Rebondissement dans l''''affaire de la feuille de route. A priori, le document paraphé par des dirigeants de partis merdredi, pourrait ne pas être la version finale.

L''élaboration de la feuille de route n''est pas un long fleuve tranquille. L''équipe de médiation de la Communauté de développement de l''Afrique australe (SADC) ne ferme pas tout à fait la porte à d''autres modifications éventuelles, bien que huit des onze entités politiques qu''elle a définies, ont paraphé le document.  « En politique, il est toujours possible d''atteindre des niveaux croissants de perfection », laisse entendre Leonardo Simao, émissaire de la SADC après la cérémonie de mercredi  à Ivato.

L''ancien ministre des Affaires étrangères mozambicain répond ainsi à la question relative à une autre possibilité d''amendements de la feuille de route.  « L''idée est que toutes les forces politiques participent et que celles qui ont déjà signé la feuille de route acceptent les propositions d''autres groupes. Ce serait très bien pour la médiation », explique-t-il.

Le diplomate mozambicain réagit à la position adoptée par la mouvance Ravalomanana. Si les partisans des deux anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy ont décidé de boycotter la cérémonie, il n''en est pas de même pour la mouvance Ravalomanana. Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation par intérim, accompagné de quelques autres membres de l''entité, a été à Ivato. Bien qu''il n''ait pas paraphé le document présenté par l''équipe de médiation, il a signé « la feuille de soutien » au processus.

Leonardo Simao explique la démarche, compliquée. « Ils, membres de la délégation de la mouvance Ravalomanana, ont signé une déclaration de soutien au processus. Ils vont signer sous réserve et présenter les amendements qu''ils voulaient voir dans le document », indique-t-il. « Nous verrons ce qu''ils présenteront comme contre-proposition ou même proposition (...) Leur présence ici signifie qu''ils sont d''accord avec la ligne générale », poursuit-il.

Le camp Ravalomanana souhaite réviser « les pouvoirs exorbitants qui sont donnés au président de la Transition », selon Mamy Rakotoarivelo. Il insiste sur la tenue d''un sommet des chefs de file élargi pour discuter, entre autres, de la clé de répartition ou de la nomination du Premier ministre.

Les partisans du régime  contestent d''une manière vigoureuse la tournure des événements. « La feuille de route n''est plus amendable sinon il ne sert à rien de la parapher », défend Pierre Houlder Rakotoarimasy, membre du Conseil supérieur de la transition et conseiller spécial de Andry Rajoelina, président de la Haute autorité de la transition. « Le paraphe intervient après et non avant les discussions. De toute façon, il n''est pas possible de revenir tout le temps à la case départ », ajoute-t-il.
En tout cas, Leonardo Simao a déjà esquissé le circuit qu''empruntera la feuille de route. « Nous allons soumettre le document à la direction de la SADC qui approuvera, et après il y aura la cérémonie formelle de la signature », indique-t-il. Il ne confirme pas cependant la date du 18 mars prévue pour la réunion de la Troïka, l''organe chargé de la coopération en matière de politique, défense et sécurité du bloc économique régional.

L’Express de Madagascar, 10 mars 2011.