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Lindley Couronne : « Je pars sans regret »

19 janvier 2012, 11:51

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Le directeur en partance d’Amnesty Maurice estime qu’il est préférable de partir « lorsqu’une personne a passé un certain temps au sein d’une institution ».

? Vous quittez «Amnesty International Maurice» (AIM) à la fin de février prochain, dans des circonstances confuses. Comment expliquer cela ?

Comme dans toute organisation, les dirigeants ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde. Pour ma part, je préfère partir pour permettre à l’institution qu’est AIM de poursuivre son travail dans la sérénité. Sans moi, il est vrai mais AIM est au-delà des personnes, des individus. Parfois, c’est préférable, lorsqu’une personne a passé un certain temps au sein d’une institution, de partir. Il faut d’autres visions, d’autres points de vue. C’est peut-être même salutaire pour l’organisation.


? Quels sont les motifs de satisfaction de votre passage à AIM ? 

Une de mes plus grandes satisfactions, c’est que nous avons pu mettre AIM sur la carte de Maurice. Nous avons oeuvré à consolider son identité. Il y a quatre ans, nous avions conduit un mini-sondage. Il s’était avéré qu’AIM avait une image plutôt floue. Depuis, nous avons travaillé à rectifier cela. Dans le même souffle, nous avons mis les droits humains sur l’agenda des citoyens lambda. Notre journal Dime a grandement permis de nous faire gagner en visibilité. Dans notre plan stratégique qui date de quelque quatre ans, il était question de construire une identité dans la République de Maurice. En toute modestie, je crois que nous sommes parvenus à réaliser cet objectif à 70-75 %. Il y a désormais une conscience nationale sur les droits humains.

? Que reste-t-il à faire pour justement promouvoir les droits humains à Maurice ?

Il y a une culture des droits humains mais nous avons encore du chemin à parcourir. Cela sera le cas aussi longtemps que des problématiques perdureront. Par exemple, tant que les lesbians, gays, bisexuals and transgenders souffriront encore d’une mauvaise perception. Par contre, le seul fait qu’on a eu des Gay prides dans un esprit de relative tolérance témoigne d’une avancée. Sur certains dossiers, nous avons fait un bout de chemin dans le bon sens,comme celui sur les travailleurs migrants. Il en est de même pour les questions liées aux droits des femmes, des enfants et sur celle du VIH-sida. Ce ne sont bien sûr pas les seuls résultats des actions entreprises par AIM, mais ceux de l’ensemble de la société civile.

? Avez-vous des regrets en quittant AIM ?

Non, je ne fonctionne pas dans les regrets. Je fonctionne dans le présent. Je pars sans regret. Je suis satisfait des réalisations de toute une équipe. Je salue cette formidable équipe sur laquelle j’ai toujours pu compter même lorsque je suis passé par des problèmes personnels. Evidemment, tout n’a pas été parfait notamment au plan de la consolidation des structures.

? Comment désormais entrevoyez-vous votre avenir ?

Je pense à la création d’une nouvelle ONG qui permettra de consolider les droits humains à Maurice et dans la partie sud-ouest de l’océan Indien. Je crois qu’il y a un espace pour cela et cette thématique a toujours été mon cheval de bataille. Il est sûr que, si cela se fait, je travaillerai en collaboration avec Amnesty International. J’estime qu’il faut poursuivre ce travail au niveau des droits humains. Sur le plan régional, il y a des projets de formation qu’on peut mettre en place. Je réfléchis dans cette direction.

? Vous avez souvent pris position publiquement sur des sujets d’actualité chauds. Allez-vous continuer à le faire ?

Certainement. Je ne suis pas du genre à seulement entretenir mon jardin. Je n’ai pas le tempérament pour cela. La République de Maurice a besoin de citoyens qui disent haut et fort leurs convictions. Une République digne de ce nom a besoin qu’on respecte les droits humains.

Propos recueillis par Nazim ESOOF
(l’express iD, jeudi 19 janvier)