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Madagascar : Bras de fer en vue à Addis-Abeba

29 octobre 2009, 00:00

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La réunion d’Addis-Abeba pourrait ne pas être une formalité pour les mouvances. La répartition des sièges au sein du gouvernement reste un sacré morceau.
 
L''''ancien président Marc Ravalomanana n''en démord pas. Auteur du choix d''Addis-Abeba après avoir refusé de se rendre à Genève, il honorera cette fois le rendez-vous concocté par le Groupe international de contact (GIC) mais il n''a pas l''intention de céder un pouce de terrain à son rival juré.

«Je vais aller à Addis-Abeba, mais ce ne doit pas être un jeu de poker menteur où les cartes sont déjà distribuées», a-t-il déclaré à l''AFP à Johannesburg. L''ancien président conteste tout ce qui a été décidé le 6 octobre au Carlton où les représentants de sa mouvance avaient accepté les décisions prises. «Ce n''est pas aux chefs de délégation de désigner les postes-clés de la Transition», a-t-il souligné pour signifier qu''il remet en question les postes de président, vice-président et Premier ministre attribués le 6 octobre. Et il affirme avoir eu l''assurance de Jean Ping, président de commission de l''Union africaine.

«Dimanche soir, j''ai rencontré Jean Ping, il a reconnu qu''il n''y avait pas de signature sur le communiqué du 6 octobre», a-t-il souligné.

Ravalomanana compte ainsi mener la vie dure à tout le monde en général, à Andry Rajoelina en particulier. «La mouvance Ravalomanana n''acceptera jamais la nomination d''un auteur de coup d''État à la tête de la transition. Je vais aller à Addis-Abeba pour rebattre les cartes», a-t-il annoncé. Il compte reprendre les débats depuis le début. «Je suis le président élu démocratiquement, mais je n''ai pas de représentant dans les trois postes les plus importants. Ce n''est pas normal», rappelle-t-il.

Le décor est ainsi planté. Ravalomanana jouera les croque-mitaine à Addis-Abeba.

Du côté de la mouvance Rajoelina, on s''apprête aussi à faire face à toutes les éventualités sauf la remise en cause de ce qui a été décidé au Carlton le 6 octobre.

«Il n''est plus question de revenir sur la présidence de la transition», a affirmé Ny Hasina Andriamanjato qui devrait être le chef de délégation de la mouvance Rajoelina, au sortir d''un entretien avec Ablassé Ouedraogo, émissaire de l''Union africaine avant-hier au Carlton. «Il faut penser à la mise en place des autres institutions de la transition et la répartirion des sièges au sein du gouvernement», renchérit un autre membre de la mouvance. Mais la mouvance Rajoelina ne se rendra pas dans la capitale éthiopienne avec une calculette. «Il ne s''agit pas d''un partage de gâteau qu''il faut diviser à parts égales», souligne un membre de l''entourage du président de la Transition. «Nous exigeons des principes dans la clé des répartitions. Il faut respecter certaines valeurs morales et éthiques concernant les personnes étant donné qu''on veut instaurer le changement», poursuit le même interlocuteur. Une allusion toute faite à ceux qui traînent des casseroles depuis les régimes successifs.

La mouvance Rajoelina compte également sur la mise en place d''une transition stable, ainsi qu’une vision de la gouvernance.

«On ne pourra rien bâtir sans stabilité, dans laquelle la population peut produire pour relancer l''économie», recommande un proche du président de la transition. Une insinuation à une équipe soudée autour de son chef.

Papy birthday

La bande à Ratsiraka ne l''entendra pas de cette oreille là. Addis-Abeba, il connaît pour avoir marqué certains sommets de l''OUA de ses tonitruants discours. Pour cette expédition l''amiral compte ramener le plus beau cadeau d''anniversaire de sa vie pour ses 73 ans qu''il célébrera le 4 novembre. Au mise au vert à Paris avec son équipe depuis quelques semaines, Ratsiraka ne sera pas une victime expiatoire. Loin s''en faut. Le fait d''avoir remis en selle son dernier Premier ministre Tantely Andrianarivo, qui figure dans sa délégation, dit tout. Le concerné a des comptes à régler à Ravalomanana qui l''avait condamné. Et s''il est du voyage, ce n''est certainement pas pour faire une villégiature ni pour redevenir Premier ministre. Il viserait à n''en pas douter, un poste beaucoup plus important dans l''optique des élections, finalité de cette transition.

Seule la mouvance Albert Zafy n''affiche pas ouvertement ses prétentions. Il est vrai que les deux plus importants leaders sont déjà casés. Il ne faut donc pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Ceci dit, elle luttera pour les accessits pour placer quelques partisans actifs comme Régis Manoro, Yves Razanamasy entre autres.

Autrement dit Addis-Abeba ne sera pas une partie de plaisir comme l''aurait été Genève et son lac.
 
Sylvain Ranjalahy
(Source : L’express de Madagascar)

 

Lexpress de Madagascar