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Les députés du MMM envisagent une démission collective

16 décembre 2008, 01:00

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Les députés du MMM envisagent une démission collective

Le leader de l’opposition, Paul Bérenger ne démissionnera pas. Le Bureau politique du MMM a décidé hier de s’accorder un temps de réflexion jusqu’à janvier. Entretemps, le principal parti de l’opposition contemple cinq démarches possibles : retour à l’Assemblée nationale en mars, motion de censure contre le Speaker, motion de censure contre le gouvernement , démission de Paul Bérenger comme député et démission collective des parlementaires MMM. On en saura davantage la semaine prochaine. Entretemps les observateurs s’interrogent : qu’est-ce qui fait courir Bérenger ?

Tout a commencé lorsque Paul Bérenger, après avoir traité la coiffure de Rama Sithanen de «laké sat», est expulsé du Parlement. Même si, à ce jour, personne ne semble comprendre vraiment ce que signifie l’expression utilisée par Bérenger, il n’en demeure pas moins qu’elle est le déclencheur d’une série d’événements qui risquent d’avoir des conséquences sur la vie politique du pays.


C’est dans la l’habitude de nos parlementaires de se lancer des remarques, parfois piquantes, parfois gratuites, voire des injures et des insultes. Souvent, cela se passe dans un brouhaha total, avec des expulsions, des excuses… Bref, un rituel bien établi. Sauf que, cette fois-ci, les choses se sont corsées au point où le leader de l’opposition menace de démissionner en tant que parlementaire. Ce qui risque de précipiter les événements politico-électoraux. En effet, on voit mal le Premier ministre organiser deux élections partielles l’année prochaine, car il ne faut pas oublier l’invalidation du siège d’Ashock Jugnauth.

On n’en est pas encore là. La question qui se pose, entre-temps, c’est de savoir ce qui fait courir le leader du Mouvement Militant Mauricien (MMM), Paul Bérenger? Évidemment du côté du gouvernement, on est de plus critique. Prise pour cible par le leader du MMM, la députée de la majorité, Nita Deerpalsing, affirme qu’elle assume ses propos. Souvent en confrontation avec les députés du MMM, elle a la réputation de ne jamais reculer.

«Je suis une novice en politique mais je ne crois qu’un vieux routier comme Paul Bérenger puisse se sentir découragé par des gens comme James-Burty David et moi. Il faut voir autre chose dans ses manœuvres. A un moment, où le gouvernement passe des lois importantes, comme l’Equal Opportunity Bill, Bérenger a mis en place la stratégie de la diversion. Il tente d’attirer la sympathie vers lui. Or, nous savons que le leader mauve est loin d’être une victime», affirme, avec force, Nita Deerpalsing. A ce titre, elle soutient que c’est Paul Bérenger qui, d’année en année, se révèle «de mauvaise foi» lorsqu’il attaque une personne.»

«En tant que ses adversaires, on ne se laisse pas faire. On fait certes dans la repartie mais jamais des attaques sur la vie privée de gens. Bien-sûr qu’on riposte, qu’on répond. Moi, je ne me laisse pas faire mais, jamais, nous ne versons dans le dénigrement de la personne», lance Nita Deerpalsing.

Cela dit, si Paul Bérenger a sa part de responsabilité, il n’en demeure pas moins que, en tant que leader de l’opposition, il jouit d’un statut qui devrait le protéger de la guéguerre politicienne. «Dans une démocratie parlementaire, il est crucial que le leader de l’opposition puisse avoir le droit de poser des questions. Si on lui ôte ce droit, c’est qu’il y a un problème quelque part. C’est également injuste de le traiter de ‘colon’. Il y a des règles bien établies. C’est au Président de la Chambre de les faire respecter et il doit aussi s’assurer que l’opposition ait voix au chapitre», fait ainsi remarquer l’historien et chargé de cours à l’université de Maurice, Jocelyn Chan Low. Pour lui, le leader du MMM serait aussi déjà en train de préparer la mobilisation de ses sympathisants. Car les échéances électorales approchent. 

On aurait pu, par contre, faire l’économie de l’amplification des problèmes entre le principal parti de gouvernement et d’opposition. Surtout à un moment où la récession économique est devenue une réelle menace pour le pays. «C’est mauvais pour l’image de tout le monde. C’est clair qu’il y a eu beaucoup de provocation du gouvernement mais il est aussi vrai que l’opposition se doit de garder son calme. Pour ma part, je ne crois pas que ce soit ‘unparliamentarian’ d’utiliser l’expression ‘lake sat’. D’ailleurs, personne ne comprend ce qu’elle signifie. Mais, en même temps, on n’est pas dans une cour de récréation. C’est au Président de l’Assemblée que revient le dernier. Une fois qu’il l’a prononcé, le débat est clôt», fait remarquer Raj Mathur, chargé de cours en sciences politiques à l’Université de Maurice.

L’île Maurice a tout intérêt aujourd’hui de se préserver d’une crise politique. La crise économique est suffisamment contraignante. «Je pense même qu’on devrait avoir une sorte de trêve politique sur un certain nombre de questions. Plus que jamais, les leaders ont la responsabilité de contrôler leurs troupes», plaide Jocelyn Chan Low. 

Encore faut-il  que les leaders puissent se contrôler eux-mêmes…