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Le Tour du Web avec Gilbert Ahnee

8 octobre 2012, 00:00

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Inde : le gendre de Sonia  Gandhi dans la tourmente

Arvind Kejriwal et Prashant Bushan, membres du mouvement India Against Corruption (IAC), ont accusé de corruption, le vendredi 5 octobre, Robert Vadra, gendre de la présidente du Congress, Sonia Gandhi. Lors d''une conférence de presse très attendue, ils ont allégué que le géant de l''immobilier DLF lui a vendu des terrains très recherchés à des prix dérisoires, lui concédant aussi des prêts sans intérêts. Selon IAC, la fortune de Vadra, en trois ans, s''est accrue par 300 fois. Cette affaire est susceptible de largement ternir l''image du parti au pouvoir à New Delhi.

Pour se faire une idée de la taille de la société DLF, on peut noter qu''elle annonce sur son site web des projets sur 345 millions de pieds carrés, dont 48 millions déjà en construction. Selon IAC, des propriétés valant plus de 3 milliards de roupies indiennes ont été vendues à Vadra pour seulement 50 millions de roupies. Après les accusations de l''ONG anti-corruption, M. Vadra, époux de Priyanka Gandhi et père de ses deux enfants, a annoncé qu''il n''était coupable de rien et n''était pas atteint par cette négativité. Dimanche, Robert Vadra a ajouté que les propos de ses dénonciateurs étaient faux et diffamatoires. Par ailleurs, peu après la conférence de presse de Kejriwal et Bushan, quelques unes des figures de proue du Congress, dont le ministre des Finances, P. Chidambaram, sont montées au créneau pour affirmer que les relations d''affaires de Vadra étaient privées.

« Pourquoi la société DLF a-t-elle accordé un prêt de Rs 65 crore (Rs 650 millions) à Vadra sans intérêts ?», s''est interrogé Prashant Bushan lors de la conférence de presse. « Avec cet argent, il a acheté à vil prix des propriétés de DLF. Quel bénéfice Vadra procura-t-il au Congress pour cela ? Il a acheté une propriété de Rs 650 millions pour Rs 50 millions. Comment DLF a-t-elle bénéficié de cela ? Il y a de nombreuses questions. Il y a quatre penthouses dans un immeuble de DLF à Gurgaon. Il les a achetés à travers une nébuleuse de cinq compagnies. Nous avons les détails de douze compagnies incorporées au cours des dernières années, dont six au cours de la seule année 2012. Un penthouse vendu en 2009 pour Rs 8,9 millions, dont la valeur marchande était alors de Rs 250 millions, qui vaut aujourd''hui Rs 400 millions », a encore allégué M. Bhushan, ajoutant que des mises en examen semblaient possibles en vertu du Prevention of Corruption Act et du Income Tax Act.

Samedi dernier, le 6 octobre, le lendemain de la conférence de presse de IAC, la société DLF émit un communiqué, portant la signature de son Vice-President Corporate Communications, Sanjey Roy, démentant toute les allégations de l''ONG. Selon la société, toutes ses transactions avec Robert Vadra relèvent de pratiques normales et courantes dans le monde du foncier et de l''immobilier. «Ce ne sont que des demi-vérités et des mensonges», a lancé, dimanche, Arvind Kejriwal, en réponse au communiqué de DLF. «Vadra soutient-il la réponse de DLF ou a-t-il une autre version. Nous apprécierions sa version», a ajouté Kejriwal.

S''il a toujours maintenu qu''il était fort éloigné de la politique, en dépit de son mariage au sein de la toute première famille politique de l''Inde, Robert Vadra, en revanche, n''a jamais caché sa spectaculaire réussite en affaires. Propriétaire, au moment de son mariage, d''Artex, une petite compagnie commercialisant des bijoux fantaisie et exportant des produits d''artisanat, Robert Vadra est, aujourd''hui, à la tête de Sky Light Hospitality Pvt Ltd (qu''il possède avec sa mère, Maureen Vadra) il est aussi un des partenaires de la société qui possède le Hilton Garden Inn dans le quartier d''affaires de Saket, au Sud de Delhi, un des autres partenaires étant DLF Hotel Holdings. Robert Vadra a aussi des intérêts dans les vols nolisés, à travers Blue Breeze Trading Pvt Ltd. Il est aussi à la tête de North India IT Parks Pvt Ltd, Real Earth Estates Pvt Ltd et Sky Light Realty Pvt Ltd. Selon le site celebritynetworth.com il pèse US $ 2,1 milliards. A 42 ans.

Même si aucune culpabilité n''est encore établie, cette affaire est du pain béni pour l''opposition en Inde. S''en tenant à sa demande pour une enquête approrondie au sujet des allégations contre Robert Vadra, le Bharitya Janata Party (BJP, droite nationaliste), principal parti d''opposition, a fait valoir que ceux impliqués devraient présenter une clarification concrète pour mettre un terme à l''affaire.

«Une compagnie (DLF) qui, elle même, est bénéficiaire d''un emprunt de Rs 22 000 crore (Rs 220 milliards) sur lequel elle paie des intérêts de 15%, accordait des prêts sans intérêts de Rs 650 millions à Vadra», a ironisé Prakash Javadekar, le porte-parole national du BJP, insistant quant à la nécessité d''une enquête.

La posture de l''opposition est loin d''être généralement reprise dans la presse. Ainsi, dans son édition du dimanche 7 octobre, dans un de ses éditoriaux, le quotidien d''Hyderabad, le Deccan Chronicle écrivait : « L''apparition des allégations de malfaisance et de trafic d''influence contre Robert Vadra, un homme d''affaires dans le secteur immobilier et le gendre de la présidente du Congress, Sonia Gandhi, nous donne une assez juste mesure de ce à quoi ressembleront les prochains mois - non seulement en prévision des élections régionales en Himachal Pradesh et au Gujarat mais aussi en vue du prochain scrutin pour le Lok Sabha, en mars 2014 »

En bref, poursuit l''éditorialiste, il est possible de prévoir que l''atmosphère politique soit «totalement viciée par des attaques personnelles contre les figures de proue du pouvoir, particulièrement la famille Gandhi qui, cela est clair, tient un rôle central dans la bonne fortune électorale du Congress».

Dans son blog sur le site du Times of India, sous le titre The Vadra factor, Monabina Gupta est plus persifleuse que ses confrères d''Hyderabad. Elle sougligne que les grandes figures du Congress sont montées au créneau pour défendre Vadra avec beaucoup plus d''énergie que celle démontrée pour soutenir le Premier ministre au moment des récentes attaques contre lui. Et la blogueuse de noter : «Dans le cours normal des choses, on s''attendrait d''un parti politique qu''il protège avec zèle son Premier ministre, à la fonction suprême du gouvernement. Ce n''est pas le cas au sein du plus vieux parti du pays. Mais heurtez la dynastie et le Congress mobilisera nerf et verve pour administrer une leçon». Sans doute aussi une indication de la suite à attendre.