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Les rebelles et l''Otan lancent la bataille de Tripoli
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Les rebelles et l''Otan lancent la bataille de Tripoli
Les rebelles libyens affirment avoir pris le contrôle de plusieurs quartiers de Tripoli à l''''issue d''une nuit de combats, et l''avancée d''autres hommes vers la capitale annonce un dernier combat avec Mouammar Kadhafi.
Des explosions et des échanges de tirs ont retenti dans la nuit de samedi à dimanche à Tripoli. C''était le signe du déclenchement de la révolte dans la capitale libyenne, une opération préparée depuis des mois par les rebelles.
Dimanche, des avions de l''Otan ont bombardé la caserne de Bab al Azizia, le complexe fortifié du colonel libyen dans le centre de Tripoli, rapporte la chaîne Al Djazira.
"Nos révolutionnaires contrôlent plusieurs quartiers et d''autres arrivent d''ailleurs, en ce moment même, pour rejoindre leurs frères", a dit à Reuters Abdel Hafiz Ghoga, vice-président du Conseil national de transition (CNT).
La ligne de front la plus proche de la capitale est à l''ouest, le long de la route côtière. Les rebelles disent avoir pris Djaddaïm et affirment qu''ils sont à une vingtaine de kilomètres de Tripoli, près de Djanzour, dans la banlieue.
Les tirs d''obus de mortier continuent sur la ligne de front et le va-et-vient des ambulances entre le front et l''hôpital de Zaouïah se poursuit, selon un envoyé spécial de Reuters.
Le destin des rebelles de Tripoli dépend peut-être de l''avancée de leurs soutiens sur ce front.
"Les insurgés se sont peut-être soulevés trop tôt à Tripoli et le résultat pourrait être de nombreux combats désordonnés", estime Oliver Miles, ancien ambassadeur britannique en Libye. "Le régime ne s''est peut-être pas effondré dans la ville autant qu''ils le pensaient."
La chute de Kadhafi est loin d''être acquise. Les forces de sécurité du colonel n''ont pas fait défection comme les rebelles l''espéraient. Le soulèvement s''est limité à quelques quartiers de Tripoli.
Le dirigeant libyen a félicité ses partisans pour avoir repoussé les "rats", ces rebelles qui luttent depuis le mois de février pour le renverser et sont soutenus par l''aviation de l''Otan.
« L’heure H »
A l''aube, près de 12 heures après les premiers combats, on pouvait encore entendre des fusillades dans la capitale, quoique plus disparates que dans la nuit.
Une journaliste de Reuters, dans son hôtel du centre-ville, entendait fréquemment des rafales de mitrailleuse et des explosions dues à des armes lourdes.
Interrogé par Reuters à Paris, Bernard-Henri Lévy, qui entretient des contacts réguliers avec le CNT de Benghazi, affirme qu''il s''agit d''un "soulèvement à la fois spontané et encadré par les responsables du CNT".
"Le CNT a toujours été présent à Tripoli, de manière clandestine, mais ses délégués vont, maintenant, apparaître à la lumière", a dit le philosophe français.
De source diplomatique française, on confirme que les cellules rebelles de Tripoli n''ont fait que suivre les plans établis il y a des mois et répondu au signal.
Le signal est venu au moment de l''"iftar", le repas que prennent les musulmans au coucher du soleil pendant le ramadan. C''est à ce moment que les imams ont utilisé les haut-parleurs des minarets pour appeler les adversaires de Kadhafi à descendre dans les rues, selon des habitants.
Pour Abdel Hafiz Ghoga, "l''heure H est venue. Les rebelles se sont soulevés à Tripoli".
Les avions de l''Otan , qui interviennent en Libye depuis le 31 mars dans le cadre de la résolution 1793 du Conseil de sécurité de l''Onu, ont lancé des raids pour détourner l''attention des forces de Mouammar Kadhafi, a-t-il ajouté.
Les rebelles disent contrôler tout ou partie des quartiers de Tadjourah, Fachloum et Souk al Djouma.
Al Djazira rapporte que les combats ont fait 31 morts parmi les soldats du colonel Kadhafi et que 42 autres ont été arrêtés par les rebelles.
Renforts pour Kadhafi
"Les possibilités d''une sortie en douceur pour Kadhafi s''amenuisent d''heure en heure", a dit Achour Chamis, journaliste et activiste d''opposition en exil au Royaume-Uni. "Je pense qu''on ne lui dit pas tout ce qui se passe. (Son fils) Saïf al Islam est celui qui mène la lutte en son nom."
La télévision d''Etat a montré dans la nuit Saif al Islam s''adressant à une assemblée de jeunes. "Nous ne nous rendrons jamais, ni ne brandirons le drapeau blanc, c''est impossible", a-t-il dit.
On ignore où se trouve Mouammar Kadhafi actuellement.
Selon un rebelle de Tripoli, les forces de sécurité de Kadhafi ont placé des tireurs embusqués sur les toits des immeubles entourant son "bunker" de Bab al Azizia, et au sommet d''un château d''eau attenant.
Ce combat pour des positions sur les toits augure de nouveaux combats dans la nuit de dimanche à lundi.
"Les forces de Kadhafi reçoivent des renforts pour passer la capitale au peigne fin", a dit ce rebelle.
La télévision officielle libyenne diffuse des messages ordonnant aux habitants de ne pas laisser les rebelles se cacher sur leurs toits et de prévenir les autorités.
Les capitales occidentales restent prudentes sur le sort de Mouammar Kadhafi.
"Il est clair que Kadhafi n''est pas ancré dans la réalité (...) et qu''il n''est pas personnellement intéressé par la fuite ou la négociation", a dit Alastair Burt, secrétaire d''Etat au Foreign Office, à la BBC.
"Mais ceux qui l''entourent continuent à faire défection (...) Cette tension montre que ceux qui entourent Kadhafi savent ce qui se passe. On ne peut qu''espérer qu''ils lui passent le message", a ajouté Burt.
Un haut responsable de la Maison blanche à Washington estime que "si jamais Tripoli tombe aux mains de rebelles, les options déjà limitées qui se présentent à Kadhafi vont encore se réduire".
(Source : Reuters)
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