Nouvelle donne pour la feuille de route censée gérer la sortie de crise. L''''équipe de médiation de la Communauté de développement de l''Afrique australe (SADC) donne une version corrigée de quelques dispositions stipulées dans le document du 31 janvier.

La feuille de route révisée précise que  la loi d''amnistie «sera ratifiée par le Parlement de transition et aucune élection ne devrait avoir lieu avant cette ratification », indique le document signé le 16 janvier, accompagné d''une lettre de Joaquim Chissano, médiateur de la SADC, adressée aux acteurs politiques.

Selon le texte,  le «Premier ministre de consensus ne peut être originaire de la même province que le Président de la transition, ni être issu des acteurs politiques malgaches faisant partie de la majorité présidentielle ». D''emblée, cela pourrait exclure de fait l''actuel chef du gouvernement, ainsi que les candidats présentés par la mouvance Rajoelina.

La feuille de route révisée stipule par ailleurs que « le Président de la transition, le Premier ministre de consensus et les membres du gouvernement sont tenus de démissionner de leurs fonctions 60 jours avant la date du scrutin, s''ils veulent se porter candidats aux élections législatives et  présidentielles ».

Le texte confirme également les conditions du retour au pays de l''ancien Président : « Marc Ravalomanana ne devrait pas rentrer à Madagascar jusqu''à l''instauration d''un climat politique et de sécurité favorable dont l''appréciation relèvera de la compétence souveraine et exclusive du futur gouvernement à l''issue des élections».

De leur côté, les mouvances des trois anciens présidents (Opposition) veulent  utiliser le retour  manqué de Marc Ravalomanana, comme un moyen de pression pour réviser d’une manière profonde la feuille de route. « La présence de nos partisans à Ivato montre que nous restons incontournables dans la résolution de la crise », a commenté Mamy Rakotoarivelo, secrétaire général du Tiako i Madagasikara et chef de délégation par intérim de la mouvance Ravalomanana, dimanche. Il fait référence aux milliers de personnes venues attendre l’arrivée de l’ancien président à Ivato, samedi.

 « Les partisans du régime tentent de tromper l’opinion internationale en soutenant que nous n’existons plus. Avec ce qui s’est passé (ce samedi), la communauté internationale devrait réviser sa position pour ne plus insister sur la feuille de route dans sa forme actuelle qui donne la part belle à Andry Rajoelina – président de la Haute autorité de la transition (HAT)», soutient Régis Manoro, membre de la délégation de la mouvance Albert Zafy.

À entendre Andry Rajoelina, la signature de la feuille de route entre les parties malgaches devrait se faire cette semaine. Henri de Raincourt, ministre français de la Coopération, l’a confirmé au cours de son séjour à Madagascar. Mais les mouvances des trois anciens présidents réclament plus de temps pour renégocier la feuille de route après la démonstration de force du samedi.

Les pro-régime tentent, eux,  de minimiser la manifestation de samedi pour annihiler la contre-offensive des trois mouvances. « Ce n’est pas avec deux ou trois mille personnes qu’on va essayer de retarder le processus en cours. Il ne faut pas oublier que nous étions jusqu’à un million sur la Place de 13 mai, en 2009. Si nous organisons une  autre manifestation, cela pourrait rétablir la vérité sur les rapports des forces », rétorque Julien Reboza, secrétaire général de l’Union des démocrates et des républicains pour le changement, plate-forme de soutien d’Andry Rajoelina.

Les pro-régime campent sur leur position et insistent sur la signature de la feuille de route sans tenir compte des événements de samedi. « Il est temps d’avancer. Nous souhaitons que tout le monde participe à la transition. Dans le cas contraire, il faut passer à autre chose. Le peuple souffre trop », martèle Hery Rasoamaromaka, coordonnateur régional de l’association Tanora malaGasy Vonona.

(Photo : Marc Ravalomanana s’est présenté au comptoir de la compagnie Air Link ( en Afrique du Sud) dans l’espoir d’embarquer, samedi.)

(Source: L’Express de Madagascar, 21 février)