale a soutenu, et que le Nord et le Sud ont mené courageusement jusqu''à son terme", déclare le président de la République dans un communiqué.

"La France reconnaît et accueille le Soudan du Sud parmi la communauté des Etats", poursuit l''Elysée.
Amnistie pour les rebelles

Si la journée de samedi était synonyme de joie et de légèreté à Djouba, le président Salva Kiir sait très bien qu''il devra dès les prochaines semaines régler la question des groupes armés rebelles qui s''opposent à lui et à son gouvernement.
Et c''est dans un souci de réconciliation et d''unité qu''il s''est adressé à eux, en leur proposant de les amnistier.

"Je voudrais saisir cette occasion pour décréter une amnistie en faveur de tous ceux qui ont pris les armes contre le Soudan", a-t-il dit.

Salva Kiir a également promis d''oeuvrer en faveur de la paix au Soudan, notamment dans les zones du Nord où persistent des conflits.

"Je souhaite assurer aux peuples d''Abyei, du Darfour, du Nil bleu et du Kordofan du Sud que nous ne vous avons pas oubliés. Quand vous pleurez, nous pleurons. Quand vous saignez, nous saignons. Je m''engage aujourd''hui auprès de vous à ce que nous parvenions à une paix juste pour tous", a-t-il dit, en promettant de collaborer avec Omar Hassan al Bachir pour atteindre cet objectif.

Si la présence d''Omar Hassan al Bachir dans les tribunes était une preuve de la bonne volonté affichée par le Nord, celle-ci a dû en revanche embarrasser nombre de diplomates occidentaux.

La Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d''arrêt à l''encontre du chef d''Etat soudanais pour crimes de guerre, crimes contre l''humanité et génocide au Darfour, une autre province soudanaise en proie à un conflit.

D''ailleurs, environ 200 personnes originaires de cette région s''étaient invitées à l''événement, avec en tête d''affiche le chef rebelle Abdel Wahed Nour.

Si l''indépendance du Soudan du Sud est désormais officielle, les inquiétudes concernant l''avenir demeurent nombreuses.
Les dirigeants du Nord et ceux du Sud ne se sont notamment toujours pas mis d''accord sur un ensemble de questions sensibles, dont les plus importantes concernent le tracé de la frontière et le partage des revenus tirés du pétrole, essentiels pour l''économie des deux Etats.

Par Alexander Dziadosz et Jeremy Clarke (Reuters)