Revirement dans la décision de la SADC concernant Marc Ravalomanana. Le retour sans condition de l’ancien président a été effacé par une nouvelle décision de Tomaz Salomao.

Le secrétariat exécutif de la Communauté de développement de l''''Afrique australe (SADC) a adressé, à la date du 17 juin, une lettre aux entités politiques sur l''amendement de la feuille de route. Son contenu contredit celui des résolutions du Sommet de Sandton, en Afrique du Sud, les 11 et 12 juin. Ce qui n''aide pas à éclaircir la situation.

“ Les autorités de transition doivent créer aussitôt que possible les conditions pour le retour au pays de tous les citoyens malgaches en exil pour des raisons politiques, y compris Marc Ravalomanana. Ravalomanana ne pourra rentrer au pays qu''après l''instauration d''un environnement politique et sécuritaire favorable ”, écrit Tomaz Salomao, secrétaire exécutif de la SADC dans la lettre transmise, mardi, par l''équipe de médiation. Il demande aux autorités de la Transition de prendre les mesures qui s''imposent “ en conformité avec la loi et les normes internationales ”.

M.Salomao interprète les décisions du Sommet de Sandton. Il indique que les “ dirigeants de la SADC estiment que seul cet amendement serait instrumental pour assurer que le processus de transition ne semble exclure aucun acteur politique ”. Il pense également que les dirigeants du bloc économique régional ont “ remarqué que la meilleure façon de rendre opérationnelles ces décisions serait de modifier le paragraphe 20 de la feuille de route ” relatif au retour de l''ancien chef de l''État.

Le contenu de la lettre d''Augusto Salomao contredit le communiqué du Sommet des chefs d''État et de gouvernement en Afrique du Sud. Communiqué qui avait recommandé au régime de Transition de permettre à tous les exilés de “ retourner au pays sans conditions, y compris M. Ravalomanana ” après avoir “ entériné la feuille de route (...) après que les amendements nécessaires y auront été apportés ”. Non seulement, la missive du secrétaire exécutif de la SADC revient sur le retour de l''ancien président, mais il ne prévoit qu''un amendement.

Zone d''ombre
L''autre zone d''ombre concerne justement la raison d''être de l''amendement s''il revient au principe de la feuille de route paraphée, refusant tout droit de veto sur le texte. Une autre question reste en suspens et se rapporte au calendrier du retour de l''ancien président dans la mesure où les élections ne devraient se tenir que dans un environnement politique et sécuritaire favorable.

Pire, l''initiative du secrétaire exécutif de la SADC sème la confusion et ne satisfait pas les acteurs politiques. La mouvance Ravalomanana est la première à réagir en soulevant une “ contradiction par rapport aux décisions du Sommet de la SADC ”, selon Mamy Rakotoarivelo, chef de délégation. Ce dernier “ espère qu''il ne s''agit que d''une simple proposition ”.

À l''instar de Lanto Rakotomavo, secrétaire national du parti Tanora malaGasy Vonona, les partisans de Andry Rajoelina, président de la Transition, préfèrent jouer la carte de la prudence. “ Nous ferons part de notre position bientôt, car nous ne pouvons faire un commentaire qu''après avoir bien analysé la lettre ”, indique la vice-présidente du Conseil supérieur de la transition avec un brin de méfiance. Elle semble ressentir une difficulté à appréhender le fond exprimé par la missive. Surtout pour ce qui est du retour de Marc Ravalomanana, à cause de ses multiples interprétations possibles nées de la façon dont elle a été rédigée.

L''arrivée d''une mission de la SADC est attendue pour donner de plus amples informations sur la véritable position du bloc économique régional concernant le processus de sortie de crise. À moins qu''elle ne brouille un peu plus les cartes. Selon certaines sources proches du ministère des Affaires étrangères, sauf changement, l''émissaire de l''équipe de médiation, Leonardo Simao devait  débarquer avant la fin de la semaine.

(Source : L’Express de Madagascar, 22 juin 2003)