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Le terrorisme d''extrême-droite, nouvelle menace pour l’Europe ?

23 juillet 2011, 00:00

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Le terrorisme d''extrême-droite, nouvelle menace pour l’Europe ?

Les liens avec l''''extrême-droite de l''auteur présumé de la double attaque qui a fait 91 morts en Norvège pourraient poser un nouveau défi sécuritaire à l''Europe, dix ans après les premiers attentats d''Al Qaïda.

Anders Behring Breivik, qui a été arrêté après la fusillade sur l''île d''Utoya, est présenté par les autorités comme un ancien membre d''un parti populiste, un franc-maçon et l''auteur de blogs critiquant le multiculturalisme et l''Islam. Il se présente lui-même sur sa page Facebook comme un "fondamentaliste chrétien".

Les polices européennes s''inquiètent depuis un moment de la montée des idées d''extrême-droite, alimentées par un mélange toxique d''islamophobie, de racisme anti-immigrés et de difficultés sociales.

Jusqu''à présent, toutefois, la violence avait rarement dépassé le stade de passages à tabac ou d''attaques à l''arme blanche.
La double attaque norvégienne, la plus meurtrière sur le continent depuis les attentats attribués à Al Qaïda qui avaient fait 52 morts à Londres en 2005, est d''une tout autre logique et selon un analyste, elle peut être qualifiée "d''Oklahoma City" européenne.

En 1995, un militant américain d''extrême-droite, Timothy McVeigh, avait tué 168 personnes en faisant exploser un véhicule piégé devant un bâtiment fédéral d''Oklahoma City, mettant en évidence le danger représenté par des groupuscules jusqu''alors peu contrôlés.

La problématique est la même en Europe, où les polices se sont concentrées depuis dix ans sur les réseaux terroristes islamistes.

"Il n''y a jamais eu d''attaque d''extrême-droite de ce genre en Europe", souligne Hagai Segal, spécialiste des questions de sécurité de l''Université de New York, à Londres.

"Ce serait l''équivalent européen d''Oklahoma City, une attaque commise par un individu avec des idées anti-gouvernementales extrémistes qui s''en prend au gouvernement en ciblant ses bâtiments ou ses institutions."

"La question la plus importante est maintenant de savoir s''il a agi seul, ou s''il fait partie d''un groupe."

Propagande plus professionnelle

En 2010, Interpol a estimé dans un rapport sur la sécurité qu''il n''y avait pas à cette époque de mouvement terroriste d''extrême-droite sur le continent.

Le rapport relève toutefois la professionnalisation croissante de l''extrême-droite, notamment dans la production de propagande antisémite et xénophobe, ainsi que sa présence accrue sur les réseaux sociaux.

"Même si la menace représentée par l''activisme d''extrême-droite apparaît sur le déclin et si le nombre d''actes criminels qui lui sont imputés est faible, la professionnalisation de la propagande et de l''organisation des groupes extrémistes dénote leur volonté de diffuser leur idéologie et constitue toujours une menace pour les Etats membres de l''Union européenne", souligne le texte.

Si les événements dans le monde arabe, et en particulier en Afrique du Nord, entraînent une forte augmentation de l''immigration, "l''activisme d''extrême-droite et le terrorisme pourraient se nourrir d''une peur accrue de l''opinion", met en garde Interpol.

La principale inquiétude des polices européennes était jusqu''à présent les affrontements entre militants d''extrême-droite et d''extrême-gauche en marge de rassemblements publics de groupuscules extrémistes.

Mais dans un discours prononcé en septembre 2010, le directeur-général du MI5, le contre-espionnage britannique, a rappelé qu''un "individu déterminé peut causer des dégâts importants". Jonathan Evans a cité l''exemple du néo-nazi David Copeland, dont les bombes artisanales visant les communautés ethniques et gay de Londres ont fait trois morts en 1999.
La police norvégienne s''est elle-même inquiétée de "l''incertitude croissante" provoquée par les activités des mouvements d''extrême-droite dans un rapport publié en février 2011.

"Les extrémistes norvégiens ont des contacts avec les extrémistes suédois et avec d''autres groupes en Europe. Ils ont même des contacts avec l''extrême-droite russe", indique le rapport.

Le Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, a annoncé samedi que les enquêteurs norvégiens coopéraient avec des services étrangers pour tenter d''élucider la double attaque.

"Nous sommes en contact avec les agences de sécurité d''autres pays", a déclaré le Premier ministre.

"L''enquête est en cours et un de ses aspects est bien sûr de vérifier s''il peut y avoir des connections internationales."

(Source : Reuters)