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Ludovic Lagesse : Regard scientifique sur le tourisme
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Ludovic Lagesse : Regard scientifique sur le tourisme
Le «Chief Operating Officer» de Trimetys analyse la situation dans le secteur touristique à la lumière de ses années d’études et d’expérience à l’étranger.
Il ne mâche pas ses mots. «Notre industrie touristique doit se réinventer», lance avec conviction Ludovic Lagesse, président d’une sous-commission de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) comprenant des opérateurs d’hôtels de moins de 60 chambres, dits Small & Medium Hotels. Notre interlocuteur n’hésite pas à porter un regard critique sur une industrie qui a, selon lui, perdu de son éclat face à la crise.
Le professionnel du tourisme qu’est Ludovic Lagesse est d’avis qu’il est grand temps de revoir la stratégie adoptée dans ce secteur, afin de redorer son blason. Et d’ajouter que «tous les stakeholders doivent pouvoir s’asseoir autour d’une table et dégager une stratégie plus claire,voire une image cohérente en vue de poursuivre la mission qui est la nôtre».
Des commentaires qui reposent sur une riche expérience, à la fois académique et professionnelle, acquise dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme. C’est à l’institut Vatel de Nîmes, en France, que Ludovic Lagesse obtient un BSc in Hospitality Management dans un premier temps. Passionné par cette filière, il approfondira ses connaissances en optant, juste après, pour une licence en tourismologie de l’université de Perpignan, toujours en France. En 2002, lorsqu’il termine ses études, le jeune homme a toutes les cartes en main pour faire son entrée sur la scène hôtelière.
Petits et moyens hôtels
C’est au Luxembourg qu’il fera ses premières armes. De 2002 à 2008, Ludovic Lagesse travaille pour le groupe «Le Royal», une chaîne hôtelière qui compte cinq établissements internationaux. Il y occupera diverses fonctions, passant de Chef Steward à Banquet Manager et enfin Food & Beverage Manager. Impressionné par son engouement pour le métier, le groupe sollicitera même ses compétences en tant que consultant.
«Cela m’a permis de partager mon savoir avec les établissements du groupe, dont les hôtels implantés au Liban et en Jordanie», confie-t-il. Autant d’expériences qui lui ont offert une ouverture sur le monde et une possibilité de consolider ce qu’il a acquis sur les bancs de l’université. Son métier, affirme-t-il d’ailleurs, se joue sur le terrain.
En 2008, quand Ludovic Lagesse regagne Maurice, il est bien décidé à se faire une place au soleil dans son secteur de prédilection. Il est alors embauché comme Chief Operating Officer (COO) au sein du groupe Trimetys pour lequel il travaille toujours. Ce groupe possède plusieurs fleurons de l’hôtellerie à Maurice, Rodrigues et bientôt à l’île de La Réunion, dont : Sakoa Boutik Hotel, Soleil Océan, Tecoma Boutik Hotel et dans peu de temps, Be Cosy Apart Hotel.
En tant que porte-parole des opérateurs d’hôtels de moins de 60 chambres, le COO de Trimetys fait remarquer que «les coûts que nous fixons sont peut-être moins élevés que ceux des grandsétablissements, mais la taillede nos hôtels ne nous épargne surtout pas les difficultés auxquelles sont confrontés les plus gros opérateurs de l’industrie.Par contre, les spécificités de ce segment petits et moyens hôtels demandent quelquefois une tout autre approche, voire des solutions taillées sur mesure».
Pour illustrer son propos, Ludovic Lagesse indique que depuis la crise, les petits et moyens hôtels sont concurrencés par les plus grands établissements. «Les grands hôtels ne s’alignaient pas dans le passé surles mêmes prix que les nôtres,explique-t-il. Et lorsqu’ils abaissent aujourd’hui leurs prix en saison morte pour braver la crise, nous avons du mal à rester dans la compétition».
Pour ne pas arranger les choses, poursuit le professionnel, la compétition régionale va croissant alors qu’au niveau du transport aérien, les tarifs n’attirent plus autant de touristes car ils restent aussi élevés en haute saison qu’en basse saison. Afin de donner un nouveau souffle à cette industrie en perte de vitesse, Ludovic Lagesse n’y va pas par quatre chemins : «Le temps presse,affirme-t-il, et il nous faut doper la croissance touristique en trouvant des solutions, dont une stratégie intelligente et rapide afin de consolider la donne. Dans ce contexte, une remise en valeur du patrimoine mauricien s’impose ; de notre culture aux multiples facettes qui représente un monde à la croisée des mondes…» Selon lui, l’objectif des 2 millions de touristes en 2015, fixé depuis les Assises du tourisme en 2006, mérite d’être reformulé le plus clairement possible et ce, collectivement, si l’on souhaite obtenir de meilleurs résultats.
Face à ces énormes défis, le jeune COO de 34 ans trouve-t-il encore du temps à consacrer à sa famille et notamment à ses deux enfants ? «L’équilibre est toujours précaire», sourit-il.
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