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Letiket : à bas le «noubannisme » !

25 juillet 2013, 00:00

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Letiket : à bas le «noubannisme » !

L’étiquette,non pas celle qu’on retrouve sur les produits des supermarchés, mais bien celle qui nous colle à la peau, qui nous poursuit jusqu’à la tombe. C’est autour de celle-là que Gaston Valayden a conçu sa pièce qui ne pouvait s’intituler autrement. L’oeuvre mise en scène par Marcel Poinen et jouée par Gaston Valayden lui-même a été présentée jeudi soir, 25 juillet, au théâtre Serge Constantin à Vacoas.

 

C’est un Gaston Valayden au mieux de sa forme qui s’est surpassé en nous entraînant dans un one-man show profond et audacieux. Il a fait, au travers de divers personnages, une satire dramatique de notre société. Letiket est un cri de l’homme à être considéré comme tel, une revendication du droit à la parole, à être un Mauricien à part entière, à la liberté d’expression.

 

La mise en scène, premier essai de Marcel Poinen, est à saluer. Lumière et son ont été utilisés de façon remarquable. Quant à la présence des autres membres de la Trup Sapsiway – mêlés au public –, elle a été un plus non négligeable. Le comédien transgresse les barrières de la scène et intègre l’assistance. Le théâtre ne peut-il être un art de proximité ? Scène et public se retrouvent au final à ne faire qu’un pour jouer cette vie qui n’est après tout qu’une géniale mise en scène.

 

La vie de Jayasouryen Gaetansamy est un refl et de la nôtre. Né d’un père tamoul et d’une mère créole, il est partagé entre les deux communautés avant même sa naissance. Son nom est la première étiquette qu’il devra subir. S’enchaîneront bien d’autres qui trouvent leurs racines dans la religion, la politique… Il devient un démon, un «rawan», un païen. Ses amis, ceux avec qui il a grandi, dont «Amit,lascar dilo», «Suraj gros malbar» et «Michel gros nation», se retournent contre lui et veulent sa mort. Il rejette le «nou-bannisme», se disant avant tout humain. On le décrète fou. Encore une étiquette.

 

L’étiquette, celle que nous impose la famille, la société en passant par l’enseignant, l’homme d’Eglise et les politiciens, est mise à nue. Passant en revue l’histoire politique de Maurice, le comédien n’a pas hésité à dire tout haut et ce, en des mots crus, ce que d’autres pensent tout bas. Gifl ant cette politique qui divise plus qu’elle n’unit. Mettant en lumière «enn l’indepandans malsin kinn fer enn ta morisien kit pays ale, morisien mefie morisien».

 

Gaston Valayden décortique ce quadricolore qui ne se mélange jamais. Letiket nous interpelle et nous appelle à détruire le «nou-bannisme» pour qu’enfin puisse vivre l’homme… libre.

 

La reprise de Letiket est programmée pour le samedi 10 août à 20 heures, au théâtre Serge Constantin, à Vacoas.