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Les comptes de Perraud ou comment une jeune députée révèle une fortitude insoupçonnable

8 mai 2011, 00:00

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Les comptes de Perraud ou comment une jeune députée révèle une fortitude insoupçonnable

Aurore Perraud s’est récemment retrouvée in the limelight. Une humiliation subie en public révèle que la jeune backbencher de l’alliance gouvernementale a davantage de résilience qu’on lui prêtait.

L’affaire a pris une dimension nationale parce qu’elle est l’illustration d’une douloureuse vérité sociologique que d’aucuns, pour les raisons que l’on devine, voudrait occulter.

Aurore Perraud, connue pour ses sages dreadlocks qu’emprisonne habituellement un chic turban assorti à ses kurtas bigarrées, est née dans une famille pauvre un 8 mai - c’est aujourd’hui son anniversaire - à Cité-Débarcadère, Pointe-aux-Sables, d’un père maçon, Laval, et d’une mère courage, Lourdes, couturière la nuit et nenenn le jour pour pouvoir assurer l’avenir des quatre enfants du couple : Stéphanie, Aurore, Brinda et Wesley…

Aurore fréquente, en respectant scrupuleusement le catchment area, l’école de Pointe-aux-Sables avant de monter à Beau-Bassin pour le collège Bon et Perpétuel Secours pour ses classes secondaires. Les économies de ses parents fondent comme beurre dans un micro-ondes avec ses études tertiaires à l’Université de Maurice ou elle décroche son BA (Hons) et à la MIE pour son PGCE. En 1994, elle s’engage, sans solde, au Collège Père-Laval pour enseigner aux enfants défavorisés de cette banlieue port-louisienne. C’est là que nait sa vocation pour le social.

Depuis, elle n’a pas arrêté. Une enseignante, dans ce milieu, devient une mère avec tout que cela suppose. Des dizaines d’enfants démunis qu’elle « adopte » et à qui elle apporte réconfort et soutien. Sans compter les siens… Nathanaël, 5ans, et Alexia, 4 ans, de son mari, Gino, petit entrepreneur, qu’elle connaît depuis 20 ans et qu’elle a épousé il y a seulement six ans de cela. Il fallait attendre, aider les parents et faire des économies pour le mariage. La famille Perraud habite Baie-du-Tombeau. Ce qui permet à Aurore d’être à un jet de pierre de sa circonscription. Et souvent loin de ses enfants, pris en charge régulièrement par ses beaux-parents quand elle est en campagne.

Sa circonscription, numéro 4, elle la connaît bien. Elle laboure ces terres pendant plus d’une année avant les élections générales de 2010. Sur l’insistance de Gino et de ses beaux-parents. D’autant qu’elle avait fait montre à cette époque d’excellentes dispositions quand elle a pris la parole en 2009 à l’école hôtelière en présence de Xavier-Luc Duval, mettant en pratique les conseils de son mentor, Paula Atchia de WIN/WIP.

Cette campagne 2010, la première pour la néophyte qu’elle est, est très dure. Elle est entourée de requins. Ceux qui sont les plus proches sont les plus féroces. Elle en fait encore l’amère expérience. Quand les résultats tombent, elle est élue pour rejoindre le panthéon des ‘meilleurs perdants’ comme, dans le passé, sir Harold Walter, sir Gaëtan Duval, Michael Glover, Marie-France Roussety, Paul Bérenger, Nicolas Von-Mally, entre autres.

Sauf qu’elle n’a jamais voyagé, comme d’autres, en première classe pour ses rares déplacements. Et rares sont ses apparitions à la télé, dont les caméras sélectives, lors de leurs travellings sur les ‘personnalités’, réussissent le tour de force de jouer à saute-moutons et de faire l’impasse sur sa présence. La presse, elle, ne reprend jamais ses questions parlementaires.

Aurore Perraud, victime des services protocolaires lors de la visite de la présidente de l’Inde, a éclaté en sanglots en public. De la victime qu’elle était, elle est devenue responsable, selon certains esprits tordus, de son propre malheur. Pourtant, en de nombreuses occasions pendant l’année écoulée, elle a informé le bureau du Premier ministre du traitement discriminatoire dont elle est victime.

Elle ne demande pas des comptes   le respect pour sa personne devrait suffire…