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L’Espérance-Trébuchet : La misère en héritage

12 novembre 2013, 10:23

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L’Espérance-Trébuchet : La misère en héritage

L’Espérance-Trébuchet : La misère en héritage

 

Ce qui ne tue pas rend plus fort… Sept familles qui squattent les terres de l’État depuis une trentaine d’années à l’Espérance-Trébuchet, l’ont appris de la manière forte, menant un combat acharné pour sortir de la misère.

 

La pauvreté, ils la connaissent depuis trente ans. Pourtant, la plus grande crainte de ces squatters vivant à l’Espérance-Trébuchet est de devoir faire subir à leurs enfants le même sort. Cette misère est la seule condition qu’ils connaissent : elle est leur seul héritage et se transmet de génération en génération. Car si plusieurs demandes ont été faites auprès des autorités, ces dernières se bornent à rendre une visite, puis disparaissent.

 

Ces familles vivent depuis des années dans l’espérance. Sans jeu de mots douteux. Ils sont tous réticents à bouger de ces terres qu’ils occupent. Ce qu’ils souhaitent, c’est un minimum de considération des autorités à leur égard. Ce qui se traduirait par l’eau courante et l’électricité pour commencer. Car ici, le soir venu, la majorité d’entre eux vivent à la lueur d’une bougie.

 

L’un des conseillers du village explique que la National EmpowermentFoundation (NEF) s’était déplacée l’année dernière pour faire un constat de la situation. Entre-temps, les familles attendent toujours que cela ne se transforme en actions concrètes.

 

« Pena manze »

 

Devenue mère très jeune, Ashvina Padiachy élève, à 19 ans, deux enfants en bas âge, âgés de deux mois et de deux ans respectivement. Son compagnon travaille dans la scierie de la localité et gagne Rs 4 000 chaque quinzaine. Dans une pièce en tôle et en bois se trouvent un lit, un berceau rempli de vêtements et une plaque à gaz. «Ena kout pena manze.Herezmen mo enkor alet motibaba», confie la jeune mère.

 

Dans une des maisons se trouvant à côté, l’on rencontre Rajeshwaree Seebuluck qui, à 47 ans, vit dans la même situation. La pension de Rs 2 400 qu’elle reçoit est à peine suffisante pour assurer sa survie, d’autant plus qu’elle vit avec sa fille de

16 ans et son fils de 20 ans, pour lesquels elle se sacrifie. «Mo tifi inn resi ariv danForm IV me li bien difisil pouavoye li lekol.» Sa case en tôle abrite une seule pièce dans laquelle deux lits occupent la presque totalité de l’espace.

 

Au sol, un morceau de bois sur lequel Rajeshwaree installe un matelas. La petite case en tôle de Sohorye Dooboo se perd parmi les plantes d’un jardin où percent quelques fleurs. Passionné de jardinage, il passe ici le plus clair de son temps, d’autant plus que sa maison est un vrai capharnaüm. Sa femme et lui y vivent seuls, sans enfants. Sa femme est employée comme bonne et gagne seulement Rs 1 500.

 

Chez eux, il y a à peine de la place pour circuler. «Mo lakaz enn panie perselamoitie lakaz la coule», explique notre interlocuteur, indiquant les tapis qu’ils ont installés sur le sol pour éviter de trébucher. «Nourempli drom kot voizin dandimans, nou begn ar sa memek nou lav linz, parfwa nepliena delo pou begne.»  Forcé de choisir entre s’alimenter ou se doucher…

 

Nombreux d’entre eux cuisinent au feu de bois, n’ayant pas les moyens de s’acheter du gaz.

 

Dénuement

 

Un peu plus loin, une vision consternante : Vanita Rajkumar et son mari Gookul Pradeep vivent dans le dénuement total depuis 27 ans, avec leur fille Preety, aujourd’hui mère d’une fillette de cinq ans. Ils n’ont que leur toit sur la tête. Un lit et un matelas sont les seules choses que l’on y trouve. À l’extérieur, leur dîner – du riz et des aubergines – cuit lentement sur le feu.

 

Leur situation précaire ne leur permet pas de penser à l’avenir. À l’Espérance-Trébuchet, ces sept familles vivent au jour le jour… avec pour seul rempart l’espoir d’une vie meilleure…