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Madagascar : des organisations œuvrent pour une représentation plus juste des femmes en politique
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Madagascar : des organisations œuvrent pour une représentation plus juste des femmes en politique
Les femmes dans notre région de l’océan Indien veulent se faire davantage entendre des politiques et même s’affirmer dans ce domaine pratiquement exclusivement masculin. Alors que Women in Politics (WIN) à Maurice s’est engagé depuis cinq ans déjà dans ce combat, à Madagascar, les choses semblent bouger également.
Notre consœur Lova Rabary-Rakotondravony  a rencontré Brigitte Rasamoelina et Yvette Sylla, deux femmes ayant adopté des approches politiques différentes à Madagascar. La première a fondé un parti politique alors que la seconde a transformé son organisation en association. Mais les deux songent à se présenter aux élections de novembre prochain. Elles savent pertinemment bien que ce ne sera pas une voie facile pour elles. «Nous devrons nous montrer déterminées et donner des preuves de nos capacités», font-elles ressortir chacune de son côté. «Il y a encore peu de femmes au niveau des instances de prise de décision. Les hommes ne sont pas prêts à partager le pouvoir», ajoute Brigitte Rasamoelina.
A Madagascar, le monde politique est toujours dominé par les hommes. Des 32 membres du conseil des ministres, cinq seulement sont des femmes. La Haute autorité de transition, l’instance instituée après la prise de pouvoir d’Andry Rajoelina en mars 2009, comporte trois femmes seulement sur 41 membres. Aucune des 22 régions administratives de la Grande île n’est dirigée par une femme, alors que sur 1 560 municipalités, seulement 67 ont une femme à leur tête.
La situation était à peine meilleure sous le gouvernement de l’ex-président Marc Ravalomanana. Avant de créer sa formation, Brigitte Rasamoelina était membre du parti Tiako i Madagasikara et a été maire d’une communauté rurale de 2002 à 2007. Mais alors qu’elle était membre de parti, elle a toujours «été rejetée au profit des hommes malgré ses compétences administratives».
«Peu de femmes étaient à la tête des formations politiques», précise-t-elle. Et d’ajouter : «Et ce n’était dû au manque de compétences, de volonté ou de valeurs.»
En tant que présidente de l’Association des femmes maires, pendant quatre ans, Brigitte Rasamoelina dit avoir rencontré «des femmes qui avaient beaucoup de compétences». «Le seul problème, était que le rejet du monde politique qui les rend hésitantes à s’engager». []]…]
De son côté, Yvette Sylla a décidé de ne pas enregistrer son mouvement politique Madagasikara Mandroso (qui veut dire «Mère - Madagascar Développement») comme un parti politique, optant pour un statut légal d’association. «Nous ne voulons pas nous trouver dans le même camp que les partis politiques parce que les gens en ont assez de ceux qui utilisent la politique à des fins personnelles.»
Cependant, Brigitte Rasamoelina a décidé de nomme son parti Ampela mpanao politika (AMP – Femmes en politique). «Les femmes seront plus rassurées si elles entent qu’avec nous, elles seront prises en compte avec plus de justice», ajoute-t-elle, avant de préciser : «En seulement six mois, nous avons déjà émis 5 000 cartes d’adhésion.»
Yvette Sylla hésite à révéler le nombre d’adhérents de son association, créée en mars 2010. «Nous avons moins de femmes que d’hommes», dit-elle, et d’ajouter : «Leurs responsabilités au foyer les empêchent peut-être de s’engager.»
Toutefois, Yvette Sylla et Brigitte Rasamoelina soutiennent les organisations féministes qui militent pour l’égalité des genres à Madagascar avec l’objectif d’augmenter la participation des femmes en politique. «Si nous devons attendre un changement de mentalité, les femmes seront exclues du pouvoir pendant encore longtemps. Nous devons légiférer et je suis le travail effectué par les militants et soutiens activement les pétitions», ajoute Yvette Sylla,
La formation de Rasamoelina a soumis une ébauche d’une loi sur la parité au Comité consultatif constitutionnel, l’instance créée pour recueillir les propositions des citoyens pour l’élaboration d’une nouvelle constitution malgache.
«Le précédent président a signé le protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, qui demande que 30% de postes de responsabilité soient occupés par les femmes d’ici 2012 à et 50% à 2015. Mais puisque le Parlement n’a pas encore ratifié ce protocole, et puisque nous n’avons plus de corps législatif depuis mars 2009, cela doit devenir une nécessité constitutionnelle», déclare-t-elle. Même si la parité devenait une obligation légale, Yvette Sylla et Brigitte Rasamoelina ne comptent pas s’arrêter là.
«Il y aura un cadre légal, mais les femmes devront encore prouver qu’elles méritent les responsabilités qu’on leur confie», estime Brigitte Rasamoelina. «Elles ne devraient jamais arrêter de donner des preuves de leurs compétences», ajoute Yvette Sylla. []]…]
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