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Madagascar : le gouvernement snobe le Congrès

16 juin 2011, 20:00

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L''''équipe gouvernementale zappe le face-à-face entre les ministres et les membres du Parlement, préférant miser sur une offensive.

Le gouvernement a demandé, et obtenu, jeudi, l''annulation de la séance de questions-réponses entre ses membres et la chambre basse, moins de 24 heures après une même requête auprès de la Chambre haute.

Une lettre de la Primature a été lue lors d''une séance plénière du Congrès, jeudi. La missive demande le report du face-à-face entre le gouvernement et la Chambre basse, pour être reprogrammé après le 26 juin. La lecture de la lettre a provoqué des brouhahas dans la salle de séance, sans plus.

La veille, le gouvernement avait déjà formulé la même demande auprès du CST (Conseil supérieur de la transition). Selon des sources au courant du dossier, les déplacements des ministres en provinces auraient été évoqués, pour expliquer la requête.

Benja Urbain Andriantsizehena, vice-président du Congrès pour la province de Fianarantsoa, confirme cette thèse. « Les membres du gouvernement s''éparpillent dans toute l''île pour expliquer la situation du pays auprès de la population », soutient-il, et  pour contrer le retour de l''ancien président Marc Ravalomanana.  D''autres déplacements des ministres sont ainsi attendus dans les prochains jours. « En tout cas, c''est l''examen des projets de lois qui sont prioritaires pour nous et non la séance de questions-réponses », conclut le membre du bureau permanent de la Chambre basse.

Urgence
Le face-à-face entre le gouvernement et le Parlement est régi par des dispositions constitutionnelles. « Une séance par quinzaine au moins (...) est réservée aux questions des membres du Parlement et aux réponses du gouvernement », stipule l''article 102 de la Loi fondamentale votée le 17 novembre 2010. Si, le CST a pu organiser un face-à-face depuis le début de sa mise en place, ce n''est pourtant pas encore le cas pour la chambre basse.

Brigitte Rasamoelina, vice-présidente du Congrès pour la province d''Antananarivo, concède l''existence d''une matière à débattre sur la situation. « Il y a peut-être une urgence pour expliquer l''initiative. Il ne faut pas non plus oublier que nous sommes dans une transition. C''est peut-être la question de stabilité qui provoque ces contretemps », avance-t-elle.

La vice-présidente de la Chambre basse fait allusion aux résolutions du sommet de la Communauté de développement de l''Afrique australe, réclamant, entre autres, la restructuration des institutions transitoires et le retour de Marc Ravalomanana. « En tout cas, nous, au Congrès, sommes sereins et sommes toujours partants pour travailler. Pour preuve, l''examen d''une série de textes entre nos mains », avance-t-elle.

Mais l''attitude du gouvernement n''est pas toujours comprise au Parlement. « Comment se fait-il que le gouvernement annule, comme ça, l''ordre du jour voté en séance plénière par le Parlement ? », s''offusque un membre du Congrès. « C''est déjà le reflet de la prééminence de l''Exécutif sur le Législatif de la IVe République », prévient-t-il. Un autre membre du CST se demande des questions sur l''efficacité du choix des membres du gouvernement de se déplacer, « alors qu''ils disposent d''une opportunité de s''exprimer au cours des séances de questions-réponses, retransmises en direct dans les médias publics », remarque-t-il.

Photo : Le Premier ministre malgache lors d’une précédente séance de questions-réponses .
L’Express de Madagascar, 17 juin 2011.

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