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L'opposition ukrainienne se dit prête à défier les balles

23 janvier 2014, 08:08

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L'opposition ukrainienne se dit prête à défier les balles

 

Les chefs de file de la contestation en Ukraine ont demandé mercredi à leur partisans réunis sur la place de l'Indépendance ("Maidan") à Kiev de se préparer à une intervention de la police après l'échec de discussions avec le président Viktor Ianoukovitch.
 
Emus après une nuit d'affrontements avec les forces de l'ordre ayant fait trois morts dans les rangs des manifestants, dont deux tués par balles, les trois dirigeants de l'opposition ont accusé le chef de l'Etat de rester sourd à leurs revendications et ils se sont dit prêts à défier les balles de la police.
 
"La police se prépare à nous chasser de 'Maidan'," a lancé l'ancien boxeur Vitali Klitschko, chef du parti libéral Udar, en exhortant la foule à rester toute la nuit sur la place pour la défendre. "Demain, si le président ne répond pas (...), alors nous passerons à l'offensive."
 
La foule l'a bruyamment approuvé lorsqu'il a déclaré: "Si je dois descendre (dans la rue) sous les balles, j'irai sous les balles."
 
A ses côtés, l'ancien ministre de l'Economie Arseni Iatseniouk a tenu un discours similaire en évoquant les deux manifestants tués par balles, malgré les propos du Premier ministre, Mikola Azarov, assurant que la police ne possédait pas d'armes à feu. La troisième victime est décédée en tombant du toit du stade de football du Dynamo, proche du lieu des affrontements.
 
"Je ne vivrai pas dans la honte. Demain, nous avancerons ensemble. Si je dois recevoir une balle dans le front, qu'il en soit ainsi. Ce sera un acte honnête, juste et courageux", a dit Arseni Iatseniouk.
 
Ce dernier et Vitali Klitschko sont les porte-voix de la contestation avec l'ultranationaliste Oleh Tiahnibok.
 
DIZAINES D'ARRESTATIONS
 
Les trois décès survenus depuis mardi soir sont les premiers liés aux manifestations organisées depuis novembre par l'opposition. Cette dernière est mobilisée depuis le refus de dernière minute de Viktor Ianoukovitch de signer un accord d'association et de libre-échange avec l'Union européenne au profit d'un rapprochement avec la Russie.
 
Les événements ont pris un tour violent dimanche après un rassemblement de masse auquel avait appelé l'opposition pour protester contre une nouvelle législation visant à empêcher toute forme de protestation contre le gouvernement.
 
Les violences de mercredi dans le centre de Kiev, sans précédent dans l'histoire récente du pays, ont transformé le quartier des administrations et des ministères en zone de guérilla urbaine. Certains manifestants, ignorant les appels au calme des chefs de file du mouvement, ont attaqué les forces de l'ordre avec des cocktails Molotov et des pavés.
 
La police anti-émeutes, la Berkout, a riposté par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes et elle a chargé des manifestants à plusieurs reprises.
 
Le chef de l'Etat s'est jusqu'à présent refusé à limoger le gouvernement Azarov ou à sanctionner le ministre de l'Intérieur pour la répression policière, comme le réclame l'opposition.
 
Cinquante personnes ont été arrêtées dans la nuit et 29 d'entre elles inculpées de participation à une manifestation de masse, rapporte la police, qui parle de 167 blessés dans ses propres rangs. Aucun chiffre n'était disponible dans l'immédiat sur le nombre de civils blessés.
 
"TERRORISTES"
 
Les discussions directes organisées mercredi entre Viktor Ianoukovitch et ses opposants constituent la première véritable tentative de parvenir à une issue négociée à la crise.
 
Avant cette rencontre, le chef de l'Etat a invité la population à ne pas céder aux appels des "radicaux" et a déclaré dans un communiqué: "Je suis contre le bain de sang, contre l'usage de la force, contre l'incitation à la haine et à la violence." 
 
Son Premier ministre a en revanche tenu un discours de fermeté en qualifiant les manifestants de "terroristes" et de "criminels".
 
A Washington, une porte-parole du département d'Etat, Marie Harf, a condamné les violences et "les attaques ciblées contre les journalistes et les manifestants pacifiques".
 
Elle a imputé la dégradation de la situation à Kiev aux mesures antidémocratiques prises par le pouvoir mais aussi aux actions d'un groupe d'extrême droite, Pravy Sektor.
 
Pour sa part, l'Union européenne a appelé à un "véritable dialogue". "L'annonce de la mort de plusieurs manifestants est source d'une vive inquiétude", a dit la porte-parole de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
 
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a prévenu que l'UE pourrait prendre des mesures contre l'Ukraine.
 
A Paris, le président François Hollande a exprimé sa "très vive préoccupation" en conseil des ministres et déploré les affrontements en appelant au respect des droits de l'homme.
 
Avec Natalia Zinets; Danielle Rouquié, Marc Angrand, Guy Kerivel, Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey